La guerre de chacun contre chacun. Hobbes
Publié le 19/03/2020
Extrait du document

« De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur (...) En effet, même si en tous les endroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer de là qu’il doit en être ainsi. L’art d’établir et de maintenir les républiques repose, comme l’arithmétique et la géométrie, sur des règles déterminées, et non comme le jeu de paume, sur la seule pratique. »
« Il apparaît clairement par là, qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition que l’on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. »
«De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l’espoir d’atteindre nos fins. C’est pourquoi, si deux hommes désirent la même chose, sans qu’il soit possible qu’ils en jouissent tous deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin [...] chacun s’efforce de détruire ou de dominer l’autre. »
« Il apparaît clairement par là, qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition que l’on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. »
«Néanmoins, tout bien considéré, ia différence d’un homme à un autre n’est pas si considérable qu’un homme puisse de ce chef réclamer pour lui-même un avantage auquel un autre ne puisse prétendre aussi bien que lui. »

«
194 / Guerre
passé table rase et place la conscience, l'homme conçu
comme volonté autonome, au centre de l'univers.
Hobbes est en un sens l'héritier politique de cette dou
ble fracture religieuse et métaphysique.
La Révolution
anglaise, qui l'obligera à
se réfugier à la cour de Louis
XIV, l'assure que les fondements traditionnels de la
politique sont vermoulus, et qu'il faut accomplir en
politique ce que Descartes a accompli en métaphysi
que : une contestation radicale de la tradition et de
l'histoire, et une nouvelle fondation, rationnelle, cette
fois, de
l'Etat:
« De toute manière, un argument tiré de la pratique des
hommes est sans valeur[
...
] En effet, même si en tous
les endroits du monde les hommes établissaient sur le
sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait
inférer de là qu'il doit en être ainsi.
L'art d'établir et
de maintenir les républiques repose, comme l'arithmé
tique et la géométrie, sur des règles déterminées, et non
comme le jeu de paume, sur la seule pratique.
»
L'expérience cruciale de la guerre civile, la montée de
l'individualisme, la rupture des anciennes solidarités
sociales, invitent Hobbes à penser qu'en dehors
d'un
pouvoir commun fort, les hommes vivent en rivalité,
défiants
les uns vis-à-vis des autres, dans un état de sus
picion, sinon de guerre.
« Il apparaît clairement par là, qu'aussi longtemps que
les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les
tienne tous en respect, ils sont dans cette condition que
l'on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de
chacun contre chacun.»
Cherchant les fondements d'une autorité légitime, et
les causes de la vie sociale, Hobbes reconstitue ce que
l'on nomme l'état de nature.
L'état de nature est un état
fictif, correspondant
à ce que vivraient les hommes si
chacun jouissait de sa liberté naturelle.
Hobbes en effet
1 i.
»
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