La justice a-t-elle pour fonction de compenser les inégalités naturelles ?

« de la justice pour poser la question de savoir si une de ses fonctions ne serait pas d'abolir les sources d'injusticesculturelles. B.

Plan : I.

Comment se forment les inégalités, quand intervient l'institution de justice ? 1.

Le lieu où se forment les inégalités entre les hommes est le groupe social institué, c'est-à-dire la société.

Eneffet, toute société est un groupe d'hommes qui manifeste deux caractères antagonistes : la spécialisation desrôles, des formes de travail, des modes de production et de satisfaction des besoins entraîne des hiérarchies entreles fonctions et les rôles sociaux ; cette non-équivalence se reporte sur ceux qui assument ces fonctions ou cesrôles, et elle est rendue juste, acceptable par des critères d'utilité, d'habileté, de «dons» intellectuels ou manuels.Cette spécialisation entraîne la nécessité de l'échange, de la coopération pour que le groupe vive en cohésion avecpour critères : la sûreté, la sécurité intérieure et extérieure.2.

Les premières sources d'inégalité sont donc la société en tant que groupe dans lequel s'équilibrent des forces depression et de résistance.

L'équilibre est maintenu par une liaison nécessaire entre hiérarchie et échanges quis'exprime dans la règle dont la fonction est de régulariser les rapports, créer les échanges, solutionner les tensions.3.

Une des premières fonctions de la règle est ainsi de rendre juste les rapports hiérarchiques et les rapports decoopération.

La justice légalise alors des inégalités nées des hiérarchies, elle calcule le mérite ou le démérite dechacun selon son rang social, socioprofessionnel.

Elle rend juste un état de fait, elle maintient ainsi les inégalités.Transition :II s'agit à ce niveau non de compenser, mais d'institutionnaliser les inégalités pour rendre réguliers les rapportsd'échange entre individus, pour permettre à la société de durer. II.

Qu'en est-il alors de l'institution de Justice ? 1.

Cette justice se matérialise dans des Organes qui ont pour rôle de faire respecter le code, qui assurentl'application du droit et lui confèrent son efficacité : les polices et les tribunaux qui énoncent les sanctions selon descritères définis dans le droit, critères de compensation ou de réparation, calculés selon des normes économiques.2.

Ainsi les inégalités de fonction sont rendues justes par des institutions ou codes et ceux-ci ont pour effet dereproduire ces inégalités à un autre niveau, de les perpétuer et de les redoubler.3.

Cependant les institutions essaient de s'équilibrer entre elles ou de compenser les inégalités produites par l'une oul'autre.

En effet, les inégalités de fonctions entraînent des inégalités de chances de développement des individus :il.

y a corrélation par exemple entre l'appartenance socioculturelle des enfants et leur réussite scolaire ; cetteinégalité est en principe corrigée par l'institution École.

Or selon Bourdieu, l'action de l'École tend à consacrer pardes sanctions les inégalités initiales dans la culture. Transition :Nous pouvons souligner l'échec de l'intention de compensation qu'il peut y avoir dans des institutions qui constituentla justice d'un pays. III.

Quels sont alors les statuts possibles de la justice ? 1.

En tant qu'institution, la justice est une convention collective déterminée par un contexte socioéconomique, Marxdirait par l'infrastructure économique.

Par là même, elle est historique et soumise à une évolution de l'économie.Dans la mesure où les institutions juridiques ne se transforment pas au même rythme que les institutionséconomiques (celles-ci évoluant au rythme des moyens techniques de production) il apparaît des risques de conflitentre différents niveaux d'une société ; ils seront d'autant plus grands que les transformations économiques serontimportantes et rapides.

A ce moment la justice apparaîtra, à ceux qui la vivent, une injustice.

On opposera alors-lelégal au légitime, le rationnel au raisonnable (ex.

: la revendication des salaires).2.

Sous la pression des réalités socioéconomiques, le cadre juridique de la production risque d'éclater ; cettepression entraîne une prise de conscience des formes d'injustice et de la capacité que l'on a de transformer laréalité de la possibilité de faire l'Histoire.

La Justice devient alors le symbole pour l'acquisition de nouveaux droits.Apparaît l'idée d'une justice plus juste qui se réfère non à la réalité socioéconomique mais à l'homme considérécomme valeur ; une Justice, qui devient la Valeur, le pôle de référence qui engendre une action collective pourtransformer les réalités existantes.3.

Cette Justice s'oppose alors à la précédente comme l'ordre des choses à l'ordre des valeurs.

Sa fonction n'estplus de compenser, faire accepter, mais elle consiste dans sa finalité à la fois historique et transhistorique :promouvoir une action collective qui engendre une transformation des institutions de justice existant à un momentdonné.

Elle met à jour des conflits qui obligent celui devant parler en société au nom de tous à produire de nouvellesinstitutions qui remplacent les précédentes révélées injustes.

Cette autorité qui est celle de la Volonté générale oudu contrat social collectif {cf.

Rousseau) est l'Autorité politique.

La Justice apparaît alors comme la fonction duPolitique.

Ne sera juste qu'une institution pour laquelle l'Autorité sera capable publiquement de prouver qu'elle araison et non pas de «bonnes raisons».

La justice ne sera essentiellement juste que si l'Autorité qui l'énonce,énonce en même temps l'accord général des volontés, énonce la légitimité dans la légalité. C.

Conclusion : Résumé :. »