Devoir de Philosophie

La détresse de l'homme absurde chez CAMUS ?

Publié le 01/06/2009

Extrait du document

camus

Gertrude Stein avait écrit à Hemingway : « Vous êtes tous une génération perdue. Tous, c'est-à-dire Faulkner, Hemingway, Dos Passos, Cummings et peut-être Fitzgerald, sont des écrivains profondément marqués par la première guerre mondiale. Cette guerre éveille en eux la conscience tragique : ils sont devenus adultes au moment où les Dieux étaient morts, tous les combats livrés, toutes les fois dans l'homme ébranlées.

Dos Passos dénonce l'avilissement de la société capitaliste sans espérer qu'elle puisse être réformée. Ses livres sont emplis des beuveries de personnages inexistants, interchangeables, qui traduisent un désespoir social. Dos Passos affirme ne croire qu'en l'individu, mais il ne peint pas un seul homme doué de personnalité et de vie intérieure.

Un personnage d'Ernest Hemingway symbolise l'impuissance d'une génération : le héros du Soleil se lève aussi (1927) qui a perdu sa virilité à la suite d'une blessure de guerre. Dans un style dépouillé absolument neuf à l'époque, Hemingway peint le désespoir de toute une faune de désoeuvrés inutiles. La fatalité absurde se joue du héros de Un Adieu aux Armes (1929) qui n'a pu trouver dans la lutte une raison de vivre, et qui voit mourir sans raison la femme qu'il aimait. Pour échapper à l'angoisse, il ne reste que l'alcool (on consomme beaucoup d'alcool dans le roman américain de l'entre-deux guerres). Jouets désabusés d'une absurde fatalité, ces hommes ne recherchent plus que l'ivresse par l'alcool ou dans l'action.

L'incohérence du monde était donc passée par la littérature américaine dès avant 1940. C'est vers cette date que la conscience d'Albert Camus s'ouvre au monde et en tire des conclusions philosophiques : des conclusions qui marqueront la réflexion des hommes de l'après-guerre.

camus

« Le Mythe de Sisyphe - Explication Au début du livre est posée la question de savoir si, dans un monde considéré comme absurde, le suicide estnécessaire, ou si au contraire la vie est possible.

Tout de suite, on comprend que seul l'homme qui a pris consciencede l'univers en tant que non sens (absurde) a des chances d'accéder à la sagesse : de vivre, en somme.A partir de quel moment peut-on se rendre compte que le monde est absurde ? Camus appelle ce moment l'éveil ».Pendant longtemps un homme peut vivre presque machinalement : se nourrir, travailler, dormir, puis à nouveau senourrir, travailler, etc.

sans savoir pourquoi et sans se demander pourquoi.

Des enquêtes sociologiques américainesont montré que l'écrasante majorité des hommes vivent sans même se poser la question du pourquoi de leurexistence, et s'acheminent tranquillement vers la mort.Mais un jour, un individu (celui qui va devenir l'Homme Absurde) se demande pourquoi sa vie, pourquoi la résignationuniverselle à la médiocrité et au mal.

Le « pourquoi » s'élève donc un jour et « tout commence dans cette lassitudehantée d'étonnement ».

De même, pour Sartre, la première phase de l'accomplissement de l'homme est la « nauséele sentiment tragique du délaissement au sein de l'univers sans Dieu.

Pour Camus, rien n'existait avant que l'homme« s'éveille », et c'est cette question sur le monde et sur lui-même qui le fait réellement naître.

Mais il ne suffit pasde poser des questions, malheureusement il n'y a pas de réponse immédiate, et l'homme ne s'éveille que pourdécouvrir autour de lui les murs de l'absurde, c'est-à-dire la seule certitude de la mort.

Attention! Camus ne dit pas: l'essence du monde est absurde, il montre seulement que la pensée rencontre d'abord l'absurde.C'est donc à partir de là qu'il va falloir édifier une philosophie, une morale.Rien ne dit que le succès est acquis par avance, rien ne dit que ce sentiment permette de bâtir une interprétationde la place et du sens de l'homme dans l'univers : Au bout de l'éveil vient...

la conséquence : suicide ourétablissement.On comprend mieux maintenant pourquoi Camus posait la question du suicide au début de l'ouvrage.Il faut éviter une erreur à propos du mot absurde Parler de l'homme absurde n'est pas du tout parler d'un fou :l'homme absurde n'est pas dénué de raison, c'est celui qui sait que tout est sans raison, ainsi que le souligne Pierre-Henri Simon.L'homme absurde va donc essayer d'aborder les chemins de l'intelligence du monde, car il y a une sagesse possible.Une existence dépourvue de sens ne doit pas être détruite pour autant, d'emblée.

