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La liberté ou la mort de F. HEGEL

Publié le 05/01/2020

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La liberté ou la mort

F. HEGEL (1170-1831)

 

La lutte à mort, décrite ici par Hegel, n 'est pas celle d'une volonté cherchant à s'imposer à une autre volonté, mais celle d'une conscience cherchant à être reconnue par une autre conscience, dans le risque de sa propre vie.

 

Pour se faire valoir et être reconnue comme libre, il faut que la conscience de soi se représente pour une autre comme libérée de la réalité naturelle présente. Ce moment n’est pas moins nécessaire que celui qui correspond à la liberté de la conscience de soi en elle-même. L’égalité absolue du Je par rapport à lui-même n’est pas une égalité essentiellement immédiate, mais une égalité qui se constitue en supprimant l’immédiateté sensible et qui, de la sorte, s’impose à un autre Je comme libre et indépendante du sensible. Ainsi la conscience de soi se révèle conforme à son concept et, puisqu’elle donne réalité au Je, il est impossible qu’elle ne soit pas reconnue.

 

Mais l’autonomie est moins la liberté qui sort de la présence sensible immédiate et qui se détache d’elle que, bien plutôt, la liberté au sein de cette présence. Ce moment est aussi nécessaire que l’autre, mais ils ne sont pas d’égale valeur. Par suite de l’inégalité qui tient à ce que, pour l’une des deux consciences de soi, la liberté a plus de valeur que la réalité sensible présente, tandis que, pour l’autre, cette présence assume, au regard de la liberté, valeur de réalité essentielle, c’est alors que s’établit entre elles, avec l’obligation réciproque d’être reconnues dans la réalité effective et déterminée, la relation maîtrise-servitude, ou, absolument parlant, servitude-obéissance dans la mesure où cette différence d’autonomie est donnée par le rapport naturel immédiat.

 

Puisqu’il est nécessaire que chacune des deux consciences de soi, qui s’opposent l’une à l’autre, s’efforce de se manifester et de s’affirmer, devant l’autre et pour l’autre, comme être-pour-soi absolu, par là même celle qui a préféré la vie à la liberté, et qui se révèle impuissante à faire, par elle-même et pour assurer son indépendance, abstraction de sa réalité sensible présente, entre ainsi dans le rapport de servitude.

 

Friedrich HEGEL, Propédeutique philosophique ( 1808), Deuxième cours : «Phénoménologie de l’Esprit», I, 2e degré B, § 31 à 34, traduction de M. de Gandillac, Éd. Denoël-Gonthier, 1963, pp. 79-80.

hegel

« l'autre, cette présence assume, au regard de la liberté, valeur de réalité essentielle, c'est alors que s'établit entre elles, avec l'obli­ gation réciproque d'être reconnues dans la réalité effective et déter­ minée, la relation maîtrise-servitude, ou, absolument parlant, servitude-obéissance dans la mesure où cette différence d'autono­ mie est donnée par le rapport naturel immédiat.

Puisqu'il est nécessaire que chacune des deux consciences de soi, qui s'opposent l'une à l'autre, s'efforce de se manifester et de s'affirmer, devant l'autre et pour l'autre, comme être-pour-soi ;y absolu, par là même celle qui a préféré la vie à la liberté, et qui se révèle impuissante à faire, par elle-même et pour assurer son indé­ pendance, abstraction de sa réalité sensible présente, entre ainsi dans le rapport de servitude.

Friedrich HEGEL, Propédeutique philosophique ( 1808), Deuxième cours: «Phénoménologie de !'Esprit», I, 2° degré B, § 31à34, traduction de M.

de Gandillac, Éd.

Denoël-Gonthier, 1963, pp.

79-80.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE La conscience de soi, enfermée dans une simple certi­ tude subjective de soi veut être reconnue par une autre conscience de soi, afin d'atteindre par là une vérité objec­ tive.

Mais pour être reconnue par l'autre comme sujet, et non comme simple objet.

il faut que la conscience de soi puisse montrer à l'autre qu'elle n'est pas ce qu'elle paraît être : une réalité sensible.

Il faut par conséquent pouvoir mettre en jeu sa propre vie, prendre le risque de la mort.

La liberté, cependant, Hegel y insiste, n'est pas seule­ ment la négation du sensible.

Elle est aussi son affirma­ tion au sein du sensible.

Les deux moments sont nécessaires et c'est seulement lorsqu'ils sont également posés que la liberté est véritablement réalisée.

Le moment de la lutte à mort et de la relation maîtrise-servitude n'est donc qu'un moment dans la phénoménologie de !'Esprit, à tra­ vers laquelle celui-ci -qui est liberté et non Nature -s'appa­ raît à lui-même et se découvre.

Ce moment n'est pas non plus un moment historique.

Le moment de la relation servi­ tude-obéissance ne doit pas être confondu avec la figure his-. »

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