La marche du temps est-elle une oeuvre des hommes ? (ou Humanité et Histoire)
Publié le 05/01/2011
Extrait du document

I – L’homme ne peut maîtriser le caractère insaisissable de l’histoire
II –Bien souvent l’histoire se déroule à l’encontre de la volonté des hommes
III – Cependant, l’histoire, histoire de l’homme, ne se fait pas sans celui-ci

«
Pour résoudre ces problèmes, il nous faut nous demander quelle est la signification que nous donnons à « hommes »quand nous nous demandons si les hommes font leur propre histoire.
S'agit-il de se demander si chaque homme fatson histoire, si tous les hommes font leur histoire, ou simplement si rien d'autre que l'humain ne participe à l'histoirede l'humanité ?
Proposition de plan :
Les hommes sont maîtres de leur histoire 1.
l L'histoire d'un peuple, c'est son passé, mais aussi ce qui, dans ce qui est fait au présent, détermineson avenir.
l Qui d'autre que l'homme lui-même, c'est-à-dire les hommes qui composent une société, peut faireson histoire ?
l On peut prendre l'exemple de la Révolution française : tout le peuple se soulève pour changer sonhistoire.
On peut se demander comment le peuple a pu agir collectivement pour prendre la bastille,pourquoi l'armée a retourné ses canons contre la bastille, etc.
l Mais, dans le cas d'une guerre, deux cas de figure se présentent :
1.
le pays est attaqué, et alors, il n'a pas vraiment d'autre solution que de faire une guerrequi peut changer le cours de son histoire (mais ses ressources, sa volonté de combattre oude collaborer, etc., sont ses caractéristiques propres, qu'il a élaborées dans son histoire,et qui déterminent, au moins en partie, l'issue de la guerre) ;
2.
ce n'est pas le peuple tout entier, mais quelques-uns qui décident de faire la guerre (dans le cas, cette fois, d'une guerre offensive).
Rousseau souligne, dans le Contrat social , II, 2, que la déclaration de guerre n'est pas un acte de souveraineté, c'est-à-dire un acteémanant de la volonté générale, de la société prise comme un tout, mais un acteparticulier qui, de ce fait, peut être décidé par le gouvernement, et, éventuellement, parune seule personne.
N'est-ce pas alors cette personne qui fait l'histoire de son peuple,c'est-à-dire sa propre histoire (l'histoire de cet homme), mais aussi l'histoire des autres, deceux qui n'ont pas pris la décision qui engageait leur histoire ?
Seuls quelques hommes font l'histoire 2.
l On peut alors se demander si ce ne sont pas seulement quelques hommes, des « grands hommes »,qui font l'histoire, tandis que les autres la subissent.
l On peut penser à l'exemple paradigmatique du grand homme : Napoléon.
l Nietzsche, dans la Seconde considération inactuelle , §9, parle d'une « république des génies », d'un « pont » de géants qui s'appellent à travers les siècles.
Seuls ces grands hommes peuventvraiment faire l'histoire, au sens où ils sont les seuls à pouvoir prendre des décisions importantesquand les circonstances sont réunies.
l Mais, précisément, et Nietzsche le souligne, ils ne peuvent pas faire l'histoire à eux seuls, il faut queles circonstances soient réunies pour qu'ils puissent agir en grands hommes.
Or la réunion de cesconditions, c'est la partie d'histoire qui échappe au grand homme, c'est celle qui est faite par lamasse des « pygmées » : « C'est à l'histoire qu'appartient la tâche de s'entremettre entre eux [lesgrands hommes], de pousser toujours ànouveaux à la création des grands hommes, de donner desforces pour cette création ».
l L'histoire serait-elle alors la combinaison de l'action des grands hommes et de l'action du peuple,aucun des deux ne maîtrisant totalement, ne faisant totalement l'histoire ?
L'homme d'action n'a qu'un espace limité d'action 3.
l Braudel, dans la préface de La méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, distingue trois types d'histoire :
1.
« La première met en cause une histoire quasi immobile, celle de l'homme dans ses rapports avec le milieu qui l'entoure ; une historie lente à couler (...), presque hors dutemps, au contact des choses inanimées »
2.
« Au-dessus de cette histoire immobile se distingue une histoire lentement rythmée : ondirait volontiers (...) celle des groupes et des groupements.
(...) les économies, les États,.
»
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