Devoir de Philosophie

La féminité est-elle un artifice de la culture ou une différenciation naturelle ?

Publié le 03/01/2005

Extrait du document

culture

Il faut renoncer à une vision statique de la distribution (le caractère mâle ou femelle comme déterminé une fois pour toute dans l'embryogenèse) pour adopter une approche dynamique, laquelle est au fond commandée par la statut de la différence en elle-même (Deleuze, in Différence et répétition I, « De la différence, il faut donc dire qu'on la fait ou qu'elle se fait, comme dans l'expression « faire la différence «. Cette différence ou LA détermination, est aussi bien la cruauté. «) En effet il faut comprendre la différence comme ce qui s'écarte, diffère, (et c'est pourquoi Deleuze peut parler de cruauté puisque ce qui s'écarte exclue cela dont il se sépare), la question devient donc : comment se fait la différence sexuelle, comment s'actualise t'elle, comment s'affirme t'elle dans l'existence.             Seule la psychanalyse permet de répondre à cette question. Les travaux de Freud montrent que la différence passe par différents états et qu'elle ne s'affirme qu'après la puberté, lors du stade génital. Loin que la différence aille de soi, elle devient une conquête et chacun est auteur (inconscient) de l'histoire de sa propre façon de faire la différence. La façon dont se fait la différence, telle que la psychanalyse nous l'expose, vaut comme paradigme directeur pour la distribution des différences régionales. On a échappé au réductionnisme biologique, nous n'affirmons pas pour autant un réductionnisme de la différence des sexes aux seules explications fournies par la nomenclature psychanalytique, mais nous reconnaissons là une voie particulièrement féconde. Ainsi les caractères passif/actif qui caractérisent généralement toutes les distributions régionales peuvent être compris à partir des enseignements de la psychanalyse (les femmes attendent ce qui fait leur différence : premières règles, d'être enceinte, d'accoucher...).

Attention à bien définir " féminité ". Distinguez bien : - Ce qui est naturel chez la femme : pouvoir enfanter (ce privilège étant considéré dans certaines cultures, chez les Celtes par exemple, comme le signe d'une supériorité naturelle par rapport au mâle). Il s'agit d'une fonction naturelle. - Ce qui est culturel chez la femme : les signes, les usages, les codes qui servent à mettre en valeur certains aspects de la femme, mais par convention : la séduction par le soin de l'apparence, la coquetterie. Dans notre culture,nous qualifions de féminins une attitude délicate ou fragile, un caractère sensible. Selon Kant (Anthropologie du point de vue pragmatique), la féminité est incompatible avec la grivoiserie. Mais toutes les différenciations de la féminité relèvent des mentalités ; elles sont relatives, à une culture, à des coutumes. Au contraire, la maternité est irréductible parce que naturelle. L'enjeu de laquestion est par exemple le débat soulevé par le féminisme. Si l'on veut remédier aux injustices dont les femmes sont victimes, il faut définir ce qui relève de la nature (et qui ne saurait être remis en question), et ce qui relève de la culture (c'est ce qui s'appelle la "condition féminine"). On peut ainsi déterminer les limites des revendications possibles. Par exemple, si on a refusé en France républicaine le droit de vote et l'éligibilité aux femmes jusqu'en 1946, c'est pour leur avoir attribué certaines caractéristiques qui n'étaient que culturelles (la femme est par nature destinée à rester au logis, c'est un être d'intérieur, disait-on). Autre enjeu, l'homme (mâle) peut adopter les caractéristiques de la féminité.

Liens utiles