La liberté est-elle une illusion de la conscience ?
Publié le 04/03/2005
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N'est-elle pas simplement impression, conviction spontanée qui pourrait tenir à l'illusion du moment ? Tout dépenddonc en fin de compte de l'acception que l'on retient du mot conscience : l'identifier à la croyance spontanée, c'estpeut-être lui ôter ce qui la spécifie en tant que conscience, à savoir un minimum de distance, de réflexivité.
Laconscience d'être libre implique cette réflexivité, ou si l'on veut le dépassement de la "conscience naturelle" vers la"conscience de soi", dans laquelle je suis attentif à ce qui se passe en moi, ou entre moi et le monde.
Par un teldédoublement réflexif, le monde cesse d'être simplement vécu, pour être soumis à une activité de réappropriation.
Spinoza écrit : « libre la chose qui existe de par la seule nécessité de sanature et n'est déterminée à agir que par elle-même seulement.
Nécessaire ouplutôt contrainte celle qui est déterminée par autre chose à exister et àopérer d'une certaine manière déterminée.
» (Définition 7 de l'Éthique).
En cesens, l'homme, réalité particulière au sein d'un tout, n'est pas pleinementlibre.
Mais peut-être la culture, qui tend à l'émanciper du déterminismenaturel, pourrait-elle lui conférer cette liberté dont il ne dispose passpontanément au sein de la nature.
Sur cette voie, la conscience réfléchied'une liberté possible et non pas d'emblée en acte doit délivrer le sujet desillusions qui s'attachent à sa situation particulière dans la mesure où celle-ciest au départ aveugle à ce qui la détermine.
L'effort qu'accomplit l'hommevers une réalisation de soi plus parfaite implique pour lui une compréhensionactive de la nature, avec laquelle il s'agit de vivre harmonieusement.
Laconduite raisonnable suppose que chaque homme se place du point de vue dela Nature comme totalité, au lieu de subir en la place particulière qu'il occupeun déterminisme auquel il reste aveugle.
A cette condition, la conscienced'être libre n'a plus rien d'illusoire, ni en elle-même, ni dans la représentationqu'elle se donne, ni même dans la situation qui la fait naître.Ce n'est peut-être pas librement que je "choisis" la lessive Y plutôt que X,même si, du seul fait que les deux me sont proposées, je crois être libre.
Mais l'illusion n'affecte ici que la croyance, en tant qu'elle porte sur l'objet du choix.
Le fait même de pouvoir choisir,éprouvé en tant que tel, est évalué par une conscience réflexive qui en explicite les implications comme un facteurde liberté, s'il s'assortit d'une connaissance de la situation dont il procède, et des véritables enjeux du choix.
Bref,peut-on statuer abstraitement sur la conscience d'être libre sans avoir présent à l'esprit l'ensemble du contextemental et moral dans lequel elle se manifeste ?.
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