La diversité des langues s'oppose-t-elle à l'universalité de la pensée ?
Publié le 05/11/2012
Extrait du document
«
c’est peut-être en premier le monde qui nous entoure qui forme les particularités de notre
langage.
La langue des Inuits s’est d’abord adaptée à leurs conditions de vie.
Peut-on vraiment affirmer que les différentes langues conditionnent notre système de pensée ?
L’hypothèse Sapir-Whorf est elle-même remise en cause, et ce pour plusieurs raisons.
Tout
d’abord, cette théorie a été publiée (et pensée) en anglais.
Or en anglais, le mot « language »
signifie à la fois « langue » et « langage ».
Ce serait donc le langage lui-même, en tant que
moyen de communication qui structurerait notre pensée, et non les différentes langues, qui
viendraient en quelque sorte s’ajouter et éventuellement apporter quelques particularités.
En outre, selon la théorie de Noam Chomsky dans « Le langage et la pensée », le langage se
fonderait en fait sur des structures cérébrales innées.
Il existerait un langage interne qu’il
nomme le « mentalais ».
Le langage n’empêche donc pas fondamentalement l’universalité de
la pensée, puisqu’en théorie nous serions tous capables de penser en « mentalais » c'est-à-dire
en utilisant des représentations abstraites.
Ce serait alors plutôt les images que les mots qui
formeraient notre pensée.
Einstein lui-même affirmait qu’il pensait parfois en images mentales abstraites, sans passer
par le langage.
La pensée pourrait être alors autre chose qu’une pensée conceptuelle, c'est-à-
dire une pensée dont l’instrument principal est le langage.
Puisque nous serions tous capables
de penser en « mentalais », donc en se passant du langage, cela signifie-t-il qu’une partie de la
pensée est indépendante du langage ? La pensée abstraite dépend-t-elle de la pensée produite
par le langage ? Est-elle, elle aussi, conformée par notre langue maternelle ? Il se peut que
tous les hommes aient une « base » de pensée commune, et que la langue apporte ensuite
quelques modifications qui en font son particularisme.
Ces modifications peuvent peut être
différencier nos manières de penser, mais pas fondamentalement.
Trop d’inconnues subsistent à ce sujet.
Qu’en est-il des personnes bilingues, ayant appris deux langues dès la naissance ? Une langue
prime-t-elle sur une autre ? Cette personne voit-elle alors le monde différemment que l’un de
ses parents ?
Pour conclure, on peut dire que la diversité des langues ne peut s’opposer totalement à
l’universalité de la pensée, tout du moins sur des concepts fondamentaux.
Elles apportent
juste quelques particularités qui font sa richesse.
Cependant, tout cela reste encore incertain
car si l’on peut constater, par exemple, qu’il existe une langue en Papouasie où pour désigner
les couleurs n’existent que les mots « clair » et « sombre », peut-on vraiment affirmer que les
gens parlant cette langue ne distinguent effectivement pas les couleurs telles que nous les
voyons ? Il faudrait pouvoirs se mettre à leur place, ce qui est impossible.
C’est là que la
question de l’universalité de la pensée peut sembler étrange.
Nous ne pouvons répondre
objectivement car justement nous nous exprimons dans notre propre langue et exprimons
notre pensée qui peut être ou ne pas être formatée par notre langage.
Comment le savoir ? Et
comment savoir ce que signifie « l’universalité » de la pensée dans un éventuel système de
pensée différent ? Il faudrait un regard neuf, neutre, pour trancher ce qui est évidemment
impossible..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La diversité des langues s'oppose-t-elle à l'universalité de la pensée ?
- La diversité des langues remet-elle en cause l'universalité des pensées ?
- La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente des peuples ?
- La diversité des langues est-elle un obstacle à l'entente entre les peuples?
- Diversité des langues et pluralité des visions du monde