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La culture est-elle facteur d'égalité entre les Hommes ?

Publié le 27/02/2008

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La culture est ce qui s'oppose à la nature. Elle rassemble ainsi tous les phénomènes humains qui manifestent que l'homme n'est pas un être intégralement naturel: les langues, la politique, les sciences, les arts, la religion,... L'égalité est une analogie de rapports comme le montre l'article premier de la déclaration de l'homme et du citoyen : « les hommes naissent libres et égaux en droits ». Le droit désigne le mode de rapport entre les hommes qui permet leur égalité de traitement dans la rétribution positive (deux individus qui auront fourni un travail identique devront recevoir un salaire égal) ou négative (la justice n'a pas deux poids ou deux mesures pour juger les riches ou les pauvres); Or l'état de nature est cet état avant la culture qui est dénué de droit et de justice; il y règne donc nécessairement une grande inégalité entre les hommes puisque les individus ne sont limités que par leurs propres forces. Ainsi la culture, en se substituant à l'état de nature, serait un facteur d'égalité entre les hommes; Cependant l'égalité ne règne pas dans l'état social : certains individus possèdent plus que d'autres ou  ont des talents qui sont plus socialement valorisés que d'autres. Loin de constituer un facteur d'égalité entre les hommes, la culture ne ferait que conforter des inégalités naturelles ou en rajouterait de nouvelles. L'égalité règne si peu dans l'état culturel que l'on peut se demander si les inégalités naturelles n'étaient pas plus acceptables que celles qui adviennent dans l'état social. Nous sommes alors confrontés  à notre problème : la culture permet-elle de rendre les hommes égaux entre eux ou bien ne consiste t-elle au contraire qu'en l'addition d'inégalités supplémentaires, plus injustes encore que celles qui adviennent à l'état naturel ?
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« hommes advient par l'attribution d'une place dans le système hiérarchique plus ou moins implicite de toute société._ L'inégalité inhérente à la culture est d'autant plus flagrante qu'elle existait sur un mode infiniment plus discret àl'état de nature.

Ainsi comme les hommes vivaient sans aucune relation les uns avec les autres ou presque à l'étatde nature, ils ne pouvaient encore se juger selon un système de valeurs établi par la culture.

Comme l'expliqueRousseau à la fin de la première partie du Discours sur l‘origine de l'inégalité : « quand la nature affecterait dans la distribution de ses dons autant de préférences qu'on le prétend, quel avantage les plus favorisés en tireraient ils aupréjudice des autres, dans un état de choses qui n'admettrait presque aucune relation entre eux ?» On peut parexemple affirmer que le fait de ne pas avoir l'oreille musicienne ne provoque une inégalité entre les hommes que dansl'organisation où il existe des concerts, des musiciens et des dîners mondains tandis que cette sorte d'inégalité resteabsolument sans conséquence dans l'état de nature.

« Là où il n'y a point d'amour, de quoi servira la beauté ? Quesert l'esprit à des gens qui ne parlent point et la ruse à ceux qui n'ont point d'affaire ? »; par conséquent, il fautconclure avec Rousseau que « dans la différence d'homme à homme doit être moindre dans l'état de nature quedans celui de société et combien l'inégalité naturelle doit augmenter dans l'espèce humaine par l'inégalitéd'institution ».

A l'intérieur d'une culture, les inégalités semblent être exacerbés par la culture; mais cela signifie t-il que la cultureconfirme et renforce des inégalités préexistantes à l'état de nature ou bien en crée t-elle de nouvelles ? Sommesnous égaux face à l'utilisation et l'acquisition de la culture ? III La culture ; une création d'inégalités ? _ La culture se constitue elle-même comme force en se juxtaposant avec d'autres comme la beauté ou la puissancephysique : elle désignerait alors un moyen d'action permettant le pouvoir et l'affirmation de celui qui la détient.

Laculture est en ce sens comprise comme l'acquisition de connaissances valorisés par la société.

Cette puissance dela culture est-elle partagée plus également que les autres forces ou bien accroît-elle au contraire l'inégalité ? Noussommes contraints de répondre par la négative : la culture,comprise comme acquisition de connaissancessocialement valorisées est nécessairement inégalement partagée.

