La liberté disparaît-elle dans l'action ?
Publié le 07/11/2009
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Nous cherchons toujours des excuses à nos actions, nous voulons sans cesse expliquer les raisons de nos actes, en montrer la signification, identifier les causes qui en rendraient compte. On suppose donc derrière nos actions une liberté qui en rendrait compte et quand on essaie de l'identifier elle disparaît, justement car il n'y a de liberté que par et dans l'action et non une fois l'action accomplie.
Toute tentative de saisie rétrospective de la réalité de l'action qui objective la liberté, tout flash-back de l'action annule toute liberté et empêche de la découvrir. En effet, j'ai fait ce que je voulais, qui est aussi tout ce que je pouvais. J'en parle au passé, car ce qui est fait n'est plus à faire, la liberté n'a pas le pouvoir de revenir sur l'action, elle s'en exclut elle-même.
Il y a donc de la liberté dans l'action, le fait d'agir nous permet de ressentir cette liberté pleine et entière, mais dès que la conscience envisage l'action avant même qu'elle ait eu lieu ou qu'elle y revient dessus après l'avoir accompli, la liberté s'anéantit d'elle-même parce que nous n'avons aucun moyen de remonter à ses sources, nous l'éprouvons juste dans l'instant, dans le présent de l'action qui est sa seule garantie d'existence.
«
d'intention n'en est pas une, car le sujet se représente l'action comme un obstacle.Nous sommes libres chaque fois que nous prenons l'initiative, quand nous faisons débuter une série d'actions mêmesi elles s'inscrivent dans l'ordre des choses.
Si l'action ne s'incarnait pas dans des buts, des fins, des objectifs, nousne verrions aucun résultat de la liberté.La liberté ne s'exprime que dans et par l'action que si nous menions l'acte à son terme, si nous accomplissonstotalement le chemin de la liberté.Il y a donc une nécessité d'agir pour être libre, nous ne serons jamais libres tant que nous ne nous sentirons pasobligés d'agir spontanément.Bergson souligne ce rapport de la liberté et de l'action quand il affirme « on appelle liberté le rapport du moi concretà l'acte qu'il accomplit ».L'action est donc par quoi j'exprime ma liberté après m'avoir permis d'en prendre conscience.
Elle se réalise dans lepassage à l'acte et par l'acte lui-même, en effet l'Histoire laisse de nombreux témoignages: La prise de la Bastille estl'expression d'une entière liberté, l'homme s'arrache à sa condition pour construire un nouvel ordre des choses.Il n'y a donc de liberté qu'au présent, et ce présent n'est possible que dans la spirale infernale du passage à l'acte.Nous avons toujours été obligés d'agir, il ne peut y avoir de liberté dans une indifférence face à l'action, car celaserait une indifférence à la liberté elle-même.Pour Hannah Arendt « liberté et agir se définissent mutuellement », l'action apparait donc comme la seule conditionpar laquelle s'exprime ma liberté, et la liberté comme une garantie de l'action.Il n'y aurait donc de liberté qu'en situation comme le souligne Sartre « Il n'y a de liberté qu'en situation et il n'y a desituation que par la liberté », que dans le présent puisqu'il coïncide avec le passage à l'acte.
Etre libre comme lesouligne Sartre s'engage dans l'action c'est-à-dire qu'il se donne lui-même en gage.Face à cet engagement qui met en jeu toute sa liberté, le sujet s'angoisse, et commence à concevoir l'action avantmême de l'accomplir.
Mais la décision d'agir n'implique pas l'action, et la connaissance de l'intention nous laisseperplexe, il y aurait donc dans une certaine manière un anéantissement de la liberté non pas dans la réalisation del'action, mais dans son anticipation et dans le retour de la réflexion sur l'acte.
III) L'anéantissement de la liberté non pas dans l'action, mais dans son anticipation ou dans sa réflexivité La décision d'agir n'est pas une action, nous pouvons toujours la remettre, y renoncer ou l'anticiper.
