La liberté se définit-elle comme un pouvoir de refuser ?
Publié le 24/01/2004
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Vouloir connaître la liberté pour savoir quand elle est implique de pouvoir la définir. La définition de la liberté est le thème de cet énoncé. D’une manière plus, précise, l’énoncé s’interroge sur la pertinence et la validité d’une définition négative de la liberté. Définition négative exprimée par la notion de refus. Car le refus se caractérise par un acte de négation, un acte d’opposition contre qui est répulsion.
Ainsi explicité, le problème majeur de l’énoncé consiste dans la détermination de l’insuffisance ou, au contraire, de la suffisance d’une détermination purement négative de la liberté : en quel sens une liberté définie par la négative peut-elle satisfaire l’essence de ce qu’on se figure être la liberté ? Dès lors, il s’agit de questionner le statut de la liberté comme pouvoir (le pouvoir du refus est-il nécessaire et/ou suffisant à la définition de la liberté ?) pour en circonscrire la teneur.
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définition négative de la liberté.
Définition négative exprimée par la notion de refus.
Car le refus se caractérise parun acte de négation, un acte d'opposition contre qui est répulsion.Ainsi explicité, le problème majeur de l'énoncé consiste dans la détermination de l'insuffisance ou, au contraire, de lasuffisance d'une détermination purement négative de la liberté : en quel sens une liberté définie par la négativepeut-elle satisfaire l'essence de ce qu'on se figure être la liberté ? Dès lors, il s'agit de questionner le statut de laliberté comme pouvoir (le pouvoir du refus est-il nécessaire et/ou suffisant à la définition de la liberté ?) pour encirconscrire la teneur.
I.
Liberté négative et détermination positive
Accepter la définition de la liberté par la voie négative (le pouvoir de refuser) est une condition nécessaire à l'idéemême de liberté.
Condition nécessaire car elle seule peut assurer à la notion de liberté l'indépendance qui lui estconstitutive.
En effet, la notion de liberté suppose une capacité de distinction des déterminations dont procèdentnos choix ; capacité de distinction dont émerge la possibilité du refus desdites déterminations.
Ainsi, la libertéopère-t-elle dans l'acte de réflexivité en tant qu'examen de soi, des déterminations constitutives du soi, pour lesdiscriminer par le refus dans le choix.En conséquence, le pouvoir de refuser est une condition nécessaire de l'exercice de la liberté – exercice dans lequell'indépendance (du soi envers ses propres déterminations) est affirmée par la suspension du jugement, par ladistanciation d'avec soi comme être conditionné.
La suspension elle-même exige le pouvoir de refuser commepossibilité de sortir de l'indétermination (et d'agir contre).
Mais comment penser alors les raisons (justifications) durefus de la détermination et du conditionnement ?En effet, une liberté qui n'est que pouvoir de suspension des déterminations n'a aucune efficience dans le monde dela pratique (domaine de l'éthique et de la connaissance).
Une liberté qui se maintient dans la pure indifférence durefus absolu n'est plus liberté car aucun choix ou décision n'en procède – or la liberté semble caractérisée comme cequ se manifeste dans un acte exprimant un choix.
De plus, le refus, à partir du moment où il se détermine contrequelque chose (c'est-à-dire n'est plus l'absolu de l'indifférence mais se particularise), exprime dans l'acte denégation une détermination positive : niant et excluant, la liberté comme refus choisit le non-exclu (par son refus).La liberté affirme dans et par son acte de négation (le refus est toujours choix).
La liberté réside dans le devenirconscient de ses propres déterminations par le sujet (moment de l'examen de soi et de la suspension du jugement) –ainsi en est-il chez Spinoza.
Cette affirmation intrinsèque à tout acte de négation est la condition du devenirconcret du refus (objet déterminé de la négation, et non plus refus absolu).
II.
Liberté absolue
L'indépendance de la liberté se constitue dans et par l'acte du refus qui toujours déjà est détermination, choix,autrement dit affirmation.
Mais une liberté de simple indépendance ne paraît pas suffisant à sa direction, àl'organisation des choix relative à une fin (l'intérêt, le bien, le juste, etc.).
Alors intervient la notion d'autonomie (sedonner à soi-même sa propre loi), également constitutive de l'idée de liberté.
L'autonomie assure la positivité durefus qui dès lors se détermine au regard d'une règle, d'un refus devenu choix et affirmation au nom d'une positivité. C'est avec Kant ( Critique de la raison pratique et Fondement de la métaphysique des mœurs ) qu'intervient de manière décisive l'autonomie dans la définition de la liberté.
En opposition à l'anarchie du refus absolu, du refusdépourvu de règle au principe de son organisation, l'autonomie kantienneexprime une certaine soumission à une loi (la loi morale formalisée en desimpératifs catégoriques).
La soumission est alors la condition nécessaire à laliberté et son exercice.
Nécessaire et suffisante en ce sens que la soumissioninclut la possibilité de se déterminer par la négation dans le refus (selon larègle).
Mais avec Kant, la liberté définie en des termes positifs courtégalement le risque de l'abstraction – tout comme le refus absolu del'indifférence reste indéterminé s'il ne se conçoit dans un acte d'affirmation.La liberté par Kant absolutisée forme alors une abstraction nouvelle qui estcelle du pur positif (jamais il n'est possible de savoir si la liberté est effectivecar la liberté est ce qui se soustrait à la possibilité de la connaître autrementqu'universellement : le particulier reste indécidable).Le problème de la liberté oscille ainsi entre les extrêmes (la pure négativité durefus et la pure positivité de l'affirmation) où elle se confronte comme absoluà l'indétermination.
La liberté comme absolu exprime l'in-détermination de lapure détermination à la liberté.
On est ici confronté au problème implicite del'énoncé qui l'impossibilité d'une définition de la liberté : la liberté ne “ sedéfinit ” ( se dé-finit) pas dès lors qu'elle est pensée comme absolu (JeanDuns Scot).
Pour dé-finir la liberté, faisant intervenir la dimension de pouvoir comme le corrélat nécessaire à son exercice (agir dans le monde), il faut la réduire au particulier.
A cette conditionseulement la liberté peut devenir acte dans l'exercice concret du pouvoir de la volonté (Hegel).
Restreinte, la libertéen acte se constate dans l'acte de refus porté sur un quelque chose déterminé.
La liberté est donc attestée par le.
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