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La liberté de penser consiste-t-elle à penser ce que l'on veut ?

Publié le 07/04/2005

Extrait du document

Car en effet, notre liberté de penser ne prend vraiment sens et forme que pour autant qu'on peut l'exprimer. Or dire tout et n'importe quoi, de manière indifférente, est-ce que cela prouve, de manière effective, que je suis libre de penser ?   Problématique                On s'interroge ici clairement sur la définition de la liberté de penser. Il s'agit de savoir si cette dernière réside, comme on le pense communément, dans une capacité à penser tout et n'importe quoi de manière indifférente. Peut-on, en droit, définir cette liberté si fondamentale et si chère à l'individu, comme le pouvoir penser tout ce qu'on veut, indifféremment ? N'est-ce pas bien au contraire une négation de cette liberté de penser que d'en faire une simple capacité du « tout et n'importe quoi » ? N'est-ce pas dans la réflexion de la pensée sur elle-même que s'exprime le plus essentiellement notre liberté de penser ?   Plan   1)      La liberté de penser : un for intérieur imprenable   ·         Quelles que soient les pressions exercées sur l'individu  et les souffrances qu'on lui inflige, il reste maître de penser librement ce qu'il veut. Ainsi, un homme peut se plier extérieurement à la contrainte politique de son pays sous une dictature, et, en son for intérieur (cette expression désigne la conscience de chacun, l'espace inaccessible à autrui, où chacun est face à soi-même. Maintenant, on peut mettre en doute cette coupure absolue entre moi et l'extérieur, en ce sens que les deux se pense toujours ensemble), penser le contraire.

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Analyse du sujet

 

·         Eléments de définition =

® Liberté = selon le sens commun, est pleinement libre celui qui a la possibilité de réaliser sans aucun obstacle que ce soit, tous ses désirs. Il s'agit donc d'un pouvoir absolu de la liberté capable de se déterminer infiniment (cf. Descartes, Lettre à Mesland, 6 février 1645)

Lorsque le terme s'entend comme liberté spécifiquement humaine, ce terme reçoit habituellement des déterminations morales, psychologiques et politiques. La liberté morale serait donc le pouvoir idéalement défini de ne pas subir la contrainte des passions, des inclinations, ou de toute détermination qui ferait de l'homme un simple objet ou un esclave et non un sujet responsable de lui-même et de ses actes.

® Pouvoir de penser tout et n'importe quoi = il est claire que la liberté de penser semble, a priori, ne  devoir connaître aucune limite dans la pensée. Il faut ainsi faire la distinction entre une possibilité technique et une possibilité morale. D'un côté, on peut effectivement penser ce qu'on veut, tout et n'importe quoi. On retrouve ici la notion d'indifférence à travers laquelle on a défini plus haut la liberté. De l'autre côté, du point de vue non pas du fait mais du droit, penser tout et n'importe quoi, est-ce encore vraiment être libre de penser au sens fort du terme.

 

·         Angle d'analyse =

® La liberté de penser est revendiquée comme un droit, que ce soit au sein d'une communauté (famille, entreprise, etc.), ou à l'intérieur d'un Etat. Tous les totalitarismes impliquent la volonté du pouvoir de contrôler les esprits, de nier la liberté individuelle jusqu'à sa racine la plus profonde, la liberté de penser. En dépit de l'enjeu politique manifeste qu'elle représente, la notion de liberté de penser n'est pas si aisée à comprendre, dès lors qu'on cherche à la distinguer de la liberté d'expression. On sait parfaitement comment l'Etat peut contrôler les différents moyens d'expression (les médias). Mais comme expliquer l'idée d'un contrôle exercé sur cette activité intérieure et muette de chacun qu'est la pensée ?

® On se rend compte, à travers le « consiste-elle « que c'est la question de la définition précise et légitime de la liberté de penser en tant que telle qui est en jeu dans cette question. Il s'agit donc de savoir si notre capacité à penser tout et n'importe quoi correspond, par excellence, à ce qu'on appelle (et ce à quoi on tient tant)  « liberté de penser «.

® C'est donc la définition de la liberté de penser, conformément à son essence, qui est ici mise à la question. Si effectivement, cette capacité technique qui fait que je peux penser tout et n'importe quoi (même finalement ce que je ne pense pas réellement...) témoigne d'une liberté, définie comme une capacité infinie de la volonté qui peut se déterminer pour « tout et n'importe quoi « justement, est-ce pour autant l'expression l'essence de la liberté de penser.

® Il faut ainsi rappeler qu'on peut difficilement séparer, même si elles sont distinctes, la liberté de penser et la liberté d'expression. Car en effet, notre liberté de penser ne prend vraiment sens et forme que pour autant qu'on peut l'exprimer. Or dire tout et n'importe quoi, de manière indifférente, est-ce que cela prouve, de manière effective, que je suis libre de penser ?

 

Problématique 

 

            On s'interroge ici clairement sur la définition de la liberté de penser. Il s'agit de savoir si cette dernière réside, comme on le pense communément, dans une capacité à penser tout et n'importe quoi de manière indifférente. Peut-on, en droit, définir cette liberté si fondamentale et si chère à l'individu, comme le pouvoir penser tout ce qu'on veut, indifféremment ? N'est-ce pas bien au contraire une négation de cette liberté de penser que d'en faire une simple capacité du « tout et n'importe quoi « ? N'est-ce pas dans la réflexion de la pensée sur elle-même que s'exprime le plus essentiellement notre liberté de penser ?

