La durée est-elle tout le temps ?
Publié le 14/09/2012
Extrait du document
Mais un tel recueillement n'est pas fréquent. L'image de l'espace envahit notre conscience. Familiarisés avec la notion d'étendue par le canal des sens, nous juxtaposons nos états de conscience de manière à les apercevoir, non plus l'un dans l'autre, mais l'un à côté de l'autre. (Données immédiates - Bergson) Fascinés par les sens, nous risquons dès lors de ne jamais appro.fondîr la vie intérieure, pour nous répandre dans le monde des phénomènes physiques et sociaux...
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gique.
Il suffit de le définir.
Ce mouvement n'est pas une succession au sens où l'ou dit qu'un nouveau roi succède au monarque défunt.
Les
changements qui nous ont affectés nous ont marqués et nous accom
pagnent 1 oujours par la mémoire vécue que nD us en avons.
C'est dire •JlHl la succession que nous obserYons en nous n'est pas dispersion.
C'est précisément le sentiment de la permanence de notre identité tout au long de notre vie qui empèche de considérer les phénomènes qui nous ont t.oueht~s ou plutôt les différents états d'àmes qui leur corres- pondent comme les perles d'un collier.
B.
La durée pure échappe à la mesure.
Nos états de conseicnre.
par leur nature propre, ne peuvent être mesu rés.
En effet, on ne peut mesurer qu'à condition de pouvoir transporter un certain nombre de fois, et autant qu'il le faudra, 1 'étalon-unité dans un milieu homogène.
Pour mesurer, par exemple, le sentiment de l'effort, il faudrait pouvoir transposer rigoureusement des termes de conscience en termes d'espace.
Pour pouvoir mesurer la durée d ·une sensation (et
non le temps d'application de l'excitant), il faudrait qu'il y ait, non
pas simultanéité entre la cause physique de la sensation et la sensation elle-même, mais identité.
Or, peut-on seulement parler de simultanéité en ce domaine P C'est encore abusivement qu'ou emploie ce terme à propos de la durée pure : s'il y a simultanéité pour l'observateur impar tial qui remarque une coïncidence entre le stimulus et les manifestations
physiologiques et mimiques de la sensation, cette simultanéité ne compte pas pour le sujet que la sensation absorbe.
Cette sensation, en aucun cas, ne saurait se réduire à sa traduction physiologique, et don.c spatiale, car elle est une réalité irréductible.
Plus le sujet est occupé par son présent psychologique, et moins il songe à l'écoulement spatial des causes
de ses sensations, moins, en d'autres termes, il songe à mesurer le
temps.
Il est semblable à ces joueurs de football on à leurs supporters passionnés que le jeu captiYe et qui laissent à 1 'arbitre le soin de regarder sa montre.
C.
- La durée est intensive.
Si la durée échappe à la mesure, il est pourtuat certain que nos états de consciencce ne sont pas semblables.
Ils peuvent se caractériser par le plus ou le moins : par exemple, je me sens tres fatigué, ou simplement un peu las.
Ou plutôt, puisque le pius et le moins suggèrent presque fatalement des grandeurs extensives, disons peut-être que nos états psychiques ne se différencient les uns des autres que qualitativement.
La sensation d'être bri\lé par un fer à repasser n'est pas sans doute
deux ou trois fois plus grande que celle qui est provoquée par la brû lure d'une allumette.
}lais, à ne considérer que la durée pure, et non la durée concrète, il faudrait dire plus encore, et affirmer qu'une telle sensation n'est pas plus grande, mais qu'elle est autre.
En définitiYe, pour arriver à la notion d'une durée pure qui est suc cession organique et non pas émiettement d'éléments juxtaposés, multi plicité qualitative sans que la mesure ait aucune prise sur elle, il faut exorciser la conscience du démon Espace..
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