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La finalité en biologie.

Publié le 15/09/2014

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biologie

— LA FINALITÉ, ÉLÉMENT NÉCESSAIRE D'EXPLICATIONS.

Les critiques que nous venons de résumer ne paraissent pas décisives, à beaucoup près, à de nombreux biologistes qui soulignent leur insuf­fisance et défendent la finalité comme une nécessité de fait, voire comme une nécessité de droit.

A. Nécessité de fait. — L'insuffisance des objections antifinalistes est mise en lumière dans les ouvrages cités de CUÉNOT, LECOMTE nu NOHY, CARLES, etc.

a) L'analyse demeure stérile dès là qu'elle s'avère incapable de per­mettre une reconstruction par synthèse. Or, les essais de reconstruction du vivant à partir d'éléments simples, échouent. Les graines artificielles de Stéphane LEDUC ne sont que des tours de physique amusante qui sin­gent la vie, mais ne la produisent pas. La e monère « qui, d'après DAECKEL, constituerait, substance mobile et amorphe, le premier vivant, n'est qu'une invention dont aucune réalité n'a fourni la justification (pseudo-découverte

(6) Sur tout ceci, on consultera avec profit l'intéressante thèse de J. CARIES. Unité et vie, Beauchesne, 1946. — Cf. particulièrement, p. S5-105 et 115-121.

biologie

« 2î4 LOGJQC.:E vivant ce soit, à partir de sa description, tenter de découvrir les causes rrui rendent compte de la vie.

!ais de quel ordre sont ces dernières et faut-il faire une place aux causes finales dans cette cc explication " ? La considération de la finalité doit-elle avoir une place en biologie ? Tel est l'un des problèmes les plus aigus qui se posent au savant d'au­ jourd'hui : cc Comprendre ou expliquer la finalité organique est le pro­ blème central de la biologie, et même celui de la philosophie; c'est à ce sujet que les biologistes se divisent en deux écoles.

>> (1).

Nous ne pou­ vons faire mieux que d'envisager l'une après l'autre ces deux attitudes.

J.

~ L FINALITÉ IIYPOTIIÈSE INUTILE.

Si de nombreux savants refusent toute considération de finalité en bio­ logie, c'est qu'ils élèvent contre elle une double critique, de droit et de fait.

A.

Critique de droit.

- Utiliser la finalité serait, d'après eux, une attitude extra-scientifique.

Ce reproche nous amènerait à envisager les rap­ ports de la science et de la philosophie; c'est en effet toute la question du cc pourquoi " et du cc comment " qui se po·se ici.

Si l'on affirme que la science cc ne se préoccupe que du cc comment " et jamais du cc pour­ quoi " pourrn que nous puissions prévoir, le but de science est rempli >> (2).

- alors ne peut-on penser que, par le fait même, la caus-e finale est éliminée :• ~fais il faut aller plus loin et rejeter cette attitude comme antiscientifique : et cela pour une double raison.

D'abord, parce qu'elle incite l'esprit il la paresse : satisfait par une explication finaliste, par une utilité apparente, le chercheur cesse de chercher.

Ensuite et surtout ! 'explication finaliste ne ;:erait pas une explication, mais un voile pour masquer nos ignorances.

Et les adversaires de la finalité ont beau jeu it en dénoncer les abus : on connaît les excès d'imagination des cc cause­ linaliers " de jadis.

.ais l ·abus est-il nn motif suffisant pour proscrire l 'nsage ? Oui, répond-on, en instituant une critique du concept même de cauE'e finale.

Les argumenls utilisés sont ceux des anciens mécanistes (3), rie J,ucnf:cE (4), cle SPINoz.1 (5) : on affirme avec Rico:-; que la recherche des causes finales est stérile, qu'il faut considérer les faits auxquels on a affaire co_mme de purs cc résultats » et que la finalité n'est qu'une sorte rle cc projection ant.hrnpomorphique " à rejeter totalement, tout devant s'ex­ pliquer par la seule cause efficiente.

On peut cependant se demander si le refus de prendre position sur un terrain réputé philosophique (c'est ! 'attitude positiviste) ne se fonde pas lui-mrme sur 1m présupposé philo­ sophique ? B.

Critique de fait.

-'.ais cette inutilité théorique du recours à la finalité se douhle aux ~-eux de nombreux biologistes d'une inutilitr de (f) L.

Ci.:É:\'OT, Invention et finalité en biologie, Flammarion, 1941, p.

41.

(2) LEcouE nu '.'loüY, L'homme devant la science, Flammarion, Ja3fl.

p.

IL cr.

nnssi Ci.:ÉNOT, lac.

cit., p.

12.

(3) Cf.

,\RJSTOTE, Physique.

TI.

8.

1!l8.

(4) De i\'atura rertim, liv.

JV, 824-842, et Lv.

Y, 420-432.

807 et suiv.

(~) Ethique.

I, fin, Etl.

Arrrn:-; (Garnierl.

t.

I, p.

()6-113.. »

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