La culture connaît-elle elle-même une évolution, ce qui différencierait alors la culture originelle de la culture expérimentée ?
Publié le 28/03/2023
Extrait du document
«
La culture connaît-elle elle-même une évolution, ce qui différencierait alors la culture originelle de
la culture expérimentée ?
A- L'évolution de l'homme par la culture
B- L'évolution de la culture
A:
B.
Malinowski présente, au travers de son œuvre La sexualité et sa répression dans les
sociétés primitives, publié en 1932, une analyse des transformations que la nature animale a subi
face à la culture.
Cet extrait de l'œuvre oppose ainsi les notions de nature et de culture, avec « Le
comportement typique, caractéristique de l’état civilisé, diffère essentiellement du comportement
animal à l’état de nature ».
Dans les faits, l’auteur nous explique que l’être humain n'est pas seulement caractérisé par son
héritage génétique.
Ce n’est pas parce que nous appartenons à l’espèce humaine que nous sommes
des Hommes.
L’Homme est un tout, qui se compose, certes, de qualités héréditaires et biologiques,
mais aussi d’une accumulation de pratiques et de savoirs culturels que les civilisations ont
développés au cours de son existence.
Ce qui différencie fondamentalement l’homme de l’animal
est alors présent dans la culture.
C’est grâce à cette culture que l’homme échappe à l’état de nature
et aux comportements primitifs basés sur l’instinct de survie.
En effet, la nature désigne tout ce qui est donné à la naissance, ce qui est héréditairement transmis.
À l’inverse, la culture se réfère à ce que l’on acquiert au long de notre éducation, ce qui nous fait
évoluer.
Si l’on observe l’origine de cette notion, le terme “culture” vient du latin « colere » qui
signifi « mettre en valeur ».
On peut par exemple mettre en valeur un intérieur, un jardin, mais ici
l’idée est de mettre en valeur l’esprit de l’homme.
Il apparaît ainsi comme un être de culture.
De plus, on pourrait penser que, en partant du principe où la culture s’ajoute à l’état naturel de
l’homme pour en faire un être civilisé, il serait possible d’observer la nature humaine en soustrayant
à l’homme sa culture.
Hors, ce n’est pas possible.
La culture a profondément modifié les
agissements, mêmes les plus innées, des Hommes.
Par exemple, se nourrir est un besoin inhérent à
l’homme, hors la façon de manger diffère selon les cultures.
En fonction de la région dans le
monde, les civilisations ne mangent pas les mêmes aliments, ou encore, les pratiques diffères, avec
en Europe l’habitude de manger à table avec des couverts, alors qu’en Asie il est de coutume de
manger par terre avec des baguettes.
La culture permet donc de développer l’homme, le rendre
meilleur, mais peut différer selon les environnements.
Selon Malinowski, la totalité des conquêtes culturelles de l'homme peuvent se découper en 4
principaux groupes, caractérisant ainsi l’évolution de l'homme.
La première conquête de l’homme correspond à la fabrication d’outils qui lui facilitent la
vie, c’est ce que nous retrouvons avec « Quelque simple que soit sa culture, l’homme dispose d’un
ensemble matériel d’instruments, d’armes, d’ustensiles domestiques », aux lignes 3 et 4.
Toutes ces inventions sont le résultat de petites incrémentations qui modifient les schémas
préexistants.
L’homme a réussi à s'extraire de l’état de nature, à l’origine, en fabriquant des outils
qui lui ont permis d’évoluer et de ne plus dépendre de la nature.
C'est-à-dire que l’Homme, en
créant des lances, en créant des couteaux, des armes pour se défendre, pour se nourrir, s’est fabriqué
des outils qui s'associent à ses capacités biologiques pour pouvoir mieux se développer, mieux
vivre.
Cependant, au XIXème siècle, C.
Darwin a relevé dans la Filiation de l'homme que des
singes étaient capables d'utiliser eux aussi des outils.
Par exemple, ils se servent d’une pierre pour
casser une noix.
L’utilisation d’outils ne serait ainsi pas propre à l'espèce humaine.
Or les conquêtes culturelles de l’espèce humaine ne s'arrêtent pas là.
En effet, B.
Malinowski énonce également que l’Homme « évolue dans un milieu social qui l’assiste et le
contrôle à la fois » (lignes 4 à 5).
Le cadre social se définit par l'ensemble des normes et des règles que l'individu intériorise afin de
vivre en collectivité et de profiter des protections et des richesses que la vie en société apporte.
Cette organisation est donc une nécessité vitale pour différencier l'homme de l'animal.
En effet le
philosophe T.Hobbes suppose qu'à l'état de nature, l'homme se comporte avec hostilité à l'égard de
ses semblables car sa liberté n'est pas contrôlée.
En l'absence de cadre, la loi qui se met
spontanément en place est celle du plus fort, par laquelle chacun cherche à obtenir tout ce qu'il
désire.
Ce contrôle qui émane de la société est alors nécessaire car, sans ce dernier, les hommes
vivraient dans une situation de guerre généralisée permanente.
Plus simplement, sans cadre,
l’homme agit selon son instinct et n’a....
»
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