Devoir de Philosophie

« La culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié. » Édouard Herriot. Commentez cette citation.

Publié le 12/09/2009

Extrait du document

culture

On ne doit pas chercher à se cultiver pour accumuler une masse de connaissances, mais pour avoir une formation morale et intellectuelle...

      Edouard Herriot, homme politique et écrivain français, définit la culture comme « ce qui reste quand on a tout oublié « dans ses Notes et Maximes. Or celle-ci apparaît paradoxale, au moins en apparence. En effet, si l’on a tout oublié, il ne devrait rien reste. Pour ce reste, Herriot le définit comme la culture. Qu’est-elle alors ? S’il s’agit de comprendre pleinement la citation, il s’agit bien saisir la relation entre la culture, la mémoire et l’oubli. Dès lors, la définition de Herriot ne se comprend pas dans l’ordre du quantitatif, de la masse de connaissances accumulées. Bien plus, cette culture doit se comprendre dans le temps long. Elle n’est pas l’immédiateté de la connaissance : celle de la leçon apprise pour le lendemain. Elle est une longue stratification qui individualise son porteur. Ainsi la culture est fonction de l’oubli, individualise la personne et manque l’ouverture de l’homme au monde au-delà de la nécessité pratique.

culture

« du qualitatif.

Mais l'oubli comme mise en place du passé et comme effacement positif de certains souvenirs.Comment pourrais-je conserver la totalité de mes faits psychiques sans être submergé par eux ? Il me faut bien lestrier et les sélectionner pour construire et édifier mon passé.

L'oubli, en ce sens, n'est pas une maladie de lamémoire, mais une condition de la vie.

Or si l'on compare la culture à un voyage intellectuelle alors on peut imaginerce que serait un esprit qui n'oublierait rien de ce qu'il a appris et de ce qu'il a vécu : voyageur accablé sous le poidsde ses bagages, noyé, perdu dans la masse de son passé qui l'empêcherait tout à fait d'exister dans leprésent.

L'oubli n'est une simple force d'inertie, mais représente l'accomplissement d'une fonction vitale.

De tempsen temps, il faut fermer les portes et les fenêtres de la conscience, il faut refouler les contenus mnésiques quim'empêchent de jouir du présent.

Sans cette table rase de l'oubli, je demeure prisonnier de représentations passéesqui entravent ma jouissance du moment.

Celui qui n'oublie jamais est ligoté par son passé, voué par cela même àl'impuissance existentielle.

Tout demeure en lui et tout l'affecte.

Tous les évènements laissent des traces dans laconscience.

L'oubli est donc une condition de la bonne santé mentale. b) La finalité de l'oubli est l'émergence de la culture de l'individu : il représente la condition même de l'action.

Si tousles souvenirs se perpétuent en moi sous forme immatérielle, il ne s'ensuit pas qu'ils soient conscients.

Ils demeurenten moi à l'état inconscient : je n'actualise que ceux qui me sont utiles.

En somme, oublier c'est rejeter hors duchamp de la conscience les souvenirs inutiles à nos besoins pratiques.

C'est pourquoi, ce qui reste de mesconnaissances malgré l'oubli c'est bien ce qui est le socle de mes connaissances, ce qui me définit dans le tempslong.

Dès lors, on peut dire que la culture lié à l'oubli est une habitude de vie tel un schème comportementalintellectuel.

L'homme cultivé est donc celui qui sait encore même s'il ne sait pas spécifique.

Or si la culture demeureet individualise l'homme en le définissant, c'est bien parce qu'elle est une ouverture de l'esprit qui n'est pas toujoursreliée à la nécessité pratique d'où l'oubli. c) Ainsi si la culture est utile ce n'est que par ses effets, par les manières dont on s'en sert.

Ce que l'on veut direc'est que la culture en elle-même ne vaut que pour elle-même : elle est une valeur intrinsèque en soi.

Dès lors ellen'a pas à être jugée suivant son rendement ou son utilité, or c'est ce qui explique l'oubli de la connaissance quiconstitue la culture puisque que la connaissance de Flaubert ne nous sert pas de tous les jours.

La culturemanifeste une progression de l'esprit et la question de son utilité n'est vraiment que secondaire.

Elle est uneouverture sur le monde.

En ce sens, on peut élargir le propos de Bertrand Russell dans Problèmes de philosophie de la philosophie à la culture pour nous faire comprendre la finalité de cette définition de Herriot de la culture : « il faut nous libérer des préjugés de ce qu'on nomme à tort ‘esprit pratique'.

l'‘esprit pratique', au sens habituelle decette expression, ne connaît que les besoins matériels de l'humanité ; il sait que l'homme doit entretenir son corps, ila oublié que son esprit réclame aussi de la nourriture.

[…] Pourtant, si faible que soit l'espoir de découvrir uneréponse valable, l'examen persévérant de telles questions fait partie des tâches dévolues à la philosophie ; celle-cinous fait prendre conscience de l'importance de tels problèmes ; elle examine toutes les façons de les traiter et elleaide à garder intact cet intérêt spéculatif pour l'univers qui est en danger d'être anéanti si nous nous bornons à larecherche d'un savoir à la certitude bien établie.

[...] La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dansson caractère incertain même.

Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, prisonnier depréjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ontgrandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.

Pour un tel individu, le monde tend à devenirdéfini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sontrejetées avec mépris.

Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nousvoyons que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouveque des réponses très incomplètes.

La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitudela réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ denotre pensée et délivre celle-ci de la tyrannie de l'habitude.

Tout en ébranlant notre certitude concernant la naturede ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente ; elle faitdisparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru la région du doute libérateur, etelle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspectnouveau.

[...] La vie de l'individu est bornée par le cercle de ses intérêts personnels ; sa famille et ses amis peuventy être inclus, mais le monde extérieur lui est indifférent, sauf dans la mesure où il peut favoriser ou gêner tout cequi se trouve dans le cercle des désirs instinctifs.

Une telle existence a quelque chose de fiévreux et de confiné ; encomparaison la vie philosophique est calme et libre.

Le monde des intérêts particuliers est un monde restreint placéau milieu d'un vaste et puissant univers qui, tôt ou tard, mettra en ruines notre monde personnel.

A moins d'élargirle cercle de nos intérêts de manière à y inclure tout le monde extérieur, nous demeurerons comme la garnison d'uneforteresse assiégée qui sait d'avance que l'ennemi empêchera toute sortie et qu'une reddition finale est inévitable.[…] L'esprit qui s'est accoutumé à la liberté et à l'impartialité de la contemplation philosophique, conservera quelquechose de cette liberté et de cette impartialité dans le monde de l'action et de l'émotion ; il verra dans ses désirs etdans ses buts les parties d'un tout, et les regardera avec détachement comme les fragments infinitésimaux d'unmonde qui ne peut être affecté par les préoccupations d'un seul être humain.

L'impartialité qui, dans lacontemplation, naît d'un désir désintéressé de la vérité, procède de cette même qualité de l'esprit qui, à l'action,joint la justice, et qui, dans la vie affective, apporte un amour universel destiné à tous et non pas seulement à ceuxqui sont jugés utiles ou dignes d'admiration.

Ainsi, la contemplation philosophique exalte les objets de notre pensée,et elle ennoblit les objets de nos actes et de notre affection ; elle fait de nous des citoyens de l'univers et non passeulement des citoyens d'une ville forteresse en guerre avec le reste du monde.

C'est dans cette citoyenneté del'univers que réside la véritable et constante liberté humaine et la libération d'une servitude faite d'espérancesmesquines et de pauvres craintes ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles