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La division du travail accroît la productivité d'A. SMITH

Publié le 06/01/2020

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A la fin du xviiIe siècle, l'économiste anglais Adam Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division du travail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle.

 

Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s’est fait souvent remarquer : une manufacture d’épingles.

 

Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d’ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l’invention est probablement due encore à la division du travail — cet ouvrier, quelque adroit qu’il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n’en ferait pas une vingtaine. Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l’ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers. Un ouvrier tire le fil à la babille, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l’objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c’est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d’y bouterles épingles ; enfin l’important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d’autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J’ai vu une petite manufacture de ce genre qui n’employait que dix ouvriers, et où, par conséquent, quelques-uns d’eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre eux environ douze livres d’épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne (...). Mais s’ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s’ils n’avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d’eux assurément n’eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c’est-à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu’ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d’une division et d’une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), trad. G. Mairet, coll. «Idées», Gallimard, 1976, pp. 38-39.

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« d'épingles par jour; or, chaque livre contient au-delà de qua­ tre mille épingles de taille moyenne( ...

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Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, cha­ cun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison conve­ nables de leurs différentes opérations.

Adam SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), trad.

G.

Mairet, coll.

«Idées», Gallimard, 1976, pp.

38-39.

POUR MIEUX COMl5'RENDRE LE TEXTE Pour montrer \'efficacité de la division du travail, Adam Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des «objets de peu de valeur» et qu'il est donc utile de produire en grand nombre.

Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects: d'une part, «fabriquer des épingles » devient un métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opéra­ tions à effectuer.

L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opéra­ tions, permettant ainsi une plus grande rapidité dans le tra­ vail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie !'.incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.

Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est sim­ plifiée.

La dextérité acquise par la répétition d'une tâche par­ ticulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.

Si Adam Smith souligne ici l'utilité économique de la divi­ sion du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera la nocivité pour le travailleur: « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples (.

..

) n'a aucune occasion de développer son intelligence ni. »

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