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LA LIBERTÉ: l'idée du libre arbitre chez Nietzsche

Publié le 09/08/2014

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nietzsche

LA LIBERTÉ

No 35

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée:

« Il ne nous reste aujourd'hui plus aucune espèce de compassion avec l'idée du "libre arbitre": nous savons trop bien ce que c'est — le tour de force théologique le plus mal famé qu'il y ait, pour rendre l'humanité " responsable " à la façon des théologiens, ce qui veut dire : pour rendre l'humanité dépendante des théologiens... Je ne fais que donner ici la psychologie de cette tendance à vouloir rendre responsable. — Partout où l'on cherche des responsabilités, c'est généralement l'instinct de punir et de juger qui est à l'oeuvre. On a dégagé le devenir de son innocence lorsque l'on ramène un état de fait quelconque à la volonté, à des intentions, à des actes de responsabilité ; la doctrine de la volonté a été principalement inventée à fin de punir, c'est-à-dire avec l'intention de trouver coupable. Toute l'ancienne psychologie, la psychologie de la volonté n'existe que par le fait que ses inventeurs, les prêtres, chefs des communautés anciennes, voulurent se créer le droit d'infliger une peine — ou plutôt qu'ils voulurent créer ce droit pour Dieu... Les hommes ont été considérés comme " libres ", pour pouvoir être jugés et punis —, pour pouvoir être coupables: par conséquent toute action devait être regardée comme voulue, l'origine de toute action comme se trouvant dans la conscience. «

 

NIETZSCHE

Il y a ainsi à la fin du texte la préfiguration d'un « inconscient « (nietzschéen, sans doute pas encore tout à fait freudien) comme possibilité d'innocence. Ce qui ne renvoie pas seulement à des situations où l'individu, déterminé par l'extérieur, n'exerce pas sa volonté, mais de façon plus subtile, à des situations où il serait possible de ne subir ni détermination ni liberté (au sens de culpabilité): situations « anomiques «, incompréhensibles dans les termes de « l'ancienne psychologie «, et qui caractérisent un humain accédant au domaine du « par-delà le bien et le mal «, ou du par-delà l'opposition classique déterminisme-liberté.

nietzsche

« -Ainsi la conception de la liberté comme capacité interne à s'autodéterminer s'accompagne d'un envers d'origine religieuse :je suis libre signifie alors je pourrai être puni (par Dieu ou les prêtres) et ce qui apparaissait dans un premier temps comme un avantage se transforme en preuve de soumission (renversement caractéristique de la tactique de Nietzsche).

II.

VOLONTÉ ET CONSCIENCE - La responsabilité et la culpabilité éventuelle (qui en est la conséquence) impliquent la conscience de la liberté: que la conscience elle-même soit conçue comme ce qui singularise chaque être humain (cf.

dernière phrase).

- On le sait, dans l'affirmation de la conscience individuelle, la religion chré­ tienne a en effet joué un rôle important (pour qu'il y ait possibilité de l'inter­ pellation divine, il faut qu'existe en chaque homme un espace intérieur où la parole de Dieu puisse résonner).

Cf.

les travaux de M.

Mauss sur la notion de personne.

- De plus, la conscience individuelle a bien été progressivement définie comme centre de volonté et d'autodétermination (de Corneille à Maine de Biran): la volonté y occupe en effet une place centrale, c'est elle qui donne à la conscience son épaisseur et sa capacité de décision.

Dès lors le clivage bonne volonté/mauvaise volonté peut y être inscrit -et Kant souligne bien que la façon dont le christianisme présente le mal comme résultant d'un choix volontaire est admirable.

III.

UN DEVENIR «INNOCENT» - Dès que conscience, volonté et liberté sont admises comme caractérisant l'humanité, la prise de conscience et l'exercice de la volonté apparaissent comme des devoirs: l'innocence (au sens étymologique) devient impossible.

Ainsi, la notion de conscience s'accompagne en permanence d'une menace de culpabilité.

- À cette tradition, Nietzsche oppose la nostalgie et le désir d'actes au contraire effectués indépendamment de la conscience.

De tels actes restent-ils concevables à partir du moment où l'homme a acquis sa conscience (tant morale que psychologique)? Cela suppose que l'origine de certaines actions soit simplement en dehors de la conscience.

C'est le cas des automatismes, des conduites physiologiquement nécessaires (respirer)- et c'est pourquoi Nietzsche considère que, dans la plupart des situations, la conscience est en effet "superflue».

- Il y a ainsi à la fin du texte la préfiguration d'un "inconscient» (nietzschéen, sans doute pas encore tout à fait freudien) comme possibilité d'innocence.

Ce qui ne renvoie pas seulement à des situations où l'individu, déterminé par l'extérieur, n'exerce pas sa volonté, mais de façon plus subtile, à des situations où il serait possible de ne subir ni détermination ni liberté (au sens de culpabilité): situations "anomiques »,incompréhensibles dans les termes de« l'ancienne psychologie», et qui caractérisent un humain accédant au domaine du «par-delà le bien et le mal>>, ou du par-delà l'opposition classique déterminisme-liberté.

CONCLUSION L'innocence (morale) serait ainsi à penser en relation, non seulement avec la fin de la tyrannie des prêtres, mais plus profondément avec une non-conscience ll2. »

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