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la liberté (synthèse finale)

Publié le 14/04/2014

Extrait du document

Dire de la liberté qu'elle constitue le point de rencontre et de

cristallisation de multiples problèmes, c'est souligner avant tout

le caractère hypothétique d'une notion dont les contours restent

le plus souvent mal définis. Tel quel, le terme lui-même recouvre

une double abstraction :

• la première, par rapport aux libertés concrètes et spécifiées.

que nous définirons non seulement comme des droits, mais

comme autant de pouvoirs pratiques d'exercer ces droits (sïnstruire,

se cultiver, s'exprimer, aller au théâtre, se reposer, etc.) ;

• la seconde, par rapport aux multiples individus qui peuvent

être pensés comme les « tenants « de cette liberté.

En bref, peut-on parler de la liberté sans préciser :

- le contenu particulier des libertés ?

- la nature du sujet caractérisé comme libre ?

« tienne.

le libre arbitre de la créature ne semble pas pouvoir être dissocié de son imperfection originelle.

Paradoxe d'une faculté de choix qui ne trouve à s'employer qu'en raison des limites, voire de la faillibilité originelle, de l'homme.

Si celui-ci était parfait, il ne serait pas en peine de délibérer pour agir.

Il « choisirait » toujours le bien.

Et l'action mauvaise, ou irresponsable révèle plutôt sa faiblesse et son ignorance qu'une liberté réelle.

Ne faut­ il pas dès lors revenir à la sagesse grecque et penser que le libre arbitre sans connaissance n'est qu'une illusion.

au demeurant tra­ gique lorsqu'on prend l'exemple d'Œdipe.

qui dut troquer sa cé­ cité morale contre une cécité physique pour n'avoir pas saisi, dans chacune de ses actions, les implications d'un destin qu'il s'attachait à fuir ? La caractérisation du libre arbitre comme illu­ sion reposant sur une méconnaissance (Spinoza) n'équivaut pas, comme on le croit trop souvent, à un refus de la liberté ; elle en appelle bien plutôt une autre définition.

Dès lors que lon veut solidariser liberté et puissance d'agir efficace, on pose la connais­ sance comme condition de la liberté.

Or cette connaissance, nous l'avons vu, n'est jamais immédiate.

En rupture avec les évidences premières, elle est une conquête sans cesse recom­ mencée.

un processus.

Conditionnée par la connaissance, la li­ berté n'est peut-être elle-même qu'une conquête, un processus, c'est-à-dire une libération.

Et nous entendons par là le processus complexe par lequel l'homme acquiert la maîtrise de son activité mentale, la maîtrise des choses et la maîtrise de la société.

Pren­ dre le contrepied de la problématique traditionnelle du libre arbi­ tre, c'est inscrire le problème de la liberté non dans la vivacité d'une évidence psychologique qui se suffirait à elle-même, mais dans un cheminement nécessaire par lequel l'homme s'affranchit de tout ce qui entrave son action, soit en l'aveuglant (préjugés, fausses connaissances, conflits intérieurs), soit en lopprimant (servitudes économiques.

sociales ou politiques).

• La liberté est-elle un droit ou un fait ? Un pouvoir réel ou une donnée psychologique ? Un état ou une conquête ? Une négation ou une prise en charge de la nécessité ? Y a-t-il une liberté ou des libertés ? Peut-on être plus ou moins libre ? Toutes ces questions mettent en évidence la complexité d'un problème dont l'analyse ne peut se tenir dans le seul domaine de la philosophie, et qu'il semblait difficile d'aborder au début de notre itinéraire.

La réflexion ne pouvait s'engager efficacement qu'après accomplissement d'un bilan où l'on prend la mesure des déterminismes qui façonnent l'être et son milieu, définissant les cadres et les conditions de son action.

Ce bilan, nous en présen­ tons une esquisse à la fin de ces remarques sous la forme d'un tableau des corrélations permettant une « mise en situa­ tion » du problème de la liberté.

• Un bref historique des conceptions de la liberté ferait apparaî­ tre le rôle qu'a joué, dans notre culture, la genèse de la concep- 192. »

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