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LA GENÈSE DE L'INVENTION

Publié le 16/03/2011

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   A) L'explication par l'analogie et l'association par ressemblance    a - Thèse de Ribot.    « L'élément essentiel, fondamental, de l'imagination créatrice dans l'ordre intellectuel, c'est la faculté de penser par analogie, c'est-à-dire par ressemblance partielle et souvent accidentelle. Nous entendons par analogie une forme imparfaite de la ressemblance; le semblable est un genre dont l'analogie est une espèce. L'association par ressemblance suppose un travail mixte d'association et de dissociation; c'est une forme active, aussi est-elle la source principale des matériaux de l'imagination. «    Il complète cette explication par l'appel à un facteur qui explique non plus les matériaux, mais leur synthèse; ce qui va donner forme aux matériaux, le principe d'unité c'est un « idéal «.

« B) L'explication par la synthèse Certains, par réaction contre Ribot, et par exemple Delacroix, proposent une explication par la synthèse.

D'une part,l'invention leur apparaît comme l'œuvre de l'activité totale de l'esprit; pour y arriver, toutes les facultés collaborent :l'invention ne résulte pas du jeu isolé de quelques éléments de l'esprit; d'autre part, le résultat de l'invention,l'œuvre, constitue une forme nouvelle dans laquelle les éléments composants perdent leur individualité, l'union deséléments aboutit à la fabrication d'êtres supérieurs aux éléments : il y a donc un double aspect de totalité, dansl'esprit et dans l'œuvre. Il n'y a rien à reprocher à une telle description, sinon de n'être qu'une description, et non pas une explication :comment y a-t-il composition, articulation, coordination des éléments qui donnent naissance à la totalité : c'est ceque Delacroix ne dit pas. C) Explication par le schéma dynamique : Bergson. Bergson écrit dans l'Énergie Spirituelle : « Comme l'a fait remarquer M.

Ribot, créer imaginativement est résoudre unproblème : or, comment résoudre un problème autrement qu'en le supposant d'abord résolu? On se représente, ditM.

Ribot, un idéal, c'est-à-dire un certain effet obtenu, et on cherche alors par quelle combinaison d'éléments ceteffet s'obtiendra; on se transporte d'un bond au résultat complet, à la fin qu'il s'agit de réaliser; tout l'effortd'invention est alors une tentative pour combler l'intervalle par-dessus lequel on a sauté, et arriver de nouveau àcette même fin, en suivant cette fois le fil continu des moyens qui la réaliseraient.

Mais comment apercevoir ici la finsans les moyens, le tout sans les parties? Ce ne peut être sous forme d'image, puisqu'une image qui nous ferait voirl'effet s'accomplissant nous montrerait, intérieurs à cette image même les moyens par lesquels l'effet s'accomplirait.Force nous est donc bien d'admettre que le tout s'offre comme un schéma. L'inventeur qui veut construire une certaine machine se représente le travail à obtenir; la forme abstraite de cetravail évoque successivement dans son esprit, à force de tâtonnements et d'expérience, la forme concrète desdifférents mouvements composants qui réaliseraient le mouvement total, puis celle des pièces et des combinaisonsde pièces capables de donner ces mouvements partiels; à ce moment précis, l'invention a pris corps, lareprésentation schématique est devenue une représentation imagée.

L'écrivain qui écrit un roman, l'auteur qui créedes personnages et des situations, le musicien qui compose une symphonie et le poète qui fait un poème, tous ontd'abord dans l'esprit quelque chose de simple et d'abstrait, je veux dire d'incorporel; c'est pour le musicien ou lepoète une impression neuve qu'il s'agit de dérouler en sons et en images, c'est pour le romancier ou le dramaturgeune thèse à développer, un événement, un sentiment individuel ou social à matérialiser en personnages vivants.

Ontravaille sur un schéma du tout, et le résultat est obtenu quand on arrive à une image distincte des éléments.

» Bergson apporte des précisions importantes, mais une dernière question subsiste : comment se forme ce schéma?Par conséquent, il y a lieu de remonter plus haut que ne le fait Bergson dans la genèse même de l'invention. D) L'explication par la structure : la théorie de la forme. Les partisans de la « psychologie de la forme » pensent que l'invention consiste toujours dans un remaniementstructural des données initiales : nous avons déjà cité l'anecdote du jeune mathématicien Gauss : le maître avaitdemandé le total des huit premiers nombres, et presque aussitôt il répond : « 36 »; étonné de cette rapidité, lemaître demande à Gauss comment il est parvenu à ce résultat : il n'avait pas suivi la méthode habituelle, mais s'étaitaperçu que dans cette série, la somme du premier et du dernier chiffre égalait 9, la somme du second et de l'avant-dernier aussi, etc...

L'invention avait donc bien consisté à remanier la structure même du problème, à lui donner unenouvelle figure; c'est, disent les partisans de la Gestalt, la règle de toute invention.

Dans un problème de géométrie,cette restructuration se fait quelquefois à l'aide de nouvelles lignes ajoutées, elle se fait quelquefois aussi sans leurintervention; il s'agit de penser qu'une certaine ligne a plusieurs fonctions, par exemple que l'hypoténuse est enmême temps diamètre du cercle circonscrit; il faut décentrer la vision primitive, et donner de nouvelles fonctions auxfigures établies. Or si les exemples des mathématiques sont probants, le problème peut être illustré de la même façon quant auxinventions pratiques : c'est ce que montrent les expériences de Dunker : sur une table se trouvent divers objets,bille, boîtes d'allumettes, pinces, poids, épingles, etc...

Dans une première expérience, un objet est présenté d'aborddans une fonction Fx : la pince est employée pour arracher un clou; tout à l'heure il faudra s'en servir comme d'unmarteau; la table de logarithme est d'abord employée pour un calcul, et tout à l'heure devra servir de support aucontrepoids.

Dans un second type d'expérience cette utilisation préalable de n'a pas lieu, c'est d'emblée que leproblème posé exige l'utilisation des outils dans un emploi qui n'est pas normal. La solution du problème est bien plus facile dans le deuxième type que dans le premier : l'usage antérieur de l'objetdans une fonction entrave l'invention dans laquelle une autre fonction doit intervenir; de même la fonction habituellede l'objet rend la fonction insolite plus difficile à découvrir; trouver une nouvelle fonction rationnelle de l'objet estplus difficile s'il n'a qu'une fonction ordinaire que s'il a déjà plusieurs usages; même difficulté quand la nouvellefonction qu'il faut percevoir est ordinairement remplie par une seule sorte d'objets qui en a le monopole.

C'est que lafonction ne fait pas que garder ou associer des images, mais apporte à la représentation de l'objet un véritablechangement structurel; la découverte dépend d'une libération de ces fins préalables, d'une structuration nouvelle,sous l'influence du problème : les difficultés sont du même ordre que celles du problème de mathématiques : des. »

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