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La liberté est-elle le pouvoir d'agir sans motifs ?

Publié le 07/01/2005

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Ce sentiment n'est pas aveugle et implique une conception fort rationnelle de l'activité humaine. Agir librement consiste à agir par soi-même, sans subir la pression d'une force extérieure : qu'on songe à la chute d'un corps en chute libre, au mouvement d'une roue libre. Or, un acte libre de l'homme est celui dans lequel c'est ce qui le fait homme, la raison, qui agit librement, sans être gêné, non seulement par les contraintes physiques qui peuvent s'exercer sur ses membres, mais aussi par l'impulsion d'une affectivité étrangère à la raison. C. Il nous reste à écarter une objection : si la liberté consiste à agir pour des motifs, ce sont les motifs qui nous déterminent et nous ne faisons jamais de ces choix qui 'semblent constituer l'essentiel de la liberté. Nous le reconnaissons, si nous nous plaçons au niveau des motifs, nous nous déterminons toujours pour le motif le plus fort et, si l'on veut, c'est le motif qui nous détermine sans qu'il y ait de possibilité de choix. Mais nous ne sommes pas naturellement au niveau des motifs : il faut nous y élever. Quand nous nous laissons aller à nous-mêmes, nous sommes menés par les mobiles, c'est-à-dire par l'attrait que les choses exercent sur nous. Nous ne sommes amenés à tenir compte des motifs ou des raisons que par un effort de volonté qui doit être renouvelé sans cesse. L'acte libre consiste précisément à choisir entre l'ordre des mobiles et celui des motifs.

« La liberté supposée par le sujet concerne la volonté de l'homme.

Etre libre, c'est avoir la possibilité, la faculté, le"pouvoir" d' "agir" selon la propre volonté, volonté qui se détermine sans "motif", c'est à dire sans évoquer de raisonparticulière ou de détermination rationnelle...

Telle est l'opinion, voire le souhait ou la croyance que chaque hommepossède de lui même lorsqu'il agit, choisit, décide : être à l'origine, la cause de toutes ses actions.Que vaut une telle croyance? L'homme agit-il sans subir d'influence? Est il possible de concevoir une volontétotalement dénuées de toutes raisons et de toutes influences? D'aucun diront qu'une telle croyance n'est que pureillusion...Le problème est donc de savoir ou se situe la liberté de l'homme s'il est démontré la détermination de ses actes.

Cequi revient à reconsidérer la liberté de l'homme et à repréciser son essence. La liberté semble correspondre à la définition proposée par le sujet.

L'homme est cet être qui a la possibilité, lafaculté donc le "pouvoir" de choisir comme il veut, de dire "oui" ou "non" à ce qui lui est proposé, d'affirmer ou denier..."Pouvoir" qui ne semble pas limité par rien et que chaque homme ressent au fond de lui.Chaque homme peut expérimenter cette forme de liberté lorsqu'il est amené à choisir, par exemple; aucune influencen'étant ressentie, il semble exact de dire que l'homme exprime sa liberté : L'homme peut mouvoir son corps s'il leveut.

Même s'il ne peut expliquer comment sa "volonté produit une action corporelle", néanmoins sent-il que savolonté commande son corps et ordonne ses actions ou gestes.

Liberté que l'homme fait de son appartenance àl'espèce humaine.Ainsi, l'homme peut-il "agir" ou choisir sans "motif" déterminant, C'est à dire sans détermination consciente quiconditionnerait son acte.

Cette forme de liberté est illustrée dans un ouvrage de Gide, Les caves du Vatican , ou l'un de ses personnages, Lafcadio tue un vieillard pour se prouver qu'il est libre d' "agir" gratuitement, sans aucun "motif"particulier.

Lafcadio est libre de tuer ou non le vieillard qu'il rencontre, come il le veut et ou il le veut et ce sansraison particulière.Néanmoins, cet exemple ne permet-il pas paradoxalement de mettre en évidence le fait qu'il existe toujours desraisons qui nous poussent à "agir" même si ces raisons ne sont pas visibles. Agit-on toujours sans raison, sans "motif" ou existent-ils des raisons cachées qui nous déterminent à notre insu? En effet, un examen plus attentif du cas de Lafcadio démontre que celui ci n'as pas commis son meurtrecomplètement démuni de toute raison, donc "sans motif" : le fait de vouloir prouver qu'un acte gratuit existeconstitue un "motif" à son action.

Ainsi, certaines causes peuvent intervenir sans que le sujet ne s'en rendecompte.C'est ce que Leibniz a clairement mis en évidence contre Descartes lorsqu'il écrivait que l'homme pouvait être influencé par des raisons qu'il ne sentait pas.

Des raisons "imperceptibles" poussent l'homme, le déterminer, à soninsu.Ses actions semblent provenir de sa volonté, et pourtant, ce n'est que pure "illusion" alléguera également Spinoza .

La seule volonté de l'être humain est lefait de ne sentir aucune détermination ne suffisent pas à en conclure que ces forces, cachées ouinconscientes pour la psychanalyse, n'existent pas.

Le "sentiment vif interne"de notre liberté qui permettait à Descartes d'affirmer que l'homme peut "agir" en toute liberté, ne prouve rien en fait.Par conséquent, s'il existe toujours des "motifs" connus ou inconnus quiinfluencent, déterminent les actions de l'homme, faut il en conclure quel'homme est un être totalement déterminé et donc rejeter toute forme deliberté? Afin d'éviter un telle conclusion, qui dépossède, aliène l'homme de sa liberté,n'y a-t-il pas des moyens qui lui permettraient de la recouvrer? Après une telle constatation de l'existence inéluctable de motifs cachées ouinconscients, il est légitime d'en conclure que l'homme n'est plus disposé àêtre et à se sentir libre.

Pourtant, l'homme peut être libre ; en dépit desapparences, le déterminisme peut être en forme de libération et donc deliberté.Parce que l'homme sait ce qui le détermine et qu'il connaît les causes qui les influencent, il peut les maîtriser ou agir sur elles.

De même, parce qu'il est un être qui possède ce pouvoir de choisirmême s'il sait qu'il est déterminé lorsqu'il agit , il peut choisir entre différents motifs; ce choix reste libre.

La décision. »

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