La lucidité est-elle un obstacle au bonheur?
Publié le 02/04/2015
Extrait du document
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Transition
Synthèse
Arguments
- Le seul moyen d’assouvir ses désirs les plus chers est de les conformer à la réalité, en
ne désirant que ce qui est en notre pouvoir.
Là est la prudence qui commande de ne pas
désirer l’impossible, ce qui implique qu’on puisse distinguer clairement et
distinctement, en toute conscience, ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas.
Désirer l’impossible nous condamne à l’impuissance et à la frustration qui en découle.
(Voir Descartes, Discours de la méthode : la troisième maxime de la morale par
provision.)
- Se maintenir dans certaines illusi ons interdit de transformer la réalité et nous
maintient alors dans notre misère ou malheur.
Ainsi, selon Marx, « la religion est
l’opium du peuple » ( Critique de la philosophie du droit de Hegel ).
Croire que les
pauvres de la terre seront heureux au Ciel console le prolétariat de sa misère sociale.
Mais l’opium ne guérit pas : il endort les souffrances.
A la misère sociale du prolétariat
il faut donc répondre par une transformation concrète et radicale de la société, dans
laquelle elle ne puisse plus se ma nifester.
Mais, croire que le bonheur est entièrement en notre pouvoir, dépend de nous, n’est -ce
pas une illusion ? Le bonheur ne dépend -il pas également de conditions qui échappent
à la simple volonté, de circonstances favorables qui relèvent de la fort une, telle qu’une
santé robuste par exemple ?
La lucidité, condition nécessaire, mais non suffisante du bonheur.
- Nécessaire , car pour être heureux il faut être en harmonie avec soi -même.
Or,
comment peut -on l’être si l’on se voile à soi -même ce que l’on est ? Il faut, pour
coïncider avec soi -même, sortir de l’illusion et prendre conscience de soi.
L’on ne peut
espérer satisfaire ses désirs que si l’on prend conscience de ce qui nous manque.
On ne
peut donc s’affairer à rechercher le bonheur si l’on ne sa it quel vide l’on doit combler
pour atteindre la plénitude.
- Nécessaire, mais non suffisante , car le bonheur est un concept indéterminé qui
renvoie à l’idée « d’un tout absolu, d’un maximum de bien -être dans mon état présent
et dans toute ma condition fut ure » (Kant, Fondements de la métaphysique des
mœurs ).
Ainsi, même si je m’efforce de déterminer consciemment ce qui serait
susceptible de me rendre heureux, je ne peux jamais dire en toute précision ce que je
souhaite, et comment l’obtenir.
Le bonheur est un « idéal de l’imagination », non un
concept de la raison.
Conclusion
Certes, la lucidité ne garantit pas notre bonheur, elle y contribue seulement.
Mais, s’il
existait une méthode « miracle » qui nous permettait à coup sûr de l’atteindre, sa quête
aura it sans doute moins de saveur !
En revanche, les « paradis artificiels » -qui nous font perdre de vue la réalité , ne
peuvent nous procurer que des plaisirs fug aces et illusoires, et provoquent, à terme,
d’amères déceptions.
Cependant, l’homme ne peut se s atisfaire d’une existence strictement rationnelle et
lucide.
Il a aussi besoin de rêver, son équilibre en dépend. Par conséquent, il revient à
chacun de trouver un savant dosage entre moments de lucidité (principe de réalité) et
espaces de rêverie (princip e de plaisir) pour, à défaut d’être heureux en cette vie, ne
sombrer ni dans la folie, ni dans un pessimisme désespérant..
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