La liberté existe-t-elle et s’incarne-t-elle dans les choses, ou bien relève-t-elle du pur fantasme ?
Publié le 21/09/2018
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■ Mots et expressions clés
• liberté : c’est le terme au programme. Il ne faudra donc pas en partir, mais en préciser la définition au furet à mesure que les concepts de réalité et d’illusion s’éclairciront. Pour des raisons de commodité, on peut toutefois distinguer deux grandes façons d’envisager la liberté : soit comme un pouvoir de faire ce que l’on veut sans y être contraint et sans en être empêché par quiconque (sorte de liberté « d’indépendance »), soit comme la faculté de se déterminer sous l’égide de la raison (liberté « d’autonomie », ou « libre arbitre »). Le concept le plus « réel » des deux ne sera pas nécessairement celui auquel on pense spontanément : l’indépendance.
• réalité : le terme insiste sur la nécessité, pour la liberté, de s’incarner ou de s’extérioriser par des actes. Si la liberté est une réalité, alors elle ne doit pas rester à l’état latent mais se manifester dans les choses, se donner à voir. Elle ne doit pas rester un simple concept ou une idée abstraite mais se concrétiser.
L’on peut ainsi, ultimement, concilier les deux qualificatifs de « réalité » et d’« illusion ». Car il est peut-être nécessaire de s’illusionner sur la liberté afin de la rendre réelle. Kant le montre clairement dans la Critique de la raison pratique. Selon lui, en effet, l’homme est autonome, c’est-à-dire capable d’être à l’ initiative de ses actes et de suivre la raison. Dans le domaine moral, cela signifie agir comme si l’on voulait que son action soit érigée en loi universelle. Mais la vie quotidienne fait désespérer l’homme de se comporter ainsi : les méchants ont souvent l’air d’être plus heureux que les hommes vertueux. Il faut donc postuler d’une part que tous les hommes sont capables d’agir moralement, et d’autre part que la vertu procure le bonheur. C’est seulement ainsi que l’on pourra rendre la liberté effective et encourager chacun à réaliser, dans le monde de tous les jours, l’autonomie.
«
parce que seul le désir qui la nourrit est important pour l'homme .
Si la
liberté est une illusion, cela ne signifie donc pas nécessa irement qu'elle
est « irréelle », mais qu'il importe peu qu'elle le soit ou non.
On pourra
donc , bien sûr, se demander si l'homme est déterminé à agir par des
causes extérieure s.
On pourra se servir des sciences humaines, notamment
de la psyc hanaly se, qui montre que la plupart des actions humaines sont
régies par l'inconscient.
Mais le plus important sera de déterminer pourquoi l'homme a besoin
de se croire libre , de s'illusio nner.
• Problématique
La tradition philosophique présente un point commun avec l'opinion
commune en ce qui concerne la liberté : elle l'attribue toujours à
l' homme, même si sa définition varie.
Mais s'agit-il d'un sim ple concept
ou d'une réalité ? Pour être effective, la liberté doit-elle s'inca rner dans
des actes ? Ou bien relève -t-elle de l'illusion, comprise com me croyance
d' ordre affectif, dérivée des désirs humains et résist ant à la réflexion ?
Bref, l'homme s'espère-t-il libre ou l'est-il vraiment ? Et que doit-il faire
de sa liberté pour la rendre « réelle » ?
• Citations
• « Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de pos séder et
qui consi ste en cela seul que les hommes sont consci ents de leurs désirs et
ignorants des causes qui les déterminent » (Sp inoza, lettre 53, à Sc huller) .
• « Nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de
celle -ci, la réalis ation d'un désir est prévalente » (Freud, L'Avenir d'une
illusion, chap.
6).
• «L 'homme [ ...
] n'existe que dans la mesu re où il se réa lise, il n'est
rien d'autre que l'ensem ble de ses actes, rien d'autre que sa vie » (S artre,
L' existentialisme est un humanis me).
CORRIGÉ
[I ntr oduc tion]
On peut valoriser deux aspects distincts lorsque 1' on réfléchit sur la
liberté .
Elle désigne d'une part une idée, un concept qui relie les hommes
par-delà leurs différences.
Tout homme est libre, au sens où chacun a la
capacité de décider et d'agir comme bon lui sem ble.
Mais cette simple
«c apacité » suf fit-elle à définir la liberté ? Car celle-ci désigne, d'autre
part, une manifestation, l'inca rnation concrète d'une volonté ou d'un.
»
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