En effet comme le souligne Hannah Arendt dansLa Condition de l'homme moderne , l'acquisition de la culture nécessite de l'otium c'est-à-dire du loisir.

Or pour permettre à certains individus de jouir de cet otium, il faut que la majorité des autres individus se consacrent aunegotium, c'est-à-dire au négoce au travail.

Dans la société grecque par exemple, si les patriciens pouvaients'adonner au loisir studieux, c'est parce que les esclaves satisfaisaient leurs moyens de subsistance.

Le principe dela division du travail amènerait à une inégalité dans l'acquisition de la culture._ Pourtant l'école a pour vocation de donner à tous la possibilité à tous de changer de classe sociale.

La promotionpar l'acquisition du connaissances et l'obtention de diplômes fonderait donc une égalité entre les individus quelquesoit leur origine sociale initiale.

Or cette égalité est plus une exigence idéale qu'une réalité.

Comme l'a montréBourdieu dans son ouvrage les héritiers , l'institution scolaire prétend prendre chaque individu à égalité et leur faire acquérir à chacun d'entre eux les connaissances qui leur permettront d'accéder à un travail.

Tout le problème, c'estque nous ne partons pas tous avec la même somme de connaissances lorsque nous commençons l'école.

Nosparents et le milieu aux quel nous appartenons nous lèguent un capital symbolique qui est au moins aussi importantque le capital financier.

C'est grâce à ce capital symbolique qui consiste en ce que l'on appelle ordinairement culturegénérale que certains individus ont plus de chances de réussir que d'autres.

Par exemple il est évident que lesenfants de professeurs partent avec un avantage considérable par rapport à des enfants d'ouvrier.

Par conséquentla culture, en plus de conforter des inégalités naturelles, en créeraient d'autres, plus discriminantes._ Néanmoins, la culture comme somme des connaissances possibles appartient à tous les individus en droit.

Si dansles faits, la culture est partagée de manière inégale; en droit tout le monde peut y avoir accès.

En effet l'inégalitéest exclusive et radicale lorsque qu'elle se fonde sur un don naturel : par exemple si je suis laid, je suisirréversiblement inégal par rapport à ceux qui sont beaux dans la course à la séduction et même dans le recrutementprofessionnel.

Or la culture est une capacité construite et non donnée : il est donc toujours possible de les acquérirmême lorsque notre capital symbolique nous permet plus difficilement d'y accéder.

Comme l'écrit Sartre dans lenuméro 3O de la revue l'Arc : « la liberté ne consiste pas à faire ce que l'on veut, mais à faire quelque chose à partir de ce que l'on a fait de nous ».

La culture repose dans les musées et les bibliothèques : si nous n'avons pastous été habitués à fréquenter ces lieux avec nos parents, il nous appartient de ne pas nous laisser absolumentnous déterminer par notre milieu social.

Ainsi l'inégalité de culture doit être relativisée, et cela d'autant plus que laculture appartient aux biens participables, et non partageables : un bien partageable est un bien dont la possessionpersonnelle exclut les autres.

Par exemple la voiture que je possède est soustraite à la possibilité pour les autres del'acquérir.

En revanche, nous pouvons être infiniment nombreux à aimer le poème de Michaux « Mes propriétés » sans nous exclure mutuellement : en tan qu'objet idéal, ce poème appartient à tous parce qu'il n'appartient à personne.

Conclusion : la culture a pour vocation de compenser les inégalités résultant de l'état de nature.

Si par l'institution du droit et l'établissement d'instance judiciaire, la culture permet de fonder une égalité entre les hommes, il ne fautpas négliger le fait que d'autre inégalités adviennent dans l'état social.

Non seulement la culture conforte certainesinégalités naturelles qui n'étaient pas visibles dans l'état de nature, mais elle en produit d'elle-même d'autres quisont plus discriminantes comme le montre l'exemple de l'école.

Néanmoins, si en fait la culture est inégalementpartagée, en droit elle appartient à tous.

Aussi si l'obtention de propriétés matérielles favorise l'inégalité entre lesindividus, la culture comme bien participable fonde l'égalité réelle de tous les hommes dans leur rapport à laconnaissance.. »

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