La culture définit-elle l'identité des hommes ?
Publié le 13/03/2005
Extrait du document

La question posée pourrait être interprétée de deux manières distinctes. Tout d’abord dans un contexte général, c’est-à-dire que le problème soulevé concernerait toute l’humanité, les hommes en général. Et ensuite dans un contexte particulier, où l’on s’adresserait à l’identité d’un seul homme au sein de la culture dans laquelle il a évolué : suis-je ce que mon monde m’a enseigné ?

«
l'homme est sans cesse pris entre nature et culture.
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception : « Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sensqu'il n'est pas un mot pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'êtresimplement biologique - et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité dela vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorted'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourrait servir à définirl'homme.
» On pourrait donc dire que la culture est le moyen par lequell'homme se crée une identité qui va à l'encontre de celle donnéeoriginellement par la nature.
L'homme s'identifie par le biais de la culture, quilui permet de ne pas se sentir animal.
En l'homme, le naturel et le culturel se confondent.
«Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire,en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite, qui ne doive quelquechose à l'être simplement biologique.» Merleau-Ponty, Phénoménologie de laperception (1945).
• L'idée d'une âme qui place l'homme à part de la nature a pour soubassementune conception religieuse de l'homme.
Si l'on veut conserver l'idée quel'homme malgré tout n'échappe pas à la nature, tout en conservant sa spécificité absolue, on peut dire avec Merleau-Ponty que, en l'homme, le naturel et le culturel se confondent: il n'ya aucun acte humain qui ne puisse être rapporté à du biologique.
Mais, de l'autre côté, le sens de ces actes, mêmeles plus primitifs, est toujours culturel.
Tout est naturel en l'homme, mais pour l'homme, tout est culturel.
"Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d'embrasser dans l'amourque d'appeler table une table.
Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme lesmots.
Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont en réalité desinstitutions.Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait"naturels" et un monde culturel ou spirituel fabriqué.
Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme,comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose àl'être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, nedétourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoquequi pourrait servir à définir l'homme." MERLEAU-PONTY
Merleau-Ponty commence par énoncer sa thèse de façon négative, par deux fois, en refusant deux idées.
Lapremière idée refusée, c'est l'idée que le comportement humain soit plus naturel que la dénomination dans lelangage.
Cette analogie entre langage et comportement s'appuie sur l'idée que la dénomination est conventionnelle(ce qu'expliquait Hermogène dans le Cratyle de Platon).
Donc, les comportements qui nous paraissent les plusspontanément normaux sont en réalité des conventions culturelles : et, juste avant ce texte, Merleau-Ponty faisaitvaloir que les Japonais sourient dans la colère.
L'argument de l'hérédité fonctionne alors comme un argument afortiori (« même ceux qui...
») : rien n'est absolument réductible au corps, c'est-à-dire à la nature, et la paternité,en tant que valeur culturelle construite, dépasse l'instinct de reproduction.La deuxième idée refusée (à partir de « il est impossible...
») est celle de la superposition de « couches » naturelleset culturelles.
Merleau-Ponty veut ici lutter contre l'idée classique et commode selon laquelle coexisteraient enl'homme deux épaisseurs, deux strates géologiques, qu'on pourrait séparer l'une de l'autre et reconstituer à partl'une de l'autre : la nature et la culture.
L'allusion en appelle implicitement à Rousseau et à sa statue de Glaucus : leprojet de Rousseau est dénoncé comme utopique.La thèse de Merleau-Ponty, qui apparaît négativement dans les deux premiers temps du texte, puis positivement (àpartir de « tout est fabriqué...
») est donc que nature et culture sont toujours déjà là en l'homme, et qu'elles sontindiscernables : l'homme est à la fois totalement naturel et totalement culturel.
L'homme n'est plus alors celui quis'arrache à la nature pour devenir culturel : il est introuvable, inassignable.
Définir l'homme par l'« équivoque », parl'« échappement », c'est dire que la conduite humaine n'est jamais strictement réductible à l'un des deux ordres, etqu'une telle tentative de réduction est toujours déçue.
L'appel par Merleau-Ponty à ce registre de l'ambiguïté signifieque l'homme est inclassable, et que c'est là sa différence spécifique.
III.
Troisième partie : La culture comme identité du groupe ou de l'individu
La culture d'un peuple, crée-t-elle l'identité des hommes qui vivent au sein de cette société ? Ce qui intéresse lesociologue, à la différence de l'anthropologue, ce n'est pas tant de savoir si l'humanité se détache de l'animalité àtravers ses productions culturelles et artistiques, mais plutôt si ces productions sont utilisées différemment selonl'appartenance de chacun.
Le sujet pourrait alors être une sorte de lecture du Bourdieu des Héritiers .
En effet, l'identité n'est pas une donnée abstraite et générale, mais elle est définie par des facteurs excessivement précis,comme le sexe, la classe sociale, le milieu géo-politique, etc...
Donc, on s'aperçoit régulièrement, que les hommes.
»
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