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La liberté de penser consiste-t-elle à penser ce que l'on veut ?

Publié le 08/02/2004

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La liberté de penser est donc sacrée, inviolable. Mais qu'entend-on par penser ? Descartes, dans sa deuxième Méditation métaphysique, définit la pensée par la faculté de « douter, concevoir, affirmer, nier, vouloir, ne pas vouloir, imaginer aussi et sentir ». Si penser revient à vouloir, il est donc logique que la liberté de penser consiste à penser ce que l'on veut.En plus d'être un droit fondamental - « nul ne peut être inquiété pour ses convictions et ses opinions », est-il inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen -, la liberté de penser est une garantie d'un bon exercice de la volonté. Être libre, c'est être maître de sa liberté. Penser, c'est contrôler ses pensées. On comprend donc pourquoi penser ce que l'on veut, penser ce que l'on choisit de penser, c'est immanquablement garantir sa liberté de penser.Du reste, c'est parce qu'elle est libre que la pensée est créative et plus généralement facteur de progrès pour l'esprit humain. Renoncer à penser, c'est refuser d'honorer son humanité.

« [III.

La liberté de penser est pourtant nécessaire] Condamner une mauvaise pensée, garantir la sécurité de tous, c'est important.

Mais l'homme ne doit pas sous-estimer la faculté de donner libre cours à une pensée, quand bien même celle-ci serait condamnable puisqu'elle peuts'avérer être libératrice et finalement curative.

La psychanalyse nous offre l'exemple d'une guérison par la parole quipasse nécessairement par une pensée à ce point libre qu'elle doit pouvoir échapper à tout contrôle et toutecensure.

Le principe de l'« association libre » consiste à laisser le patient s'exprimer sans aucune espèce de retenue,afin que son discours puisse révéler malgré lui un sens caché qui sera peut-être l'expression même d'un traumatisme.Ici, la liberté de penser sans mesure ni tabou, est condition de possibilité de toute guérison.

La pensée devient alorslibératrice et permet au patient de livrer les mystères et les secrets de son inconscient, sans que lui-même puisseavoir une quelconque maîtrise de son discours.

Refuser à la pensée la possibilité de se libérer, c'est accentuer,augmenter et finalement aggraver le refoulement.

Le refoulement est une défense face à un traumatisme qui, loin desoulager le patient, finit par aggraver l'abcès.

On comprend donc qu'il est urgent dans ces cas-là de laisser lepatient user de la liberté de penser ce qu'il veut, ce qui lui plaît.

Certains diront qu'ici la volonté n'est pas l'oeuvred'une vigilance consciente, mais qu'elle est le fruit d'une sélection inconsciente.

Quoi qu'il en soit, la liberté depenser ce que l'on veut s'apparente dans son principe à un remède.

La liberté de penser est donc salutairepuisqu'elle vient soulager celui qui souffre.

La pensée peut en effet être source de souffrance au point de perturberl'équilibre psychique d'un individu.

Du reste, exercer librement sa faculté de penser, son imagination, c'est garantir labonne constitution d'une identité, d'une personnalité.Enfin, n'oublions pas qu'une pensée de l'absurde est parfois digne de l'éloge.

La pensée peut être de deux sortes :elle peut être logique pour former un raisonnement, mais elle peut être aussi intuitive, poétique et créative.

En cesens, elle échappera à toute rationalité.

Les courants artistiques, tel que le surréalisme par exemple, font l'éloged'une pensée qui échappe à toute rationalité et qui situe sa liberté dans l'absence de tout formalisme, de toutacadémisme.

Mais plus encore, considérons avec attention la folie : elle est spécifiquement humaine et pourtant ellerésulte d'une décadence de la raison.

La folie participe donc à l'humanité tout en l'abîmant.

La pensée de l'absurdepeut devenir une absurdité de la pensée, lorsque la volonté finit par s'oublier dans les bras de la licence et del'inconscience. [Conclusion] En définitive, au terme de notre réflexion, il est important de constater que la liberté de penser n'est pas àcondamner catégoriquement.

Elle est certes risquée, mais elle est la condition d'une possibilité de progrès pourl'esprit humain.

En un mot, penser ce que l'on veut revient à garantir une liberté de penser qui doit veiller cependantà ne pas compromettre la liberté de penser.

Penser la liberté, c'est déjà exercer sa liberté de penser.C'est pourquoi il est apparu avec force qu'un exercice libre de la pensée était salutaire pour la condition humaine,qu'il s'agisse de poésie, d'art ou de psychanalyse.

Mais n'oublions pas qu'en abusant de sa liberté de penser,l'homme peut toujours tomber dans un délire qui le conduira à ruiner son humanité.

Pourtant, s'il n'évacue pas sondélire, l'homme est névrosé.

On comprend ainsi pourquoi la liberté de penser, d'un enjeu moral puis politique, estdevenue finalement un enjeu existentiel. Analyse du sujet Don Juan professe la liberté de mœurs et de pensée.

Libertin dans l'âme, il n'admet de règles que celles de sa raison, et ilconsidère au plus haut point que sa liberté dépend du libre usage de ses facultés spirituelles, c'est-à-dire que sa penséeest l'outil qui donne à sa volonté les moyens de sa réalisation.

Pourtant, son destin est tragique, puisqu'il paie finalementde sa vie le prix de son audace de pensée.

Faute de s'être plié aux règles morales, et parce qu'il a défié l'ordre des choseset s'est finalement égaré par la pensée, il subit le sort funeste dont le menaçait la statue du commandeur. Être libre de penser, est-ce alors penser ce que l'on veut ? L'exemple de Don Juan montre l'ambiguïté d'une telle phrase.Sa liberté s'affirme dans le fait qu'il pense ce qu'il veut, mais son sort funeste paraît témoigner de l'illusion que constituaitce type de liberté.

Se pose ici le problème de savoir si, par nature, la pensée répond à des règles, ou si au contraire elleest une forme purement indéterminée, qui pourrait alors être l'instrument totalement plastique de la volonté. Nous nous attacherons à montrer tout d'abord que l'homme, comme être de conscience, dispose d'une capacité de penséequi est un pouvoir de traduction et d'interprétation de son monde, qu'il peut dès lors plier librement à ses volontés (I).Nous chercherons toutefois à mettre au jour les limites de cette liberté de pensée, dans la mesure où l'esprit estinlassablement confronté à la résistance de ce qui est à penser, ce qui conduit à reconnaître que l'esprit ne peut penser cequ'il veut (II).

Néanmoins, nous en viendrons à montrer que les contraintes de l'esprit ne sont pas tant des limitesimposées à la volonté, qu'une manière de la libérer de ses errements, ce qui nous permettra d'affirmer que la liberté depensée correspond bien à l'usage libre d'une volonté cohérente (III).. »

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