LA DOUBLE CONCEPTION DU LANGAGE DANS LE CRATYLE.
Publié le 06/09/2009
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LA DOUBLE CONCEPTION DU LANGAGE DANS LE CRATYLE.
Nous allons étudier la double conception du langage dans le Cratyle de Platon, dialogue dans lequel on trouve déjà une terminologie linguistique, en particulier celle du signifiant et du signifié. Nous trouvons dans cet ouvrage une double conception, en effet, parler est un acte qui concerne les choses, parler correctement, c'est parler de ce que sont les choses, parler à propos de ce que sont les choses. Dans un premier temps, nous étudierons la problématique du dialogue de Platon et en second lieu, nous nous pencherons sur la notion de la justesse des mots.

«
LE C RATYLE DE P LATON
Dialogue écrit en grec entre 386 et 385 avant J.- C.
1 Situation
1 Platon, ses maîtres, son époque
En 407, à vingt ans, Platon s'est attaché à Socrate dont il a été l'auditeur pendant près de huit ans.
Il a
sans doute eu d'autres maîtres.
Aristote cite, en particulier, l'héraclitéen Cratyle.
Après la chute des
Trente et l'exécution de Socrate (399), Platon quitte Athènes et entre-prend quelques voyages autour du
monde familier aux Athéniens d'alors.
A son retour à Athènes, en 387, il fonde une école de philosophie,
l'Académie, où il commence son enseignement.
Peu de temps après, il compose le Cratyle.
2 Le Cratyle dans le contexte de la philosophie platonicienne
Le Cratyle est un dialogue qui met en scène Socrate, Cratyle et Hermogène.
La discussion se perd dans
une impasse et semble n'aboutir à aucun résultat.
On reconnaît ici la structure «aporétique» propre aux
dialogues de jeunesse de Platon.
Toutefois, le Cratyle annonce d'une certaine manière les oeuvres de la
maturité.
D'une part, il semble clore les dialogues comme le Gorgias et le Protagoras contre la
sophistique.
D'autre part, il fait déjà voir et prépare la théorie des Formes ou des Idées que Platon
exposera, en pleine lumière, au Livre VII de La République.
Ainsi, au début du dialogue, contre la théorie de Protagoras qui affirme que les choses sont telles
qu'elles nous paraissent, Socrate prétend que les choses ont leur nature propre, leur essence définie,
stable et leur forme (eidos).
De même, à la fin du dialogue, contre
l'école d'Héraclite et la théorie du mouvement universel, Socrate affirme qu'il existe une chose belle et
bonne en soi et qu'il en est de même pour chacun des êtres en particulier.
Platon postule donc, derrière
les apparences changeantes, l'écoulement de tout ce qui nous apparaît, l'existence de réalités absolues.
Cependant ces Formes pures n'existent pas encore comme dans le Phédon dans un monde intelligible,
invisible, distinct du monde sensible et Platon n'a pas encore établi comme dans le Banquet cette
gradation qui doit, par une série d'étapes, conduire des objets sensibles aux Formes intelligibles ou Idées
(de l'amour des beaux corps à l'amour du Beau en soi).
Le Cratyle a donc été probablement composé avant le Banquet (385).
Il suit de très près l'Euthydème
(386) puisqu'on y trouve une allusion à un des sophismes de ce personnage dont le dialogue porte le
nom.
2 Sujet du Cratyle
Le sujet traité est celui de la justesse des noms, de leur caractère naturel ou conventionnel.
Deux thèses
s'opposent.
L'une, celle de Cratyle, consiste à soutenir que les noms sont justes par nature.
Il existe pour chaque
objet une juste dénomination.
L'autre, celle d'Hermogène, prétend que la nature n'est pour rien dans cette justesse, qui est affaire
d'accord entre les hommes.
3 Intentions du Cratyle
Socrate soutient d'abord la thèse naturaliste de Cratyle et définit le nom comme un instrument qui sert à
instruire et à discerner l'essence des choses.
Puis, dans son entretien avec Cratyle, il avance des
objections décisives.
Il admet que la convention a joué un rôle dans la formation des noms, il montre
que le législateur peut être plus ou moins bon et les noms inexacts.
Il souligne que l'auteur des noms a
pu se régler sur une idée fausse des choses à nommer et arrive à cette conclusion que puisque les noms
sont des guides peu fiables, et qu'il est possible de connaître les choses sans eux, il est préférable de
partir des choses mêmes.
Les deux adversaires sont ainsi renvoyés dos à dos.
Dès lors, la partie étymologique du Cratyle apparaît
comme un jeu et les remarques de Socrate sur la valeur expressive des lettres nous laissent perplexes.
L'usage des étymologies était tellement courant à l'époque, l'analyse verbale tellement enracinée dans la
conscience des Grecs, que Platon n'a pu s'empêcher de montrer qu'il était capable de rivaliser avec ses
contemporains.
En réalité, le Cratyle est une condamnation des théories du langage.
Peu importe, en fin
de compte, la justesse des noms, leur caractère naturel ou conventionnel.
Ce n'est pas le culte du
langage, l'étude des noms, la méthode étymologique, qui peuvent conduire à la vérité, mais l'étude des
choses dans les choses mêmes.
Platon exprime, au fond, son mépris envers les sophistes, les phraseurs.
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