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La liberté humaine est-elle rendue impossible par la nécessité de l'obéissance aux lois ?

Publié le 02/03/2004

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- Pour le structuralisme, la détermination de l'homme par des lois structurales exclut sa liberté.

* Problème. L'apport du structuralisme permet certes de dénoncer comme largement illusoire la position idéaliste faisant de l'homme un sujet abstrait désincarné ; cette conception apparaît comme le produit d'une idolâtrie, l'idolâtrie d'une raison ignorant son unité avec le monde. Cependant, en se bornant à faire régner à la place du sujet des « structures «, le structuralisme ne retombe-t-il pas dans l'idéalisme qu'il récuse ? Ne serait-il pas, comme l'observait P. Ricoeur, « un kantisme sans sujet transcendantal « ? Peut-on refuser de reconnaître en l'homme tout espace d'intervention subjective, en ignorant sa conscience, son intériorité, en laquelle il s'apparaît à lui-même comme sujet doué de comportement volontaire ? c) Concilier loi scientifique et liberté

* Spinoza. Pour ce philosophe, être libre, c'est agir selon les lois de sa nature. La liberté conçue comme autonomie et pure spontanéité est une fiction : « Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres, et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.

a) La nécessité de l'obéissance aux lois peut s'entendre de deux façons :  • obéir aux lois de la nature, aux lois scientifiques ;  • obéir aux lois politico-juridiques et morales.  Comme le mot loi n'a pas le même sens dans les deux cas, il faudra distinguer les deux problématiques.  b) Il y a contradiction lorsque la même thèse est à la fois affirmée et niée. Si être libre c'était, comme on le dit parfois, n'obéir à aucune loi, on comprend qu'un être soumis à des lois ne pourrait jamais être dit libre sans contradiction. On ne peut, cependant, accepter sans examen une telle approche de la liberté. Et puisque l'homme revendique une certaine liberté, alors même qu'on le dit soumis aux lois, il faut se demander s'il y a contradiction entre la liberté et la nécessité de l'obéissance aux lois.  

« • Spinoza.

Pour ce philosophe, être libre, c'est agir selon les lois de sa nature.La liberté conçue comme autonomie et pure spontanéité est une fiction : «Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres, et cette opinionconsiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorantsdes causes par lesquelles ils sont déterminés.

L'idée de leur liberté c'est doncqu'ils ne connaissent aucune cause à leurs actions.

Car ils disent que lesactions humaines dépendent de la volonté, mais ce sont des mots, qui necorrespondent à aucune idée.

» (Éthique.

II, 25, scol.).

La liberté authentiquese donne comme l'intériorisation de la nécessité. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre nécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une librenécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." • Ainsi se trouve dépassé le dualisme homme/nature.

Non seulement il n'y a pas contradiction entre être libre et êtresoumis à des lois, mais, d'une certaine façon, être libre c'est intérioriser cette soumission.

Comme l'écrit Ricoeur, «c'est la leçon de Spinoza : on se découvre d'abord esclave, on comprend son esclavage, on se trouve libre de lanécessité comprise» (De l'Interprétation).L'unité spinoziste de la liberté et de la loi ne doit pas en effet conduire à définir la liberté comme une attitudepassive, résignée, alors qu'il est possible non seulement d'intégrer la loi, mais de l'utiliser à son profit activement,pour accroître sa liberté: - La problématique marxiste, dans une telle perspective, affirme que l'homme n'est pas simplement le produit del'histoire, et en tant que tel entièrement déterminé ; il en est aussi le producteur, et par là il se produit lui-même.Connaître, donc intérioriser les lois qui déterminent l'homme, permet aux individus de définir les conditions d'unesociété sans classes, au lieu d'en subir les déterminations socio-historiques comme un mécanisme aveugle.— Dans la problématique freudienne, également, le dévoilement des déterminations psychologiques de l'individu aucours de l'analyse doit lui permettre de surmonter ses névroses, produits de conflits infantiles qui ont déterminé sonexistence.• Ainsi, il convient de dépasser le dualisme de la liberté et de la loi : l'homme est dans la loi parce qu'il est dans lemonde, mais sa liberté peut naître au coeur de la loi.

En est-il de même sur le plan moral et politique ?. »

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