La loi peut-elle dire la morale ?
Publié le 01/10/2005
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inefficaces.
Dès lors priment les passions qui épuisent les hommes dans une guerre de tous contre tous.
c) Cela étant, ce même instinct de conservation qui pousse chaque homme à attaquer son prochain avant qu'autruine l'attaque va amener l'homme à chercher à mettre fin à cet état de guerre.
L'homme va ainsi chercher à s'éleverau-dessus de ses passions.
C'est la raison qui permettra aux hommes de dépasser cet état de nature, car la raisonamène les hommes à écouter cette maxime plutôt que leurs passions : « ne fais pas à un autre ce que tu nevoudrais pas qu'on te fît à toi-même.
» ( Léviathan, chapitre XV) Les lois de nature nous invitent ainsi à chercher l'état civil, dans lequel seul il peut y avoir la paix, condition sine qua non pour que soient efficaces ces lois.
C'est la loi civile qui pourra ensuite imposer la morale, car, ainsi qu'il l'écrit dans le chapitre XXVI du Léviathan : « déclarer ce qu'est l'équité, ce qu'est la justice et la vertu morale, et faire en sorte que [les personnes privées] leur soientsoumises, cela requiert les ordonnances de la puissance souveraine, et que les châtiments soient ordonnés pourcelles qui les enfreindraient.
» On peut donc en déduire avec Hobbes que la morale n'existe pas en tant que telle,mais que le droit crée la morale pour faire respecter la société civile.
Transition : Pourtant, n'a-t-on pas l'impression qu'un sentiment moral existe en l'homme et qu'il préexiste à toute société ? La morale est un sentiment inné qui peut s'opposer au droit.
2.
a) Lorsqu'on considère l'idée de bien, on ne peut cependant s'empêcher d'éprouver pour elle comme une sorte defascination, comme si elle prenait le dessus sur tout et qu'elle pouvait même justifier de rompre l'harmonie socialeparce que, justement, elle prévaudrait sur tout.
Ce sentiment moral qui naît dans le cœur des hommes doit-ilforcément être considéré comme constituant une illusion au service de la paix civile ? Il se peut qu'il faille aucontraire postuler qu'il existe une morale innée, une morale qui dépasserait l'utilitarisme de Hobbes.
b) C'est ce que fait Kant, qui considère que la morale est une loi de la raison et non de l'intérêt, une loi qu'il appelle la loi morale.
Il écrit dans la Critique de la raison pratique que : « La loi morale est donnée comme un fait de la Raison dont nous sommes conscients a priori et qui est apodictiquement certain, en supposant même qu'on ne puisse alléguer dans l'expérience aucun exemple où elle ait été exclusivementsuivie.
» On peut la postuler si l'on postule que l'homme est libre.
Or,considérer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capable des'affranchir des déterminations sensibles, par exemple en renonçant à l'intérêtpersonnel et au plaisir immédiat.
Si l'homme est capable ainsi de mettre enaction sa liberté, c'est parce qu'il est sensible à quelque chose de plus nobleque l'utilité.
Agir par intérêt, ce n'est en effet pas agir en homme libre, carc'est être poussé par une impulsion animale.
Selon Kant, cette chose quiserait supérieure à l'utilité, ce serait le sens du devoir qui nous enjoint à unrespect inconditionnel envers la loi morale.
La loi morale se formulant en cestermes : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle .
» ( Fondements de la métaphysique des mœurs , deuxième section) • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christiquequant à son fondement.
En effet le commandement d'amour du Christ vient del'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescritl'obéissance inconditionnelle au Christ.
L'impératif kantien vient, lui, de la raison.
C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous commeune règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.
En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les«aimer».
C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignitéhumaine.
Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le«devoir» est ressenti comme tel.
c) C'est pourquoi selon Kant, il faut obéir à la morale, quelles qu'en soient les conséquences sur notre bonheurpersonnel ou sur le bien de la société.
La morale ne se limite pas au domaine du bien-être public ou des intérêtspersonnels.
S'il existe des conventions permettant à la société de mieux fonctionner, il existe aussi quelque chosequi est supérieur à ces conventions.
Ce quelque chose, c'est ce qu'il appelle la morale, cette morale qui nous donneles critères du bien et du mal.
Nous sommes moraux parce que nous éprouvons du respect pour la loi morale, or la loimorale répond aux critères d'universalité et d'impartialité, et non aux exigences de l'intérêt, que ce soit l'intérêtindividuel ou l'intérêt de la société.
Pour Kant, le bien et le mal ne peuvent donc pas être dictés par des lois, ils sontinscrits dans les lois de la raison.
Transition : Quels rapports doivent donc entretenir la loi et la morale ? La loi ne doit pas dire la morale, car alors elle nie la morale en la transformant en un instrument. 3..
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