La généalogie de l'angoisse chez Sartre
Publié le 20/01/2014
Extrait du document


«
Nous le savons, la réception de la philosophie sartrienne s’est faite sous l’égide
de l’angoisse.
Il faut rappeler que l'angoisse a été perçue comme étant au cœur de
l'existentialisme en général et de l'existentialisme sartrien en particulier.
C’est
pourquoi l’angoisse a été, lors de l’accueil de L’ Être et le Néant , sinon le thème,
du moins l’une des thématiques les plus débattues de la pensée de Sartre, tant par
ses zélateurs que par ses détracteurs.
Cependant, fait d’autant plus étrange, suite à
la première vague de gloses, de pamphlets, d’interprétations, l’angoisse se voit
éradiquer au fur et à mesure des mouvements successifs de commentaires.
Certes,
nombreux sont les commentateurs du philosophe qui ont proposé une réflexion
critique sur l’angoisse, mais ils lui ont consacré un paragraphe ou, au mieux, un
chapitre sans vraiment l’analyser dans sa genèse.
C’est cette lacune que nous
voudrions combler.
L'angoisse es t certainement le concept le plus approprié pour cerner l'évolution
de la pensée sartrienne, y compris dans les textes tardifs où l'angoisse n'apparaît
plus avec la même force comme la Critique de la raison dialectique.
L'idée de
départ, que l'on se propos e d'étayer, est que pas plus Sartre ne s'est contenté de
transposer sur un plan moral l'angoisse kierkegaardienne, pas plus Sartre ne s'est
confiné dans un reprise à peine aménagée de l'angoisse heideggérienne.
Ce qui
nous conduira à rejeter l'idée que Sar tre n'éclairait la position heideggérienne qu'au
prix de la caricature.
Notre objectif est de montrer, en procédant à une généalogie de l'angoisse dans
ses œuvres de jeunesse en remontant jusqu'à son essai d'ontologie
phénoménologique, que Sartre avait de s vues singulières et des idées bien arrêtées
sur l'angoisse.
Sartre a intégré certaines perspectives de l'angoisse heideggérienne
pour constituer sa phénoménologie de l'angoisse sans modifier pour autant son
tracé initial.
Il faut, lorsqu'on interroge le rapport Heidegger/Sartre quant à
l'angoisse, tenir compte de l'évolution de l'angoisse dans la pensée sartrienne de La
Nausée (1931/1934) et l'Esquisse d'une théorie des émotions (1938) à
L'existentialisme est un humanisme (1945), en passant par la Transcendance de
l'Ego (1934), sans se cantonner à l' Être et le Néant (1943)
1.
1.
La découverte de Heidegger
Dans Les Carnets de la drôle de guerre , Sartre entreprend de cerner son rapport
à Heidegger.
Sa première rencontre avec Heidegger date de l'année 19 30.
« J'avais
lu sans comprendre en 1930 Qu'est -ce que la métaphysique ? dans la revue
Bifur.
»
2 Le fait est que dans la revue Bifur , dans laquelle Sartre a publié La
légende de la vérité, on trouve une traduction d'un passage de Was ist
Metaphysik ? qui porte essentiellement sur la Grundstimmung d’angoisse.
Sartre n'a vraiment eu accès au grand ouvrage de Heidegger qu'en 1938, au plus
tôt.
Sartre connaissait la traduction proposée par H.
Corbin d'un certain nombre de
textes de Heidegger parus en 1938 sous le titre Qu'est -ce que la métaphysique ?
Ce recueil comprenait, outre la conférence de 1929, Vom Wesen des Grundes , une
cinquantaine de pages de la deuxième section de Sein und Zeit , la conclusion de
1 Les dates entre parenthèses sont celles de la rédaction des textes cités.
2 Les Carnets de la drôle de guerre , XI, (novembre 1939-mars 1940), Gallimard, Paris, 1983, note
1, p.
225.
2.
»
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