La lucidité peut-elle nous rendre malheureux ?
Publié le 05/12/2010
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C’est une qualité, état de ce qui est lucide, ou de celui qui voit les choses nettement, qui conçoit clairement les questions. La lucidité a des bons et des mauvais côtés, elle n'est pas un état permanent. Pourquoi être lucide ne permet pas d'être heureux? Car penser par soi-même fait que l'on se rend compte à quel point il est moins confortable de devoir se forger sa propre opinion, plutôt que de pouvoir laisser les autres penser à sa place et se rallier à leur point de vue. Découvrir que tout n'est pas rose comme les marchands de soupe de la télé aimeraient nous le faire croire est aussi une source d'insatisfaction, parce qu'on sait à quel point les dés sont pipés dans une société où soit disant chacun a sa chance.
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la définition du bonheur que nous donne Kant dans Fondement pour la métaphysique des m' urs : “un idéal, non de laraison, mais de l’imagination”.
Nous avons vu dans cette première partie pourquoi la lucidité qui n’est autre qu’une confrontation à la réalitépouvait être déroutante et amenait le plus souvent au malheur, c’est pourquoi rester dans l’insouciance amenait plusfacilement au bonheur.
Surtout qu’il est à noter qu’une fois que l’on a eu une prise de conscience de la dureté de lavie, il est difficile de s’en affranchir : la lucidité apparaît alors une contrainte au bonheur puisqu’elle empêche d’yaccéder.
Nous verrons dans ce second temps de notre réflexion que c’est la lucidité qui nous permet de parvenir à unbonheur véritable.
Tout d’abord, lorsque l’homme qui cherche son bonheur dans le maximum de satisfactionsexternes, allant de plaisirs en plaisirs est en fait dans le “divertissement”, thème que Pascal a traité dans sesPensées et montrant qu’en cherchant perpétuellement à se divertir,
L’homme veut en réalité fuir sa condition humaine (il n’est ici que dans le simple plaisir animal) or considérant lebonheur véritable comme la qualité de jouir de son être, nous voyons ici que l’homme décrit n’est que dans unbonheur trompeur.
Ensuite, le bonheur construit à partir d’illusions est aussi comme son essence nous l’indique :illusoire.
Les joies de l’illusion ne sont que superficielles, c’est qu’explique Descartes dans sa Lettre à Élisabeth : “jen’approuve point qu’on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses imaginations ; car tout le plaisir qui enrevient, ne peut toucher que la superficie de l’âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, ens’apercevant qu’ils sont faux.”
Conséquemment, “il vaut mieux être un peu moins gai et avoir plus de connaissance” : être moins gai ne signifie pasêtre moins heureux, au contraire la lucidité sera la condition nécessaire à un bonheur intense et véritable.
Il est vraique la lucidité crée en tout premier lieu des souffrances de l’âme, soit mais au lieu de vouloir les rejeter à tout prix, ilvaut mieux tenter de les comprendre.
Ainsi nos souffrances sont l’illustration de la grandeur de notre sensibilité.
Développer sa sensibilité, c’est aussi, accroître sa capacité à apprécier pleinement le bonheur.
Ainsi, nous n’auronspas une conception “négative” du bonheur en tant qu’ataraxie.
Si le bonheur était la simple absence de souffrance,il serait bien terne et monotone tandis que si nous passons auparavant par des épreuves de souffrances, la joie serad’autant plus intense après.
Ainsi, la lucidité apparaît comme une contrainte mais qui doit se surmonter pour accéderà un bonheur qui sera plus intense.
Être lucide, c’est avoir la capacité de conscience réflexive, ainsi lorsque noussommes heureux, nous prenons conscience de la valeur de notre bonheur bien plus que “l’imbécile heureux” qui nesait mesurer la chance ou non de ce qui lui arrive et ne vit en fait que dans la banalité.
De plus, la lucidité nous permet de clarifier certains points comme celui de notre finitude.
Certains diront que l’idéede mort paralyse et ne peut que nous rendre plus malheureux que nous l’étions mais en réalité, c’est la mortapprochante qui nous pousse à vivre le plus intensément possible.
C’est ce que Kierkegaard explique dans son Traitédu désespoir : “Le sérieux comprend que si la mort est une nuit, la vie est le jour” ce qui signifie que c’est laconnaissance de la mort qui nous pousse à agir aujourd’hui et arrêter de toujours repousser ce que l’on doit faire aulendemain.
La lucidité est donc un stimulant de la vie.
Nous avons donc montré dans cette seconde partie que la lucidité cherchant à donner un sens à notreexistence, parvient à un bonheur véritable et plus intense que celui de “l’imbécile heureux”.
Nous allons voir enfindans ce troisième et dernier temps de la réflexion que la lucidité poussant à l’action, c’est elle qui nous permet denous réaliser pleinement et atteindre ainsi un réel bonheur.
Comme nous l’avons indiqué dans la première partie, la lucidité, qui nous apporte une prise de conscience denotre condition humaine ainsi que de notre pleine responsabilité.
Il faut regarder positivement ce qu’implique laresponsabilité : c’est la liberté de la condition humaine.
Être libre, c’est être maître de sa puissance subjectived’autodétermination, c’est-à-dire ne pas être hétéronome mais bel et bien autonome.
Le mot contrainte faisantréférence à une situation d’hétéronomie, il est donc absurde de considérer la lucidité comme une contrainte à quoique ce soit puisqu’on ne peut contraindre quelqu’un à être lucide, c’est par lui-même que l’homme s’oblige à êtrelucide.
Mais avant de s’emparer de sa responsabilité, comme nous l’avons également notifié dans la première partie.Conséquence, qui selon les critiques de l’existentialisme, plongerait les gens dans un “quiétisme du désespoir”.
Nousnous opposerons à cette hâtive conclusion puisque si nous acceptons en effet le fait que l’angoisse tend à faire.
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