La liberté d'indifférence est le plus bas degré de la liberté de R. DESCARTES
Publié le 05/01/2020
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La liberté d'indifférence est le plus bas degré de la liberté
R. DESCARTES (1596-1650)
Si la liberté d'indifférence constitue bien, pour Descartes, la preuve de notre liberté, entendue comme libre-arbitre, elle n’en est que le plus bas degré.
Car, afin que je sois libre, il n’est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux contraires ; mais plutôt, d’autant plus que je penche vers l’un, soit que je connaisse évidemment le bien et le vrai qui s’y rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l’intérieur de ma pensée, d’autant plus librement j’en fais choix et je l’embrasse. Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l’augmentent plutôt, et la fortifient. De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d’aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu’une perfection dans la volonté ; car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ; et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent.
DESCARTES, Les Méditations, coll. «Bibliothèque de la Pléiade », IV, Éd. Gallimard, 1953, p. 305.
«
évidence, celle du «Je pense, je suis».
La suspension du
jugement est donc ce qui définit, en un premier sens, la
liberté d'indifférence.
Mais la liberté d'indifférence, en un deuxième sens, peut
exprimer non plus le doute volontaire, mais l'ignorance.
Dans
l'ignorance, je peux décider volontairement d'affirmer quelque
chose, sans raison suffisante de le faire.
Cette liberté, c'est
celle, en fait, de me tromper.
Elle est donc bien «le plus
bas degré de la liberté».
La forme accomplie de la liberté est non plus la liberté
d'indifférence, mais la liberté éclairée, que ce soit par la
lumière de la raison, ou par Dieu.
Descartes met ici sur le
même plan le vrai et le bien, l'erreur et le péché.
C'est par
ignorance que nous nous trompons, ou que nous péchons,
mais c'est volontairement aussi, car il ne tenait qu'à nous
de suspendre notre jugement ou notre action..
»
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