Laprocrastination de la pensée anéantit la liberté avant même qu'elle ne puisse s'accomplir.
L'action est elle-mêmeanéantie, car elle est envisagée comme un obstacle insurmontable par la conscience.
La spontanéité qui faisaitl'essence même de l'action et de la liberté a totalement disparu.En effet, il n'y a pas d'action sans conséquence, ni sans cause et quand on cherche à expliquer les raisons d'agir, laliberté disparaît, car tout ce que nous faisons nous semble indispensable répondant à la seule nécessité.
La Libertén'est donc qu'une illusion quand la conscience envisage une autre action que celle accomplie.
Comme le soulignePaul Valéry la liberté est un pseudo concept « dès qu'on se demande inutilement s'il était possible d'agir autrement.Si être libre signifie faire autre chose que ce que l'on fait, la liberté n'est qu'un idéal.L'action s'inscrit dans la temporalité, et comme nous l'avons vu précédemment il n'y a de liberté que dans le présentde l'action.
Toute vision rétrospective de la liberté, toute réflexion sur l'action transforme la contingence ennécessité et font de la liberté une idée sans contenu.
Cette temporalité échappe à la conscience, au passé et aufutur il n'y a pas de liberté, car nous ne connaissons aucun moyen de remonter le temps ni de le faire avancer.Quand nous anticipons notre action ou que nous y revenons dessus, nous anéantissons toute possibilité de liberté,car ces désirs sont de l'ordre du fantasme.Nous cherchons donc des raisons à l'action comme le souligne Kant l'auteur de l'acte peut être considéré comme« ayant été entraîné par le torrent de la nécessité naturelle ».
En effet si nous reprenons l'exemple développé parKant au sujet d'un homme qui explique ses mensonges à cause de « sa mauvaise éducation », de la « sociétépernicieuse », c'est-à-dire autant de causes qui ôtent toute liberté.
Cette idée de déterminisme de l'action quisemble anéantir toute liberté nous la retrouvons chez Rousseau dans sa confession notamment quand il relatel'épisode du vol des pommes.Nous cherchons toujours des excuses à nos actions, nous voulons sans cesse expliquer les raisons de nos actes, enmontrer la signification, identifier les causes qui en rendraient compte.
On suppose donc derrière nos actions uneliberté qui en rendrait compte et quand on essaie de l'identifier elle disparaît, justement car il n'y a de liberté que paret dans l'action et non une fois l'action accomplie.Toute tentative de saisie rétrospective de la réalité de l'action qui objective la liberté, tout flash-back de l'actionannule toute liberté et empêche de la découvrir.
En effet, j'ai fait ce que je voulais, qui est aussi tout ce que jepouvais.
J'en parle au passé, car ce qui est fait n'est plus à faire, la liberté n'a pas le pouvoir de revenir sur l'action,elle s'en exclut elle-même.Il y a donc de la liberté dans l'action, le fait d'agir nous permet de ressentir cette liberté pleine et entière, mais dèsque la conscience envisage l'action avant même qu'elle ait eu lieu ou qu'elle y revient dessus après l'avoir accompli,la liberté s'anéantit d'elle-même parce que nous n'avons aucun moyen de remonter à ses sources, nous l'éprouvonsjuste dans l'instant, dans le présent de l'action qui est sa seule garantie d'existence.
L'action apparaît donc comme le seul moyen de prendre conscience de ma liberté, elle me la révèle comme le cogitode Descartes m'a révélé à moi-même.
Dans l'action je fais donc l'expérience de ma propre liberté, je l'éprouve alorsque jusqu'ici je la croyais absente.
La liberté n'est donc possible que dans et par l'action, c'est en agissant quej'exprime ma pleine et entière liberté.
Parce que mon action s'inscrit dans la temporalité, il n'y a de liberté qu'auprésent, et le fait d'anticiper ou de revenir sur l'acte anéantit toute liberté.
En effet, au passé comme au futur il nepeut y avoir de liberté, car une liberté d'intention n'en est pas une, seul le fait d'agir nous libère et nous permet de.
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