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La liberté doit-elle se penser en opposition au monde ?

Publié le 28/03/2004

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La liberté peut se comprendre comme la possibilité de se déterminer par soit même. Le monde lui représente l'ensemble de ce qui est naturel ou non, l'ensemble de ce qui existe et qui est déterminer par des lois de la nature. Dès lors, il semble que la liberté doive s'exclure de ce monde qui est entièrement déterminé. La liberté serait alors du transcendantal tandis que le monde serait une idée cosmologique. Mais s'il faut penser la liberté en opposition avec le monde c'est bien parce que le monde est détermination, il en exclut toute liberté. Le monde suit les  lois irrémédiables de la nature. La cause et l'effet régissent le monde, il semble qu'aucun acte libre n'existe dans ce dernier. Or la liberté est commencement. Il y a donc une opposition entre ces deux domaines voire une antinomie et cela d'autant plus que le porteur de la liberté, le sujet fait partie du monde. Mais bien plus, si la liberté peut se penser par opposition au  monde, n'est-ce pas aussi que le monde est le royaume de la nécessité ? Dès lors, par le travail  sur le monde et la matière nous pourrions atteindre le royaume de la liberté. Cette opposition  ne serait plus alors seulement pensée mais effective. Il s'agit de rendre compte, de comprendre  et de résoudre ces problèmes.

« 111.

L'indétermination du monde • Schopenhauer montre qu'admettre le libre arbitre, c'est admettre un effet sans cause, un hasard absolu, notionsqui répugnent à notre entendement; «jamais aucune cause au monde ne tire son effet entièrement d'elle-même »(Essai sur le libre arbitre, chapitre III).

Ce qui produit l'illusion est le fait que la nature des causes influentes devientplus complexe chez l'être humain par rapport à une simple causalité mécanique, et s'élève à la hauteur de motifsintellectuels. Nietzsche défendra -comme son maître Schopenhauer - une thèse similaire: "Les philosophes ont coutume de parler de la volonté comme si c'était la chosela mieux connue du monde ; Schopenhauer a même laissé entendre que lavolonté était la seule chose qui nous fût réellement connue, entièrement ettotalement connue, sans surplus et sans reste ; mais il me semble toujours queSchopenhauer, dans ce cas comme dans d'autres, n'a fait que ce que fontd'habitude les philosophes : il a adopté et poussé à l'extrême un préjugépopulaire.

La volonté m'apparaît avant tout comme une chose complexe, unechose qui n'a d'unité que son nom, et c'est dans cette unicité du nom que résidele préjugé populaire qui a trompé la vigilance toujours en défaut desphilosophes.

Pour une fois, soyons donc plus circonspects, soyons moinsphilosophes, disons que dans toute volonté il y a d'abord une pluralité desentiments, le sentiment de l'état dont on veut sortir, celui de l'état où l'on tend,le sens de ces directions elles-mêmes, "à partir d'ici" 'pour aller là-bas", enfinune sensation musculaire accessoire qui, même sans que nous remuions bras nijambes, entre en jeu comme machinalement sitôt que nous nous mettons à"vouloir".

De même que le sentir, et un sentir multiple, est évidemment l'un des ingrédients de la volonté, elle contient aussi un 'penser" ; dans tout acte volontaire, il y a une pensée quicommande ; et qu'on ne croie pas pouvoir isoler cette pensée du "vouloir" pour obtenir un précipité quiserait encore de la volonté.

En troisième lieu, la volonté n'est pas uniquement un complexe de sentir et depenser, mais encore et avant tout un état affectif, l'émotion de commander dont nous avons parlé plushaut.

Ce qu'on appelle le "libre arbitre" est essentiellement le sentiment de supériorité qu'on éprouve àl'égard d'un subalterne.

"Je suis libre, c'est à lui d'obéir"' voilà ce qu'il y a au fond de toute volonté, aveccette attention tendue, ce regard direct fixé sur une seule chose, ce jugement absolu : "À présent, ceci estnécessaire, et rien d'autre", la certitude qu'on sera obéi, et tout ce qui constitue encore l'état de l'âme decelui qui commande.

Vouloir, c'est commander en soi à quelque chose qui obéit ou dont on se croit obéi." La volonté n'est pas cette faculté une et indivisible que décrit la tradition.

Elle est au contraire composéed'éléments hétérogènes qui rendent problématique l'unité du moi.

Si pour Schopenhauer la volonté est le principe detoute représentation qui détermine notre vouloir-vivre à désirer, pour Nietzsche, la volonté est un mot qui recouvreun ensemble de sentiments associé à une pensée. Problématique. La volonté est constituée de trois éléments : sensation, affectivité, pensée.

Ces trois éléments sont constitutifs dela volonté.

En fait, vouloir, c'est commander à soi-même.

Cela suppose une scission du sujet.

En d'autres termes, lelibre-arbitre cache une hiérarchie de fonctions dont certaines dominent les autres. Enjeux. En remettant en question l'unité de la volonté, Nietzsche cherche à évaluer la part que nous prenons dans nosactions.

Ne sommes-nous pas déterminés à notre insu ? Ne sommes-nous pas "agis" ? La critique j nietzschéennetouche dès lors la notion de moi, en ce sens que pour mener une action, il est nécessaire qu'il y ait un centre dedécision.

Or, cela suppose qu'il y ait une identité entre le vouloir et l'action.

En rejetant cette unité, Nietzschedébusque un préjugé métaphysique. • On a longtemps opposé la liberté absolue de l'homme et le déterminisme aveugle de la nature.

Mais réduire lanature à une causalité mécanique universelle, c'est s'en donner une image simplifiée.

Il reste qu'après tout, notreexistence repose sur une chaîne de miracles : la naissance de la Terre, le développement de la vie organique à sasurface, l'évolution du genre humain à partir des espèces animales; ce sont autant d'« improbabilités » comme lerappelle H.

Arendt dans Qu'est-ce que la liberté ? Toute véritable action, en tant que commencement de quelquechose, est de cette nature : la liberté humaine ne serait-elle pas la continuation de ces processus improbables,s'inscrivant dans une certaine indétermination du monde?. »

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