La discussion est-elle la source de la vérité ?

            La discussion n’est pas la dispute. La dispute se dispute pour un rien, pour un oui, pour un non. La vérité lui est étrangère. La dispute a pour seul ressort la raison du plus fort. Il est question de vaincre et non de con-vaincre. C’est pourquoi crie-t-on, hurle-t-on en se disputant. Violence faite au langage. Mieux, la dispute est la perversion de toute parole au service de la vérité. On se dispute pour ne pas discuter. La discussion est dia-logue, parole à deux, entre deux interlocuteurs et non entre deux chamailleurs. Celui qui désire la vérité, phi-losophe ou savant, chercheur et enquêteur, poursuit la vérité. La vérité une, universelle, absolue. Car il est une vérité : si vérité il y a, elle doit être une et indivisible. Sinon à qui bon en débattre ? Autant se battre ! Aussi le philosophe discute-t-il par et pour la vérité.

            Depuis lors cette dernière conduit-elle la recherche. Elle est la fin ultime de toute entreprise. Néanmoins, un constat s’impose : la philosophie dont la vocation est la vérité en son objectivité, au travers de son histoire, vire en un éclatement de la philosophie en une pluralité de systèmes philosophiques. La problématique se fait jour : n’est-ce pas en raison d’un faux dialogue que la philosophie n’accède pas à la vérité ou bien la vérité aurait-elle une autre provenance que le vrai et authentique dialogue ?