Mieux vaut commencer, comme lesuggère Pindare cité par Camus, par « épuiser le champ du possibleCamus dénonce les systèmes philosophiques qui vont trop vite, qui tout de suite veulent sauter par dessus le murde l'absurde, tel Kierkegaard, qui nous le savons se réfugie en Dieu.

Ces systèmes sont coupables, ils font le sautPour Camus il ne s'agit pas de renverser ou de sauter tout de suite le mur de l'absurde.

Épuiser le champ du possiblecela veut dire aussi vivre le plus c'est-à-dire utiliser ses virtualités, ses dons, pour bâtir une vie plus dense, la plusexaltante possible.

C'est l'attitude de l'aventurier ou du conquérant qui donnent des couleurs au vide par l'agitation,la vitesse et la diversité des expériences.

L'Artiste est un autre conquérant de l'inutile, et aussi don juan.

Camus estobligé de faire l'éloge du faux amour qu'est la multiplication des aventures.

Car il n'y a pas d'amour, ce qu'on appelleainsi n'est qu'une illusion parmi d'autres, et seuls nous lui prêtons de la gravité.

L'acteur enfin, réalise parfaitementl'homme absurde, puisqu'il joue la vie en évitant de la vivre.

Camus lui-même jouait dans la vie, et adorait le théâtre.Tous ces types d'hommes absurdes considèrent la vie comme un jeu et acceptent leur destin.

Alors ils peuventadmettre (provisoirement) que tout est bien, et on peut imaginer Sisyphe heureux.Ainsi, pour reprendre l'excellente définition de Pierre-Henri Simon,L'homme absurde est un être conscient livré d la fatalité dans un univers sans providence, acceptant sa conditionet mettant son bonheur dans l'accomplissement énergique de sa tâche humaine.

Critique de la pensée de Camus Camus sent, à certain moment de son livre, qu'il est nécessaire de préciser le sens de l'absurde.je disais que le monde est absurde et j'allais trop vite : le monde lui-même n'est pas raisonnable, c'est tout ce qu'onen peut dire.

Mais, ce qui est absurde, c'est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dontl'appel résonne au plus profond de l'homme.Camus corrige par cette phrase essentielle ce qu'il laisse entendre ailleurs et que nous avons étudié.

Pour lui, lemonde lui-même n'est pas absurde.

Mais une chose est vraiment incompréhensible, c'est que dans ce monde nonraisonnable, plongé dans l'injustice et la misère, il y ait tout de même un être, l'homme, qui découvre en lui le désirque le monde soit autrement.

Voilà l'absurde : un monde chaotique, et faisant partie de ce monde, l'homme quirefuse le chaos.

Tel est le paradoxe fondamental.Or, ne l'oublions pas, Camus avait proposé de bâtir une philosophie et de construire une morale à partir de l'absurde.C'est ici que se place la critique de Gabriel Marcel.

En effet, si le sentiment de l'absurde naît au contact d'uneexigence rationnelle (exigence de clarté, de justice) de la conscience, et d'un irrationnel épars dans le monde, c'estque l'absurde n'est pas du tout la loi de l'esprit mais exactement son scandale.

Si l'esprit cherche la clarté, l'absurdene saurait caractériser l'esprit, au contraire.Dès lors, comment peut-on fonder une morale humaine précisément sur ce que l'esprit humain refuse absolumentcomme son contraire ? Comment faire de l'eau avec le feu ?Si l'on prétend bâtir une morale sur l'absurde, il y a contradiction dans les termes car on ne peut affirmer à la fois :1) l'esprit de l'homme a besoin de clarté,2) l'absurde est le contraire de la clarté,3) il faut construire une morale sur l'absurde.A vrai dire, cette discussion ne porte pas sur l'essentiel du message de Camus.

La critique de Gabriel Marcel allaitpeut-être plus loin encore à propos de L'Homme Révolté.

Nous savons que « vivre le plus « n'est que provisoire.

Pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles