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La culture est-elle une garantie contre la violence ?

Publié le 26/03/2004

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culture
           Analyse: - La culture est ce qui s'oppose à la nature. Elle rassemble ainsi tous les phénomènes humains qui manifestent que l'homme n'est pas un être intégralement naturel: les langues, la politique, les sciences, les arts, la religion,... - La violence peut d'abord se définir comme une manière d'user de la force qui transgresse certaines limites. Par exemple, un usage de la force qui porte atteinte à l'intégrité physique d'un individu peut être dite violente, de même que celle qui viole les lois politiques ou morales.  - La nature semble être le règne de la violence: il y règne un rapport de prédation entre les individus, elle est régit par la loi de la sélection naturelle, etc. Il est alors tentant de concevoir l'émergence de la culture comme une tentative humaine pour s'excepter de cette violence naturelle et produire un monde pacifié. Le développement de la culture aurait alors pour corollaire une diminution progressive de la violence au sein du monde humain, jusqu'à un état idéal d'absence totale de violence.  Cependant,  l'installation et le maintient de la culture implique l'usage d'une force qui peut elle aussi être qualifiée de violente: en effet, elle va à l'encontre de lois et d'impulsions naturelles.   Problématique: Doit-on alors considérer que la violence est un fait naturel, contre lequel la culture vient nous protéger? Ou, au contraire, doit-on penser que l'usage violent de la force est une nécessité fondamentale que rien ne pourra jamais faire disparaître, la culture n'étant alors qu'une modification de la violence naturelle au profit d'une violence proprement culturelle?

La violence désigne le recours à la force pour soumettre quelqu’un  (contre sa volonté) ou l’exercice de la force prayiqué contre la droit.

            La culture renvoie, elle, à notre état d’être civilisé et social, par opposition à l’état de nature.

            La seule culture suffit-elle à anéantir la violence ?

culture

« Analyse: - La culture est ce qui s'oppose à la nature.

Elle rassemble ainsi tous les phénomènes humains qui manifestent quel'homme n'est pas un être intégralement naturel: les langues, la politique, les sciences, les arts, la religion,…- La violence peut d'abord se définir comme une manière d'user de la force qui transgresse certaines limites.

Parexemple, un usage de la force qui porte atteinte à l'intégrité physique d'un individu peut être dite violente, de mêmeque celle qui viole les lois politiques ou morales.

- La nature semble être le règne de la violence: il y règne un rapport de prédation entre les individus, elle est régitpar la loi de la sélection naturelle, etc.

Il est alors tentant de concevoir l'émergence de la culture comme unetentative humaine pour s'excepter de cette violence naturelle et produire un monde pacifié.

Le développement de laculture aurait alors pour corollaire une diminution progressive de la violence au sein du monde humain, jusqu'à unétat idéal d'absence totale de violence.

Cependant, l'installation et le maintient de la culture implique l'usage d'uneforce qui peut elle aussi être qualifiée de violente: en effet, elle va à l'encontre de lois et d'impulsions naturelles.

Problématique: Doit-on alors considérer que la violence est un fait naturel, contre lequel la culture vient nous protéger? Ou, aucontraire, doit-on penser que l'usage violent de la force est une nécessité fondamentale que rien ne pourra jamaisfaire disparaître, la culture n'étant alors qu'une modification de la violence naturelle au profit d'une violenceproprement culturelle? I) La culture est une garantie contre la violence: - La violence est un fait naturel.

En effet, le rapport naturel entre les individus est un rapport violent, celui de laprédation et de la lutte pour la vie.

Ainsi, Darwin dans l'Origine des espèces (chapitre III) explique que le nombre des individus vivants est supérieur à celui des moyens de subsistance nécessaires l'entretien de tous.

C'est pourquoichacun lutte pour sa propre survie, qui ne peut se maintenir qu'au détriment des autres.

Seuls les mieux adaptéspourront exister suffisamment longtemps pour pouvoir se reproduire.

Cette reproduction obéit donc à une « sélectionnaturelle » des individus les « meilleurs ».

L'homme, en tant qu'être naturel, est lui aussi pris dans ce type derapports.

Comme l'explique Hobbes au chapitre 13 du Leviathan , dans l'état de nature, les hommes sont ennemis les uns des autres.

Il luttent pour assouvir un maximum de leurs désirs, quitte àdéposséder violemment l‘autre de ses biens ou même de sa vie.

Il en résulteune « guerre de tous contre tous ».- Nous pouvons alors interpréter l'émergence et le développement de laculture comme une tentative de l'homme pour s'excepter de cette violencenaturelle.

La politique, par exemple peut être expliquée comme un moyen defaire cesser cette « guerre de tous contre tous » et établir une sociétépacifiée.

De même, le développement des langues permet la communication etdonc rend possible la coopération et la concorde des individus.

Les scienceselles aussi peuvent s'inscrire dans cette perspective.

Elles tendent en effet àréduire une violence d'un autre type: non plus celle des hommes entre eux,mais celle des phénomènes naturelles sur l'homme.

Par la connaissance de lanature nous pouvons non seulement prévoir les phénomènes naturels et nousprotéger de leur violence parfois dévastatrice (tremblement de terre, éruptionvolcanique), mais aussi maîtriser la violence des forces naturelles et lesutiliser à notre profit (utilisation du vent pour la navigation, par exemple).

Transition: Tous les faits culturels peuvent donc être lus comme un moyen de luttercontre différents types de violence.

La culture semble alors bien correspondre à l'émergence d'un monde proprementhumain qui, contrairement au monde naturel, nous garantirait contre la violence.

Cependant, si la culture réduit laviolence naturelle, est-ce à dire qu'elle est parfaitement exempte de toute violence? En effet, il semble que nous nepuissions lutter contre la violence que par la violence elle-même.

La culture ne nous garantirait alors de la violencenaturelle que par la création d'une violence proprement culturelle.

II) La culture engendre une violence qui lui est spécifique: - La culture doit bien disposer d'une force afin de contrer les impulsions et les lois qui règnent dans la nature.

Dansce cas, pourquoi qualifierions-nous la force naturelle de force violente, et pas la force culturelle? Il faut reconnaîtrequ'il existe une violence propre à la culture.

Donnons-en deux exemples.

D'abord les mœurs et gestes quotidiens desêtres « cultivés » sont modelés par une force propre à la culture, qui pour être plus insidieuse, n'en est pas moinsviolente que la force naturelle.

Ainsi comme l'explique Mauss dans « Les techniques du corps » (in Sociologie et anthropologie ), chacun de nos gestes, même ceux qui nous semblent les plus naturels et les plus spontanés, portent en réalité la marque de notre culture.

Ainsi, même « la position des bras, celle des mains quand on marcheforme une idiosyncrasie sociale, et non un produit de je ne sais quels agencements individuels ».

Mauss peut, parexemple, reconnaître une femme Maori à sa démarche particulière.

La société modèle à notre insu chacune de nospostures et s'inscrit jusque sur nos corps eux-mêmes.

De là à considérer que cette inscription fait violence à. »

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