La démarche scientifique implique-t-elle un certain genre de croyance ?
Publié le 27/02/2008
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Le soleil se lèvera-t-il demain ? Bien sûr que oui serions-nous tentés derépondre, sauf extravagance.
Pourtant, qu'est-ce qui nous permet defonder cette affirmation ? Pas autre chose que l'habitude : nous avonstoujours vu le soleil se lever et après notre mort, nous supposons qu'ilcontinuera à poindre à l'horizon.
Or, d'une habitude (nous avons toujoursvu…), pouvons-nous à bon droit tirer une loi et une certitude ? Humen'est pas fou, il se doute bien que le soleil va continuer à se lever maisson raisonnement marque les limites de ce que nous pouvons apprendrepar l'expérience et par l'induction (aller du singulier au général).
Quandnous voulons comprendre un phénomène, nous nous fions toujours à nosinductions.
Nous voyons de la fumée s'élever derrière une colline et nousen induisons alors qu'il y a un feu que nous ne percevons pourtant pas.Nous relions un phénomène à un autre et cette mise en relation naîtd'une répétition d'expériences qui nous fait dire ensuite sous forme de loi: « il n'y a pas de fumée sans feu ».
Cependant, il n'y a aucune liaisonnécessaire entre eux.
Il faut donc distinguer les vérités de fait et lesvérités de raison.
Les premières sont contingentes et relèvent del'expérience, ce sont des conjonctions de phénomènes (A et B).
Lessecondes sont nécessaires et renvoient à une logique de connexion (Adonc B).
Quoi que l'on puisse invoquer : conviction intime, habitude,autorité de l'astronome ou vraisemblance, le fait que le soleil ne se lèvepas demain est possible bien qu'improbable, et c'est pourquoi « noustenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté ».
En revanche, les vérités de raison sont toutesnécessaires (hier, aujourd'hui et demain) parce que leur contraire implique contradiction.
Par exemple, il seraitcontradictoire et donc impensable que la partie soit plus grande que le tout.
Dans ces conditions, ce que l'ondémontre en mathématique ou en géométrie a un coefficient de certitude absolu, tandis que ce que l'ondémontre en physique et dans les sciences expérimentales en général, à partir de nos inductions, n'a pas lemême degré de certitude.
Il ne s'agit surtout pas pour Hume d'invalider la science, ni d'affirmer sa totalerelativité, mais de noter que nos déductions ne sont que des inductions dans le cadre expérimental.
Tirer uneloi à partir d'une série de phénomènes qui présentent seulement des conjonctions régulières, pour nous quicherchons à les comprendre, n'implique pas qu'ils aient des liaisons nécessaires.
N'y a-t-il donc aucun moyen de soustraire l'induction à cette incertitude ? L'induction suppose une règle : queles mêmes causes produisent les mêmes effets ou que le cours de la nature est uniforme, mais cette règlen'est que postulée.
Comment pourrait-on l'établir ? Le seul moyen possible prouver la valeur du raisonnementinductif nous est donné dans un syllogisme du type :
(a) Le cours de la nature est uniforme.(b) Or j'ai toujours constaté que tel objet a été accompagné de tel effet ou de telle propriété.(c) Je peux donc légitimement généraliser et prévoir que d'autres objets de même nature seront accompagnésdes mêmes effets ou propriétés.Mais comment établir la vérité d'une proposition comme « le cours de la nature est uniforme », qui est, elle-même, une proposition générale, sinon par induction ? Il y a là un cercle vicieux ou une pétition de principe : leseul moyen de valider l'induction est de présupposer la valeur du raisonnement inductif..
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