La liberté est-elle compatible avec le respect d'autrui ?
Publié le 27/02/2008
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n'importe quoi, et m'obliger à lui montrer ma considération, mais n'est-ce pas moi-même qui m'empêche de fairen'importe quoi, moi-même qui m'oblige ?Nous voyons que dans tous ces cas, la définition présupposée de la liberté, est l'absence de contrainte.
Ce qui nousfait sentir une contrainte c'est que nous ne pouvons plus faire n'importe quoi ; l'espace de notre action est limité ;le nombre de possibilités est restreint.
Mais est-ce là la véritable liberté ? Comme nous l'avons vu à propos derespect intellectuel, et surtout à propos du respect moral, nous décidons nous-mêmes de respecter quelqu'un ; lacontrainte est celle que nous nous imposons nous-mêmes.
Il y a donc contrainte et contrainte, et la véritableliberté n'exclut peut-être pas la contrainte volontaire.
(II.
La liberté est compatible avec le respect d'autrui)
En deuxième heu, nous verrons que le respect est une obligation morale et par suite ne m'empêche pas d'être libre.Être libre en effet, n'est pas faire n'importe quoi.
En m'empêchant, au contraire, de penser n'importe quoi au sujetd'une personne, je me montre capable de dominer mes désirs, de me dominer.
Telle est la véritable liberté :.
êtrecapable de se dominer, être maître de soi.Le respect, nous l'avons vu, a surtout un sens moral : je respecte la personne en qui je perçois une droiture morale.Certes cela m'empêche de faire tout ce que peut-être j'avais envie de faire ; j'avais envie de faire du bruit, d'êtreinsolent etc.
Mais en m'empêchant de faire tout cela, je ne fais qu'obéir à ce que je pense être mon devoir : aussiest-ce moi qui décide de respecter l'autre.
Je ne satisfais pas tous mes désirs ; au contraire je les domine enobéissant à ma raison et à ma volonté.
La contrainte est intérieure et je suis donc parfaitement libre.
Mais je le suisquand s'agit du véritable respect moral.
Le respect « social » qui m'est imposé par la coutume est une contrainteextérieure, qui peut s'opposer à ma liberté de choix.
Si, par contre, je suis d'accord avec ce système de politesse, ilne me contraint plus « de l'extérieur » et devient alors une obligation sociale acceptée et consentie, comme1'obligation morale.[ Quant au respect intellectuel, il n'est contraignant que dans la mesure où il s'impose automatiquement, avantmême que j'ai pu comprendre rationnellement la position du savant que je respecte : comme c'est, le plus souvent,quasi impossible, ce respect m'empêche un peu d'être libre, dans la mesure où j'accepte les conclusions du savant,sans l'avoir décidé par ma propre raison.
Le principe d'autorité s'oppose par nature à la libre réflexion.
]Mais le respect ayant le plus souvent un sens moral, il ne peut qu'être sincère : il reflète alors mon jugement et mavolonté et ne m'empêche nullement d'être libre.
Je montre mon respect, par « obligation », et non par « force » : lerespect est ce qui m' « oblige » à penser et à agir d'une certaine manière à l'égard d'une personne, et non pas cequi me « force » à le faire.Mais alors ce que nous avons dit pour le respect vaut pour tout « devoir » que l'on se donne.
Et on ne voit pas ladifférence pour le rapport à la liberté, entre le respect « moral » et le respect « social » quand il est accepté.Pourtant le respect moral n' a-t-il pas quelque chose en propre ? Il est beaucoup plus impérieux que le respectsocial.
Mais ce caractère impérieux est-il en contradiction avec la liberté de notre choix ? Nous avons dit qu'il étaitla reconnaissance de la droiture morale d'une autre personne, mais nous n'avons pas dit ce que nous entendions par«droiture morale ».
Précisons donc quel est son objet, et nous verrons que le caractère impérieux de ce dernier estpeut-être étroitement hé à la liberté de l'homme.
(III.
Respecter autrui nous contraint à être libre en reconnaissant sa liberté)
Nous allons voir, dans cette troisième partie, que respecter autrui nous contraint à reconnaître la liberté de l'homme.Si le respect est ce qui me pousse à reconnaître la droiture morale de l'autre, ce n'est pas un sentimentcomplètement spontané, ou que nous éprouvons seulement parce que nous le voulons bien.
Il s'impose à nous, etnous ne pouvons le refuser.
Même si « nous pouvons ne pas le laisser paraître extérieurement nous ne pouvons nousempêcher de l'éprouver intérieurement » écrit Kant.
D'où vient ce caractère impératif? De la loi morale, écrit Kant,dont nous reconnaissons la présence en l'autre.
Au fond, l'objet du respect, c'est la loi morale : autrui nous montrequ'il est possible que l'on agisse en suivant la loi morale.
Le respect est donc à la fois libre puisqu'il vient de nous, etcontraint parce qu'imposé par la loi morale.Mais être contraint de reconnaître la loi morale, cela s'oppose-t-il à la liberté ? Bien au contraire.
D'une part, eneffet, en nous forçant à la reconnaître, la loi morale nous force, en quelque sorte, à être libre.
C'est cettereconnaissance qui nous permet, en effet, de dominer nos sentiments et de nous sentir obligés d'éprouver lerespect.
Si nous n'éprouvions pas ce « sentiment moral », comme le dit Kant, nous ne saurions ce qu'est suivre saraison plutôt que ses penchants.
Le respect que j'éprouve pour une personne m'oblige à surmonter des réactionsaffectives et passionnées.D'autre part, la loi morale que je respecte, incarnée par autrui, n'est pas une règle qu'il m'imposerait de l'extérieur.Je reconnais seulement que l'autre agit « par bonne volonté », c'est à dire avec une volonté toujours pure ettendue vers le bien, c'est à dire encore, en voulant librement le bien, un bien qu'il définit peut être différemment demoi.
C'est donc reconnaître en même temps et comme deux choses liées, la bonté de l'autre et sa liberté.
Nousconsidérons que l'autre a choisi librement ce qu'il pensait être le bien.
Respecter l'autre revient donc à le considérercomme un être libre, à qui on accorde la capacité de faire de bons choix librement.
C'est, pourrait-on dire encore,reconnaître qu'il est digne d'être un homme.
D'où les expressions fréquentes : « respecter la liberté », « respecterl'individu » ou » l'humanité dans l'individu », ou encore « respecter l'être humain ».Ce qu'on respecte, donc en l'homme, c'est sa qualité proprement humaine qui fait de lui un être moral, un être libre..
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