LA FORMATION SCIENTIFIQUE: Mathématique et éducation
Publié le 10/08/2014
Extrait du document
Appréciations d'ensemble et remarques
De très grandes qualités de rigueur et d'exposition. Il est agréable par ailleurs de constater que des candidats possèdent de solides éléments d'histoire des sciences. En effet, il
est important d'avoir réfléchi, d'une part, à un niveau d'ensemble, sur les problèmes généraux de la connaissance scientifique, et d'autre part, d'une manière plus spécifique, sur les caractéristiques particulières de la démarche propre aux diverses disciplines scientifiques. Un regard
sur leur histoire et leurs transformations permet précisé‑
ment une approche instruite de ces deux objets.
Sur le plan de la technique de la dissertation, un point
positif : le sujet est traité sans discontinuité. L'introduc‑
tion n'intègre peut-être pas assez la question-sujet, qu'elle rejette à la fin. Quant à la conclusion, on la sent fortement elliptique dans ses dernières lignes, peut-être du fait d'une hâte circonstancielle, et sa dernière phrase manque un peu
de ce relief qui caractérise l'ensemble.
Ce sujet pouvait aussi être traité à l'aide de références à
la philosophie classique : quelle a été l'influence formatrice des mathématiques sur la pensée de Descartes (qu'on pense au fameux more geometrico et à la mathématique universelle), de Pascal, de Leibniz, de Condillac, de Rousseau, etc.? Il serait bon de repartir ici d'une lecture sérieuse du Discours de la méthode de Descartes.
«
béquilles à l'élan spontané de la raison? C'est que le
mathématicien préfère marcher à pas comptés, en ter
rain sûr, procéder avec une extrême rigueur et
ne rien
35 conclure qu'il ne l'ait rigoureusement démontré.
Une
proposition est dite démontrée lorsqu'on l'a déduite
d'une proposition déjà admise, et que l'on a fait voir
qu'elle en découlait logiquement et nécessairement.
Ainsi, les mathématiques apparaissent comme un
40 domaine où, par excellence, on se soucie de savoir si
ce que l'on dit est vrai, comme un ensemble de belles
chaînes de raisons qui, si elles ne sont pas aussi
simples que le dit Descartes, n'en répondent pas moins
aux exigences de rigueur des spécialistes exercés.
45 Russell disait : « Les mathématiques sont une
science où l'on
ne sait pas de quoi on parle, ni si ce que
l'on dit est
vrai.» Comment peut-on dire qu'en mathé
matique, on
ne sait pas de quoi on parle? Il n'y a pas
de science où les définitions soient
si rigoureuses et si
50 satisfaisantes pour l'esprit, et cela, pour l'unique rai
son que c'est
le mathématicien qui crée l'objet étudié.
Les définitions des sciences humaines
ne sauraient être
parfaitement rationnelles, parce qu'elles renvoient à un
donné antérieur, à un effort qui présuppose la cons-
55 truction rationnelle de l'univers.
Les définitions mathé
matiques sont parfaitement rationnelles, parce que
le
définissant est parfaitement adéquat au défini.
La défi
nition du cercle est adéquate au cercle, parce que c'est
elle qui crée
le cercle.
Définir un cercle comme la
60 figure décrite par un point en mouvement dans un
plan, toujours à égale distance d'un point
fixe appelé
centre, c'est créer et construire
le cercle.
De même, l'el
lipse n'est pas
le contour d'un œuf mais le lieu géomé
trique des points dont la somme des distances à deux
65 points est constante.
L'ellipse n'est pas une réalité
empirique, ni contingente, c'est
le produit de la défini
tion de l'ellipse.
Aussi a-t-on pu dire que
« si la défini
tion empirique n'est qu'une copie, la définition mathé
matique est un modèle
».
Le monde mathématique est
10 le seul monde intelligible, car il est le seul monde créé.
»
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