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La liberté se réduit-elle à une déclaration des droits de l'homme ?

Publié le 01/10/2005

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HOMME Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ». Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage.

LIBERTÉ (lat. libertas, condition de l'homme libre)

Gén. La liberté au sens primitif s'oppose à l'esclavage et se définit alors négativement comme absence de contrainte extérieure. On appelle ordinairement liberté physique le fait d'agir sans entrave ou de suivre spontanément les lois correspondant à sa nature propre comme le fait une plante qui se développe sans tuteur. Appliquée à l'homme, cette expression semble inadéquate sauf à désigner strictement la possibilité matérielle de faire. Car, pour qu'un homme soit libre, il faut non seulement qu'il puisse matériellement, mais encore qu'il veuille : l'homme peut toujours s'interdire à lui-même de faire ce qu'il peut faire. Mor. État d'un être qui se décide après réflexion, en connaissance de cause, qu'il fasse le bien ou le mal. La liberté, au sens moral, caractérise l'homme en tant qu'être responsable. Ainsi, Kant distingue la volonté libre, qui suppose que celui qui agit sait ce qu'il veut et agit conformément à des raisons qu'il approuve, et l'arbitraire, qui ne suppose pas l'existence de la raison. La liberté morale est donc autonomie, obéissance à la loi de la raison (pouvoir de se déterminer par soi-même) et non soumission aux penchants de la sensibilité». Cependant, la liberté semble ici se confondre avec la Raison. Descartes, au contraire, considérait que la liberté se manifeste déjà dans tout acte de choisir, distinguant ainsi la liberté éclairée (qui sait ce qu'elle veut) de la liberté d'indifférence (définie comme l'indétermination de la volonté relativement à ses objets). On peut toujours choisir entre deux solutions alors même qu'on est indifférent. Pour Descartes, la liberté n'est donc pas toujours responsabilité, mais d'abord libre arbitre qui, en son plus bas degré, se définit comme simple puissance d'agir sans aucune raison ou sans autre cause que l'existence même de cette puissance de choisir arbitrairement.

DROIT (lat. directus, droit, conforme à une règle)

Gén. Le sens de l'adjectif latin directus, sans courbe, indique d'emblée que le droit est institué pour se conformer à une règle, voire rectifier, corriger les relations entre les hommes. Ainsi, le droit qui dit ce qui doit être s'oppose d'abord au fait (ce qui est). Il est dans l'essence du droit de s'instituer contre le fait. Droit positif. Le droit positif est l'ensemble des règles définissant ce qui est légal, permis, et illégal, interdit, dans une société donnée. L'institution du droit positif signale la disjonction de la puissance matérielle (capacité de faire) et du pouvoir formel (droit de faire) ; nul n'est autorisé à faire tout ce qu'il peut faire : nul ne peut tout ce qu'il peut. Droit naturel. Le droit en tant qu'il est simplement positif (posé, établi comme convention) est lui-même un fait de culture. Ainsi, les hommes n'auraient pas tous les mêmes droits. Ce qui est ici illégal serait ailleurs permis. Or, n'existe-t-il pas un droit supérieur à toute convention positive qui résulte de la nature de l'homme ? On appelle, en effet, droit naturel non pas le droit existant naturellement, mais le droit qui met en évidence la vraie nature du droit : énoncer ce qui doit être pour tous les hommes, autrement dit corriger le fait aussi bien culturel que naturel. Ce droit idéal signale la disjonction toujours possible entre ce qui est légal et ce qui est légitime. Une loi n'est pas forcément juste ; elle ne l'est qu'en rendant légal ce qui est légitime et illégal ce qui est illégitime. Est légitime « ce que tout homme peut faire également » quelles que soient ses particularités naturelles (force, sexe) et culturelles (nationalité, religion). Par droit naturel, il faut donc entendre droit rationnel : l'identité des droits est fondée sur une identité ontologique des hommes (tous les hommes ont la faculté de penser) et non sur une identité naturelle ou culturelle. Ainsi, on peut opposer la conception universaliste du droit naturel ou rationnel aux conceptions naturalistes et culturalistes des racistes. Voir égalité.

Lorsque l’on définit la liberté on la renvoie à deux versants, l’un métaphysique l’autre politique. Les droits de l’homme sont un concept selon lequel tout être humain a des droits universels, quel que soit le droit positif en vigueur ou les autres facteurs locaux tels que l’ethnie ou la nationalité. Le concept de droits de l’homme est par définition universaliste et égalitaire, incompatible tout autant avec l’idée que la construction d’une société meilleure justifie l’élimination ou l’oppression de ceux qui sont censés faire obstacle à cette définition.

