La loi morale est-elle de même nature que la loi physique ?
Publié le 24/05/2012
Extrait du document
Au contraire, la loi morale nécessaire comme la loi physique,
ne nécessite pas : elle oblige. Sans doute, elle supprime
le droit d'agir contrairement à ses injonctions : qui viole la loi
morale est coupable. Mais elle laisse la possibilité ou le pouvoir
de faire ce qu'elle interdit : la violation de la loi morale
reste possible. Ainsi on peut dire que la loi morale impose
une certaine conduite ; mais il est plus juste de dire qu'elle
impose le libre choix de cette conduite...
«
Pour le grand nombre, il est vrai, la morale se rattache
étroitement à la religion et se fonde sur la volonté de Dieu.
La loi morale n'est-elle pas, dans cette hypothèse, une loi
positive
? Elle le serait si l'acte de volonté par lequel Dieu
intime à l'homme
la loi morale constituait une décision libre
et révocable.
Mais il n'en est rien : la loi morale nous est
imposée par une volonté naturelle et essentielle de Dieu, qui
ne peut, sans cesser d'être Dieu, se déclarer indifférent à notre
attitude à
1 'égard des lois qui découlent de notre nature.
Par
suite, les lois morales sont aussi naturelles que les lois phy
siques.
B.
Etant naturelles, les lois morales sont, comme les lois
physiques, universelles et nécessaires: elles s'appliquent à
tous les êtres
en qui on observe cette nature et aucun être
possédant cette nature
ne peut échapper à ces lois.
De la glace
qui ne
fondrait pas à 1 oa ne serait plus de la glace ; de même,
un homme qui aurait le droit de se désintéresser de ses sem
blables
ne serait plus un homme.
On dit assez communément, il est vrai, que les lois phy
siques sont contingentes
et que le monde pourrait être soumis
à des lois différentes.
Si on entend par là que le monde pour
rait être autre qu'il n'est et, par suite, être soumis à d'autres
lois,
on ne saurait le nier.
Mais on semble croire parfois que,
le monde restant ce qu'il est, des lois différentes de celles qui
le régissent actuellement pourraient lui être imposées.
Cette
conception
est absurde: la loi, n'étant que l'expression de la
nature des choses, suit nécessairement cette nature.
Sans doute, le physicien
ne constate les lois que comme
un fait contingent: il ne les déduit pas, "more geometrico "•
comme une conséquence nécessaire de la nature des choses ;
car cette nature lui
est encore inconnue.
Mais de ce que les
lois physiques sont contingentes pour le chercheur, il
ne s'en
suit pas qu'elles soient contingentes en elles-mêmes.
Un jour
viendra d'ailleurs où,
la physique étant devenue déductive, ses
lois paraîtront nécessaires
au savant lui-même qui les ratta
chera, comme une conséquence nécessaire, à
la nature même
des choses.
On ne peut pas davantage opposer à l'universalité et à la
nécessité des lois physiques les faits dans lesquels l'homme
empêche l'application de l'une d'entre elles.
Il ne l'empêche,
en effet, qu'en réalisant, conformément à d'autres lois, des
conditions naturelles dans lesquelles cette loi ne s'applique
plus : on ne commande
à la nature qu'en lui obéissant..
»
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