La logique classique depuis Descartes jusqu'à la fin du XIXe siècle
Publié le 22/10/2011
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La question est celle de l'ampleur et de l'intensité : la multiplicité des données passivement présentées est confrontée au pouvoir unifiant de la conscience. Mais, pour Kant, celle-ci est double, car il n'est pas du même ordre de saisir passivement les données et de les unifier activement. C'est la sensibilité qui saisit le divers ; c'est l'entendement qui en opère l'unification, la synthèse.
«
dit, à propos des mathématiques, qu'elles dépendent
de la psychologie dans la mesure justement où elles se passent « dans la tête • du mathématicien, cela ne peut signifier qu'une chose : la psychologie peut parve nir à décrire quels processus mentaux sont à l'œuvre
dans le raisonnement , mais en aucun cas fonder ce rai sonnement lui-même ; de même, la neurophysiologie
peut-elle théoriquement déceler les processus physico chimiques à l'œuvre dans un cerveau s'exerçant au syl logisme, mais nullement fonder un tel syllogisme
qu'elle utilise à chaque instant.
Il est bien clair
qu'à l'époque de Descartes, il n' exis tait encore ni psychologie, ni neurophysiologie, mais
néanmoins le problème se posait, quoique en termes
différents .
Dans la méditation, en effet, où la première
vérité évidente était l'existence de l'Ego, ou plutôt la
réalité indubitable de l'Ego cogito, du « Je pense t, la
question était de savoir comment progresser de cette
évidence première à celles qui devaient
se fonder sur
elle de façon parfaitement rigoureuse.
La science mo derne étant encore à l'état embryonnaire , il n'était
alors nullement question de fonder la logique sur elle ,
et la contradiction dont nous avons parlé se réduisait
alors au.
fait de penser que la logique pouvait se fonder
sur elle-même.
Toutefois, dans l'esprit de Descartes,
cette contradiction n'en était pas une: de même que,
un peu plus de deux siècles plus tard, les psychologis
tes trouvaient
naturel que les sciences pussent être fon dées sur la psychologie , de même Descartes trouvait
naturel de fonder la logique sur elle-même .
Edmund Husserl
(Méditations cartésiennes, éditions
Vrin) écrit à ce sujet: cIl semblait naturel à Descartes
que la science universelle dut avoir la forme d'un sys tème déduct(f, système dont tout l'édifice reposerait or dine geometrico sur un fondement axiomatique servant
de base absolue à la déduction.
L'axiome de la certi tude absolue du moi et de ses principes axiomatiques
innés joue chez Descartes, por rapport à la science
universelle, un rôle analogue à celui des axiomes géo métriques en géométrie •·
Aussi bien l'Ego cartésien, avec c ses principes axio matiques innés >, constitue-t-il un Moi rationaliste : la
logique, la méthode déductive, peut être fondée sur
elle-même
du simple fait qu'elle appartient en propre
à ce Moi dont la réalité est indubitable.
Dès lors, à
partir de cette axiomatique (réalité du Moi plus vali dité de la méthode) il est possible de bâtir un édifice
logique cohérent exprimant la vérité.
Or, celle-ci -c'est le premier des quatre précep tes - doit être saisie dans l'évidence : la chose vraie
est celle qui, sans précipitation ni prévention, est envi sagée de manière claire et distincte.
La règle , pour
Descartes, est « de ne comprendre rien de plus en mes
jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune
occasion de le mettre en doute ».
(Discours de la mé thode).
Mais qu'est-ce que l'évidence? Cette notion,
communément appliquée à un jugement, à un raison nement, doit être ici étendue à ce qui est saisi par la
conscience; ce n'est pas tant , en effet, l'Ego que l'Ego
cogito qui est en question en l'occurrence, c'est-à-dire le « Je saisis • -expression plus correcte que c Je
pense •- sans doute hérité du sensualisme aristotéli
cien .
Des mots tels que « évidence t, « saisir » sont , de
fait, empruntés à la sphère des sens, l'un à la vue,
l'autre au toucher ; ainsi, de même, en est-il d'un mot
tel que « clair » dans l'expression « clair et distinct ».
Le langage courant, d'ailleurs , étend de lui-même ces
expressions d'ordre sensoriel aux opérations intellec tuelles comme en témoignent les suivantes : « Je vois»,
« J'ai saisi >, « c'est clair», à propos, justement, d'une vérité saisie dans l'évidence.
Par suite,
il faut comprend -re la notion d'évidence
de la manière suivante : le « Je saisis » est ouvert , en ce sens que Je saisis toujours quelque chose, que la
conscience est toujours conscience de quelque chose, qui peut être un objet matériel ou idéal (notion, juge ment, etc.) ; mais je puis douter de mes sens ou de ce qui leur est présenté, comme c'est le cas pour une
illusion d'optique ou un mirage; je puis également
douter de mon appréhension d'un objet intellectuel ,
c'est -à-dire par exemple, de la manière dont j'appré hende une notion ; ou encore je puis mettre en doute
la validité d'un jugement, etc ...
Je puis enfin douter d'un raisonnement.
Dès lors, l'évidence est, dans le sens très général ci dessus, ce qui exclut absolument le doute .
Par suite,
partant de ces deux évidences premières que sont celles
de la réalité du Moi et de la méthode
par laquelle ce Moi va correctement saisir les objets matériels ou
idéaux du monde, il sera possible , en appliquant cette
méthode et en pratiquant le doute méthodique de
s'élever à coup sOr d 'évidence en évidence.
C 'est ainsi que sera
démontrée, dans les Médita tions, l'existence du monde , primitivement mise en
doute .
Et cette démonstration n'est possible que du
fait que
l'Ego cartésien est, en quelque sorte, « à che val » sur ce qui est du monde et ce qui ne l'est pas: la méthode et ce Moi lui-même.
C'est ce qu'exprime
Husserl , dans ses Méditations cartésiennes, quand il écrit : c on ne devra penser à aucun titre que, dans
notre moi pur apodictique, nous ayons réussi à sauver
une petite parcelle du monde, parcelle qui, pour le moi philosophique, serait la seule chose du monde non su jette au doute, et qu ïl s'agisse maintenant de
reconquérir, par des déductions bien menées et suivant les principes innés à l'ego, tout le reste du monde ».
L'Ego cartésien , non totalement épuré de préjugés
hérités de la scolastique, recèle encore une parcelle du
monde , à savoir la méthode déductive.
C'est pourquoi,
jusqu'à Husserl, la philosophie , comme Descartes,
de meurera dans l'attitude naturelle.
Le sens de la méthode cartésienne
A l'énoncé , dans le Discours de la méthode, des
quatre préceptes destinés à remplacer ceux de la sco lastique (évidence, division des difficultés, procédure
du sirnple au complexe , dénombrements entiers), Des cartes fait succéder un texte particulièrement élo quent : c Ces longues chaînes de raisons, toutes simples
et facil e s, dont les géomètres ont coutume de se servir po·ur parvenir à leurs dif.ficiles démonstrations,
m 'avaient donné occasion de m'imaginer que to(ltes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des
hommes s'entre-suivent en même façon, et que, pourvu.
»
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