Les droits de l’homme, comme la démocratie, ont récemment accédé au statut de norme universellement reconnu, il n’est aujourd’hui personne pour les contester en principe, comme ce fut le cas tout au long  du siècle dernier et même encore durant le nôtre. On doit s’en féliciter, pour autant  que cette  situation traduit « un progrès de la conscience de la liberté «, comme eût-il dit Hegel.  Mais elle a une contrepartie sur le plan théorique : faute d’adversaires déclarés, les droits de l’homme encourent le risque de n’avoir d’autre support que le sentiment de leur évidence. Pire encore elle pourrait se ramener à n’être qu’une idéologie. La liberté peut elle se réduire à la déclaration des droits de l’homme ? Est-ce que la liberté n’est-elle pas métaphysique avant d’être politique ? Plus encore les droits de l’homme sont-ils porteurs d’une réelle liberté ? Ne sont-ils pas le véhicule d’une idéologie porteuse uniquement d’une égalité politique destinant à masquer des rapports d’asservissement économiques ?

 

« Les droits de l'homme comme idéologie Mais la liberté politique que promulguent les droits de l'homme suffit-elle à faire de l'homme un être réellement libre ? Marx souligne que les prétendus droits de l'homme sont ceux de l'hommeégoïste de l'individu séparé de la communauté.

Mais cette séparation qui estdans ses propres termes, ou plutôt ceux qu'il reprend à Rousseau et à Hegel,celle du Bourgeois et du citoyen est un trait constitutif de la modernité.

L'idéedes droits de l'homme, dans la diversité de ses figures, est le produit dumonde scindé : l'homme et le citoyen, l'universel et le particulier, le privé et epublic doivent cohabiter, parfois douloureusement, et sans qu'on puisseespérer surmonter, sinon par violence, une séparation souvent vécue commeune mutilation.

Pour Marx : « Ce n'est que lorsque l'homme individuel réelreprend en lui le citoyen abstrait et est devenu être génétique, dans sontravail individuel, dans ses rapports individuels, ce n'est que lorsque l'homme aconnu et organisé ses « forces propres » comme forces sociales et par là nesépare pas de lui la force sociale dans la forme de la force politique ce n'estqu'alors que l'émancipation humaine est accomplie », La question juive . L'homme véritable, on ne le reconnaît que sous la forme de l'individu égoïste,et l'homme réel sous la forme du citoyen abstrait.

Cette abstraction del'homme politique, Rousseau nous le dépeint excellemment (toujours selonMarx) : « Celui qui ose entreprendre d'instituer un peuple doit se sentir enétat de changer, pour ainsi dire, la nature humaine, de transformer chaqueindividu qui par lui-même est un tout parfait et solidaire en partie d'un plusgrand tout dont cet individu reçoive, en quelque sorte sa vie et son être, desubstituer une existence partielle et morale à l'existence physique et indépendante.

Il faut qu'il ôte à l'homme ses forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangères et dont il nepuisse faire usage sans le secours d'autrui », Du contrat Social , Livre 2. Conclusion -La liberté envisagée comme disposition de choix, est toujours identique à elle-même.

Ainsi indépendamment desinstitutions qu'elles soient oppressives ou non, elle ne saurait en aucun cas être réduite ou limitée.-Mais la liberté ne saurait être réduite à ce versant métaphysique, elle a besoin de la politique pour se faire jour,sans quoi elle reste invisible et inexistante.

Avec la déclaration des droits de l'homme, l'homme se faitostensiblement libre.-Pour autant si on laisse sans l'égalité économique l'égalité et la liberté politique demeurent d'une autre manièreillusoire.

Autant dire que l'affirmation résolue et parfois urgente des droits de l'homme « abstrait » ou de l'homme engénéral ne saurait donc tenir lieu de détermination des fins des communautés humaines particulières : en effet ils« n'érigent pas une figure de l'homme (…) Ils ne font ni une politique ni une philosophie.

Ils énoncent plutôt un degrézéro de politique et de philosophie », Jean Luc Nancy.

Dés lors, il nous faut plus une politique pour actualiser lesdroits de l'homme et plus de philosophie pour les penser.. »

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