Devoir de Philosophie

La foi religieuse exclut-elle tout recours a la raison ?

Publié le 27/03/2005

Extrait du document

Elle est par essence paradoxale, car chaque vérité existentielle a sa contrevérité, non moins vraie qu'elle[1]. Ainsi, l'homme esthétique qui a choisi l'aventure, la jouissance instantanée fera l'amère expérience de l'insatisfaction. Pour avoir placé le définitif dans l'instant, sa vie ne sera qu'un temps vide, car il faut que l'instant meure pour que l'instant naisse. Avec le juif errant et Faust, Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir. Pour avoir choisi de ne pas s'attacher, Don Juan, de conquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, sa victime se dérobe au moment même où elle s'abandonne et la femme en soi n'est jamais possédée. Pour lui, chaque femme représente une possibilité d'existence. Mais il choisit de ne pas choisir et reste suspendu entre toutes les possibilités qu'offrent ses conquêtes. A les vouloir toutes, Don Juan sombre dans l'angoisse du rien du tout, de la vacuité. Puisque l'instant est son plaisir, son plaisir ne dure qu'un instant. Vivant  en prédateur et non en constructeur, Don Juan ne peut jouir que dans l'instant et le particulier et non dans le général et le durable.

Puisqu'il est possible de dire "Dieu existe" et "Dieu n'existe pas" - et, du coup, de se déclarer la guerre de religion - c'est que la question de Dieu relève moins de la raison (démontrée) que de la foi (révélée). Comment ces deux ordres, - foi et raison - apparemment si opposés, cohabitent-ils en l'homme ?

« A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.

En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est une perfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.

Dieu ne peut donc pas ne pas exister. La distinction entre essence et existence ne convient pas au sujet de Dieu . Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence de l'essence, pour démontrer l'existence de Dieu , « être parfait ». Pour Descartes , la première vérité est l'existence de ma conscience.

C'est donc à l'intérieur même de la pensée qu'il faut rechercher l'effet qui postule Dieu comme cause.

La première preuve avancée par Descartes est la suivante : Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection, car un être sans existence est nécessairement imparfait.

Donc nous devons aussi compter parmi les perfections de Dieu donc il faut que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III). Sans doute tous les philosophes n'ont-ils pas eu cette attitude, mais ces trois cas suffisent à indiquer qu'on a puconcevoir une complémentarité entre raison et croyance.

L'une n'excluant pas forcément l'autre et vice versa. De telles tentatives ont été fortement critiquées— par Hume qui montre, de son point de vue empiriste, que les prétendues preuves de Dieu de la « religionnaturelle» (celle qui entend précisément se fonder sur l'exercice de la seule raison, indépendamment de toute véritérévélée) ne constituent en fait que des débordements inacceptables des conditions normales de la penséerationnelle et de ses concepts.

Par exemple: le concept de cause n'a de sens que s'il est appliqué à desphénomènes récurrents (la causalité suppose une répétition au moins potentielle des causes et de leurs effets); dèslors, cela n'a aucun sens de considérer Dieu comme « cause du monde », puisque ni Dieu ni le Monde ne sont desobjets susceptibles de se manifester à plusieurs exemplaires.

C'est pourquoi on se trouve obligé d'admettre que Dieuest «unique en son genre», ce qui, du point de vue rationnel ou logique, n'a rigoureusement aucun sens: un genre,par définition, inclut plusieurs objets; Toute religion qui voue un culte à Dieu se fait une fausse idée de lui.

Il est en quelque mesure impie de prêter à Dieula passion tout humaine de la gloire et des honneurs.

Dieu n'étant pas un souverain humain, il ne peut apprécier quel'on chante des louanges à sa gloire et que l'on s'agenouille à terre lorsqu'on prononce son nom.La passion de la gloire, de la vénération et du culte de soi, sont de basses passions humaines qu'il n'est pasraisonnable d'imputer à Dieu, à moins de lui en supposer d'autres comme celle du mépris du souverain à l'endroit desopinions des êtres inférieurs que nous sommes pour lui.Si Dieu est Dieu, il ne peut se "complaire aux supplications, aux sollicitations, aux présents et aux flatteries".

Puisquenous sommes ses propres créatures, décidées, voulues et pétries de ses mains, il ne peut non plus s'offusquer denos péchés et de nos faiblesses.

S'il nous avait voulus parfaits, étant Dieu, il nous aurait fait parfaits.

Pieux etimpies, moraux et immoraux, bons et mauvais tout à la fois, Dieu nous a voulus et faits ainsi.Si Dieu, enfin, s'offensait réellement de nos crimes, il réserverait sa bonté et son indulgence à ceux qui s'efforcentde le tenir loin de toutes les passions et de tous les sentiments humains.Ou bien encore, il préférerait les sceptiques, ceux qui choisissent de suspendre leur jugement et de garder le silencequant aux questions qui dépassent de loin tout entendement et toute mesure humaine.

Une véritable religionnaturelle ne peut être que déiste et débarrassée de tout anthropomorphisme : si Dieu existe, c'est l'Être suprêmedont la nature et les attributs nous sont et nous restent totalement inconnaissables. — par Kant qui a montré que l'argument ontologique prouve, non pas l'existence de Dieu, mais seulement sapossibilité, c'est-à-dire l'absence de contradiction entre ce qu'implique son concept et les conditions demanifestation de tout «objet» en général, mais du même coup l'incapacité où nous sommes de décider de sonexistence ou non, dans la mesure où il est un pur noumène, et n'offre aucune manifestation phénoménalepermettant de faire l'expérience de son existence.Doit-on déduire de telles critiques que la raison démissionne, ou qu'elle renonce à ses propres règles, dès que lacroyance s'affirme ? La foi exclue-t-elle tout recours rationnel ? Hume concluait sa critique en affirmant simplement la nécessité, pour une philosophie se voulant rationnelle, de neplus se mêler de théologie: la croyance reste ainsi possible, à la condition de ne plus prétendre se fonderrationnellement.Chez Kant, il en va autrement puisque, si Dieu, pur noumène, n'est pas démontrable (connaissable), il devientnécessaire d'en postuler l'existence.

Nécessité qui est exigée par la raison pratique elle-même: les trois postulats decette dernière émanent bien de la raison — même s'ils visent des concepts qui sont au-delà du strict connaissable. Des preuves à propos de Dieu ? Dieu existe-t-il ? N'est-il qu'une illusion destinée à se rassurer ? La discussion philosophique est âpre au sujet deDieu.

Les partisans de l'existence de Dieu ne manquent pas d'arguments.

La tradition en a retenu trois.

Les deuxpremiers sont extérieurs et concernent le monde.

Le troisième est intérieur et concerne les idées*.

S'agissant dumonde, il y a deux façons de prouver que Dieu existe.

La première consiste à partir de l'imperfection du monde.

Laseconde consiste à partir au contraire de la perfection décelable dans le monde.

S'agissant de l'imperfection dumonde, celle-ci est bien un signe de l'existence de Dieu.

Considérons un instant, en effet, l'argument couramment. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles