La Justice
Publié le 27/05/2024
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«
La justice
Etymologie.
La justice du latin « justitia,ae » provenant de « justus » qui signifie « conforme au droit », « Justice » a pour
première racine, « jus - juris » « le droit » au sens de permission, dans le domaine religieux : « formule
religieuse ayant force de loi ».
Son étymologie est parente avec le verbe « jurare », « jurer » qui désigne une
parole sacrée, proclamée à haute voix.
La proximité entre ius et iurare, « jurer », manifeste que c'est toujours le « prononcé » qui est constitutif du
droit.
Aujourd'hui encore, le juré, tout comme le témoin, prête serment en répétant la formule à prononcer, et
il revient au juge (iudex) de dire le droit » car seul le « prononcé » du jugement fait foi.
Le juge est ainsi un
arbitre, arbiter, sur arbitror, « juger » au sens de « être témoin », « arbitrer » et tout simplement « penser ».
On tient là, comme constitutifs de la justice, d'une part le lien entre religion, droit et parole ; d'autre part le lien
entre le droit positif, déposé dans les codes et les lois, et l'arbitrage, voire le libre arbitre, du juge qui pense le
cas, évalue, décide, et juge en équité.
Le jugement judiciaire ou juridique et le jugement qui relève de ce que
Kant appelle la « faculté de juger » sont ainsi à penser ensemble.
La justice est la vertu politique par excellence, précisément parce qu'elle « désigne » à chacun sa part.
En tant qu’idéal, la justice est un principe philosophique, juridique et moral en vertu duquel les actions
humaines doivent être sanctionnées ou récompensées.
La justice est un idéal souvent jugé fondamental pour
la vie sociale et la civilisation.
Quoique la justice soit un principe à portée universelle, le juste apparaît pouvoir varier en fonction de facteurs
culturels.
Les sanctions ou les récompenses se distribuent en fonction du mérite des actions humaines au
regard du droit, de la morale, de la vertu ou autres sources normatives de comportements.
Enfin, en tant qu’institution, la justice est jugée fondamentale pour faire respecter les lois de l’autorité en place,
légitime ou pas.
En tant qu’institution, la justice est censée punir quiconque ne respectant pas une loi au sein
de sa société avec une sanction.
Cette sanction a pour but d’apprendre la loi au fautif et parfois de contribuer
à la réparation des torts causés à autrui, au patrimoine privé ou commun ou à l'environnement.
Le droit, (du latin directus, « sans courbure ») désigne l’ensemble des lois et des règles qui dirigent la vie en
société.
Il peut être « naturel » (dérivant de la nature des choses) ou « positif » (créé par l’homme).
Les symboles de la justice sont la balance et le glaive.
Car dans l'Egypte ancienne, selon le mythe, les
hommes subissent, après leur mort, le jugement d'Osiris : on place leur cœur dans un plateau de la balance,
et une plume dans l'autre plateau.
Si le cœur est plus lourd que la plume, c'est que l'homme, au cours de sa
vie, ne s'est pas suffisamment élevé vers la vertu, il est resté englué dans la pesanteur de la terre et de la
chair.
Un affreux monstre vient alors le dévorer.
Seuls ceux dont le cœur est plus léger qu'une plume peuvent
entrer au paradis.
Le glaive sert à trancher, et à trancher droit.
La justice ne doit pas seulement évaluer, peser
le pour et le contre, elle doit aussi décider.
Un autre exemple de justice divine : Eschyle
Le tragédien grec Eschyle (-525 env.--456) croit, lui aussi, en la justice divine.
Et en particulier lorsqu'il s'agit
de fautes mettant en cause soit le respect des dieux soit la vie des humains.
Ses vers résonnent un peu
partout du nom des Érinyes, les déesses vengeresses attachées à poursuivre le crime.
Et à chaque instant il
répète que toute faute est un jour châtiée ; « Nul rempart ne sauvera celui qui, enivré de sa richesse, a
renversé l'auguste autel de la Justice ; il périra.
».
C'est la vieille croyance grecque à la némésis, mais revue
et rendue plus morale.
Car, pour Eschyle, les dieux ne punissent plus simplement ceux qui s'élèvent trop haut :
ils punissent une faute, ils incarnent la justice.
Cela ne veut pas dire que tout soit aisé à comprendre.
Eschyle, qui n'a cessé de s'interroger sur les voies de
cette justice, le sait mieux que personne : « Le désir de Zeus n'est point aisé à saisir.
