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LA LIBERTE SELON DESCARTES

Publié le 30/04/2022

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« LA LIBERTE SELON DESCARTES La liberté pour Descartes, ce n’est évidemment pas le droit de faire ce qui nous passerait par la tête.

Ce n’est pas non plus le pouvoir de faire ce que nous voudrions, même si Descartes accorde une grande importance à ce pouvoir de faire, au sens de pouvoir d’agir sur le monde extérieur, la nature.

Il pense que l’un des buts de la philosophie est de fonder des sciences qui permettront des techniques qui nous rendront « comme maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la Méthode, 1637). La liberté est plutôt une caractéristique du sujet : ce que l’on appelle le libre arbitre.

Le « libre arbitre » ne signifie pas que l’être humain est parfaitement capable de se maîtriser.

Descartes sait au contraire que les hommes sont souvent en proie à des émotions, à des passions, que l’on ne commande pas comme cela.

Il va d’ailleurs rédiger en 1649 un traité sur Les passions de l’âme dans lequel il s’efforcera d’expliquer ces passions et de donner ainsi aux êtres humains une plus grande prise sur elles. (1) Néanmoins, les passions ne nous contraignent quand même pas à faire ce que nous ne voudrions pas.

Dans la situation la plus passionnelle, on peut toujours au minimum s’abstenir d’agir, remettre à plus tard une décision, etc.

C’est à ce niveau que se situe le libre arbitre : un pouvoir de décider indépendant de ce qu’il peut y avoir en nous, par ailleurs, de corporel ou de passionnel.

Sauf lorsqu’une décision urgente s’impose, on peut toujours suspendre son action et réfléchir avant de décider. Objection : si on décide non en fonction de passions, certes, mais de préjugés inscrits en nous par notre éducation, décide-t-on librement ? Réponse de Descartes : justement, le libre arbitre signifie aussi un pouvoir de suspendre son jugement et de n’admettre comme vrai que ce que nous pouvons justifier. Ce pouvoir, c’est celui que Descartes met en œuvre dans les Méditations métaphysiques (1644) où il met en doute tout ce qu’il a appris jusqu’alors pour vérifier par lui-même si c’est vrai ou faux.

« Par lui-même » ne signifie pas « en fonction de ses opinions », mais, au contraire : est-ce que je pourrais le démontrer, le déduire d’autres idées que je pourrais elles-mêmes déduire d’autres idées démontrées, ou évidentes par elles-mêmes ? L’expérience du libre arbitre, c’est l’expérience ordinaire de notre pouvoir de suspendre notre action et notre jugement, mais c’est aussi cette expérience privilégiée du doute radical (cf.

articles 6 et 39 des Principes de la philosophie de 1644). C’est le statut particulier de l’homme dans la nature qui fait, pour Descartes, qu’il a un librearbitre : il a une âme, distincte du corps.

Certes l’âme est liée au corps, mais, comme elle est de nature radicalement différente, elle n’est pas conditionnée par le corps comme une partie de celui-ci peut l’être par le reste. Bien entendu, l’intérêt de ce libre-arbitre n’est pas seulement de pouvoir douter, de dire : « Non, je ne sais pas » (même si c’est déjà pas mal).

Il est surtout de pouvoir jugement librement (i.e.

sans être conditionné par mes passions et mes préjugés) et donc ainsi d’acquérir des connaissances.. »

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