« conséquent, nous sommes les maîtres absolus de notre pensée et de nos jugements.

La liberté depenser peut donc se définir comme un dialogue de soi avec soi, dialogue qui peut tout à fait, puisquenous en sommes le guide et le maître, porter sur tout et n'importe quoi (entendu comme tout ce qu'onveut, même) · On ne peut donc absolument pas me dicter, m'ordonner de penser ceci plutôt que cela, j'ai la capacité effective de penser ce que je veux, quand je le veux, je peux librement penser tout etn'importe quoi.

Cependant, cette possibilité technique fait-elle droit ? N'est-ce pas bien plutôt unobstacle à la liberté de penser définie dans ce qu'elle a d'essentiel ? 2) La liberté de penser : une libération · L'opposition entre l'intérieur et l'extérieur, entre le propre et l'étranger, on manque une dimension importante : la constitution de la personnalité de chacun.

Celle-ci implique l'apprentissage du langage,des codes sociaux, etc.

Avant de pouvoir se poser la question de notre libre pensée, l'éducation aprovoqué une intériorisation de la culture du milieu (personnel, professionnel, etc.) dans lequel on vit.Affirmer que sa liberté de penser consiste donc à penser tout et n'importe quoi, c'est du même coupaffirmer que cette pensée n'est pas libérée (à travers une réflexion sur elle-même) des préjugés. · La « Première Méditation » de Descartes, ainsi que le début du Discours de la méthode ou des Principes, montrent comment toute affirmation de sa pensée en première personne commence par unemise en doute radicale de tout (ce « tout et n'importe quoi » justement) ce qui été reçu passivementdes autres.

Parce que nous avons été enfants avant d'avoir été des adultes dotés d'une raisonindépendante, toute tentative de juger par soi-même se confronte à du « déjà jugé », à du « déjàpensé ».

On comprend alors qu'on ne peut, en droit, faire consister la liberté de penser en pouvoir depenser tout et n'importe quoi car cela reviendrait à opérer sur des préjugés, des opinions qui noussont bien plus inculqués (plutôt que nous en soyons les auteurs).

Or on ne peut pas faire consister laliberté de penser dans une passivité de la pensée. · La critique du préjugé a ainsi une signification profonde.

Dans le préjugé, je crois penser et juger, alors que les autres jugent et pensent à travers moi.

Affirmer sa liberté c'est donc se ré-approprier sapensée.On peut ainsi faire référence à la définition kantienne de la liberté de penser ® Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? On pense d'abord qu'elle s'oppose à la contrainte civile, puis qu'elles'oppose à la contrainte exercée par la conscience.

Or en réalité « En troisième lieu, la liberté depenser signifie que la raisonne se soumette à aucune autre loi que celle qu'elle se donne à elle-même.Et son contraire est la maxime d'un usage sans loi de la raison » ® si absence de loi « la liberté de penser y trouve sa perte » « et puisque ce n'est nullement la faute d'un malheur quelconque, maisd'un véritable orgueil, la liberté de penser est perdue par étourderie au sens propre de ce terme.

» 3) Liberté de penser : contre ou avec les autres ? · On voit qu'on peut difficilement éviter, lorsqu'on cherche à définir la liberté de penser, la question de la liberté d'expression.

Définir la liberté de penser comme pouvoir de penser, mais donc à fortiori dedire, tout et n'importe quoi pose un problème fondamental.

La genèse de ma personnalité dansl'éducation remet en question l'évidence d'une coupure entre ma pensée intérieure et l'extériorité dece qui vient des autres.

Penser librement ne peut pas vouloir dire penser sans les autres ou contre lesautres (justement pour prouver cette soit disant liberté de penser ainsi mal définie).

L'articulation dema pensée dans un langage, fût-il intérieur, m'oblige d'emblée à donner une forme commune à mapensée. · Comprendre le sens de la liberté de penser passe ainsi par une réflexion sur la définition de la liberté.

Il apparaît que la liberté de penser ne se définit pas tant par opposition avec une contrainteextérieure, que par une autonomie de pensée.

Il ne s'agit pas de s'exclure de la communauté, mais depenser par soi-même.

Et penser par soi-même ce n'est pas penser tout et n'importe quoi mais êtreautonome, c'est-à-dire se donner à soi-même sa propre règle.

La véritable liberté de penser consisteen une réflexion de la penser sur elle-même et par elle-même, elle est donc activité (activité qui nese retrouve pas dans un « tout et n'importe quoi », qui procède bien plus d'une indifférence, et doncd'une passivité). · Penser par soi-même ne signifie pas alors se livrer à son caprice individuel, mais se donner des principes et des règles de pensée, que l'on peut partager avec tout homme dans un dialoguerationnel. Conclusion Il semble que de fait ma liberté de penser puisse s'exprimer par sa capacité à penser tout et n'importe quoi.

Pourautant, cette possibilité technique ne fait pas droit.

Cette liberté de penser n'est pas légitime par essence.

La véritéde penser, en tant que telle, consiste bien au contraire dans la réflexion de la pensée sur elle-même afin depermettre la distance et donc le jugement actif.

La liberté de penser consiste donc dans le fait de se donner une loi,une règle orientant la pensée, mais une loi qu'on se donne à soi-même.

Dans ce cas, la liberté de penser ainsi. »

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