Mais, quoi qu'il arrive, il
flamboie soudain, parfois en pleines ténèbres, escorté d'un noir châtiment, aux yeux des hommes éphémères...
Les voies de la pensée divine vont à leur but par des fourrés et des ombres épaisses, que nul regard ne saurait
pénétrer...
»
Par ailleurs, les dieux prévoient loin.
S'il est un mortel qu'ils veuillent perdre, ils lui dressent des pièges,
contribuent à son égarement, et l'orientent alors aisément vers la faute qui le perdra.
On a donc raison d'avoir peur, de guetter le sens moral de nos actes.
Et l'on doit d'autant plus trembler que
ces mêmes dieux d'Eschyle, une fois la faute commise, ne limitent pas leur colère à l'auteur de cette faute.
La
culpabilité d'un individu s'étend à tous ceux de son sang et se poursuit sur plusieurs générations après lui.
Si
bien qu'à chaque nouveau malheur les hommes se tournent, inquiets, vers ce passé dont ils ont hérité et qu'ils
n'ont jamais fini de payer.
1
1.
Nous ne pouvons pas nous passer du droit naturel.
1.1 Pour être juste, il faut d'abord se régler sur la nature, et non sur la règle de droit.
Légal / légitime : le droit n'est pas forcément juste, selon Cicéron, il établit des normes juridiques qui dictent
ce qui est légal ou illégal.
Mais seul notre sens naturel de la justice fournit la règle pour dire ce qui est légitime
ou non, c'est-à-dire conforme au sentiment naturel et universel de la justice.
Ce qu'il y a de plus insensé, c'est de croire que tout ce qui est réglé par les institutions ou les lois des peuples est
juste.
[...] Si la volonté des peuples, les décrets des chefs, les sentences des juges faisaient le droit, pour créer le
droit au brigandage, à l'adultère, à la falsification des testaments, il suffirait que ces façons d'agir eussent le suffrage
et l'approbation de la multitude.
Si les opinions et les votes des insensés ont une puissance telle qu'ils puissent
changer la nature des choses, pourquoi ne décideraient-ils pas que ce qui est mauvais et pernicieux sera désormais
tenu pour bon et salutaire ? Ou pourquoi la loi qui, de l'injuste peut faire le droit, ne convertirait-elle pas le mal en
bien ? C'est que, pour distinguer une bonne loi d'une mauvaise, nous n'avons d'autre règle que la nature.
Et non
seulement la nature nous fait distinguer le droit de l'injustice, mais, d'une manière générale, les choses moralement
belles de celles qui sont laides ; car une sorte d'intelligence, partout répandue, nous les fait connaître, et incline
nos âmes à identifier les premières aux vertus, les secondes aux vices.
Or croire que ces distinctions sont de pure
convention et non fondées en nature, c'est folie.
Cicéron, Des Lois (52 av.
J.-C), Livre I, § 15 et 16.
Rien de ce qui est de droit humain ne saurait déroger à ce qui est de droit naturel ou de droit divin.
Or selon l'ordre
naturel institué par la divine providence, les réalités inférieures (1) sont subordonnées à l'homme, afin qu'il les utilise
pour subvenir à ses besoins.
Il en résulte que le partage des biens et leur appropriation selon le droit humain ne
suppriment pas la nécessité pour les hommes d'user de ces biens en vue des besoins de tous.
[...] Or le nombre
de ceux qui sont dans le besoin est si grand qu'on ne peut pas les secourir tous avec les mêmes ressources, mais
chacun a la libre disposition de ses biens pour secourir les malheureux.
Et même, en cas de nécessité évidente et
urgente où il faut manifestement prendre ce qui est sous la main pour subvenir à un besoin vital, par exemple quand
on se trouve en danger et qu'on ne peut pas faire autrement, il est légitime d'utiliser le bien d'autrui pour subvenir
à ses propres besoins ; on peut le prendre, ouvertement ou en cachette, sans pour autant commettre réellement
un vol ou un larcin.
Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique,1485.
1.
Saint Thomas désigne par là tout ce qui relève des possessions et jouissances matérielles destinées à satisfaire certains besoins.
Quand il n'y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la Justice ; c'est-à-dire faire nos efforts pour ressembler à cet être dont nous avons une si belle idée, et qui, s'il existait, serait nécessairement juste.
Libres que nous
serions du joug de la religion, nous ne devrions pas l'être de celui de l'équité.
Voilà, Rhédi,....
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