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La loi de la majorité est-elle la loi du plus fort ?

Publié le 25/02/2004

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Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad. Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp. 212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av. JC Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrière leur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs. Elle n'est donc universelle qu'en apparence. Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation. Elle n'est donc juste qu'en apparence.
La loi de la majorité n'est en définitive que la loi du plus fort. Elle s'impose non parce qu'elle est plus juste mais bien parce qu'elle exprime la volonté des plus forts et/ou des plus nombreux. Mais, en démocratie, la loi de la majorité est l'expression de la volonté général, de l'intérêt commun. Elle est donc un principe juste, qui respecte la liberté (Rousseau).

« Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui sedissimule derrière leur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs.

Elle n'est donc universellequ'en apparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

Ellen'est donc juste qu'en apparence.Les valeurs prônées par cette loi n'ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournementaxiologique de la réalité de la force, et l'égalité de droit n'est que la dénégation de l'inégalité de fait.

Elleest donc sans consistance.Les meilleures dispositions sont laminées par l'éducation égalitariste.Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire.

En effet, il est universel, nécessaire,irrécusable.Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu'elle se maintient ens'appuyant sur un verbiage sans répondant, et grâce à l'absence momentanée d'un individu suffisammentfort pour la renverser en lui et hors de lui.

La majorité exerce une dictatureTocqueville a écrit que les démocraties étaient menacées par une nouvelle forme de tyrannie: la dictature dela majorité.

Tocqueville écrit: « L'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés neressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde » La création d'une nouvelle société en Amérique au milieu du siècle constitue un terrain d'observation privilégiédes mutations politiques en Occident.

Les deux fondements idéologiques de la Révolution française, l'égalité etla liberté, y apparaissent dans un rapport qui semble conflictuel : une certaine forme d'égalité nuit à la libertépolitique. « Je pense que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien dece qui l'a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs.Je cherche en vain en moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et larenferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point.

La chose est nouvelle, il fautdonc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois unefoule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer depetits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme.

Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger àla destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ;quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux et ne les voit pas ; il les touche et ne les sentpoint ; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'iln'a plus de patrie.Au-dessus d'eux s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et deveiller sur leur sort.

Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.

Il ressemblerait à la puissancepaternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche, aucontraire qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils nesongent qu'à se réjouir.

Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seularbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leursprincipales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leurôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? » L'observation de tendances dominantes de la vie politique américaine naissante conduit à un paradoxe : ladémocratie n'est pas, par elle-même, l'opposé de l'oppression.

Il y aurait une certaine naïveté à accorder uncrédit absolu à la société démocratique, croyant que, tant qu'elle existe, tout risque d'atteinte aux libertésest écarté.

Cet optimisme repose sur l'illusion qui consiste à croire que l'oppression suppose nécessairementun oppresseur et que l'absence de rébellion est toujours un consentement lucide et responsable.La vigilance demande une analyse plus rigoureuse.

Les modèles classiques de la tyrannie et du despotisme nepermettent pas d'épuiser la compréhension de toutes les formes d'atteintes aux libertés.Ce n'est plus par un excès d'inégalité que sont menacés les hommes de la modernité, le règne du despote surun peuple d'esclaves est dépassé : l'heure est à l'égalité.

L'égalité de nature proclamée par le christianisme —tous les hommes sont créés à l'image de Dieu — a été relayée par l'égalité de droit du siècle des Lumières —tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.

L'histoire semble s'orienter désormais vers une. »

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