La croyance religieuse exclut-elle la raison ?
Publié le 10/11/2009
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La croyance religieuse n'a donc pas un fondement rationnel, mais n'est cependant pas non plus nécessairement une démission de la raison, une adhésion déraisonnée, voire déraisonnable à certains dogmes. La théologie propose ainsi, une fois l'existence d'un dieu admise sans preuves, d'en tirer par la raison certaines conséquences, comme on peut tirer à partir de postulats, certaines conséquences de manière logique. De même la croyance religieuse peut coïncider avec une raison pratique qui permet de définir des règles morales de conduite. La croyance religieuse implique donc toujours une démission partielle de la raison, puisque ce n'est pas la raison qui pousse à croire, mais n'implique pas nécessairement une démission totale de la raison, qui peut être utilisée comme appui à la croyance dans le domaine religieux.
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II) LA FOI N 'EST PAS IRRATIONNELLE
A) DES RAISONS DE CROIRE EXTÉRIEURES AU CROYANT
On peut dans un premier temps penser que la croyance religieuse n 'est pas irrationnelle, dans la mesure où un croyant a de multiples raisons de croire (quelle que soit sa croyance), sans qu'il en soit nécessairement conscient.Par exemple, Freud considère que la religion est la satisfaction de désirs inconscients, et notamment du désir d'êtreprotégé par un père tout-puissant.
Feuerbach affirme que le Dieu chrétien infini n'est que la projection de nospropres capacités humaines finies, mais portées à l'infini : nous nous réalisons dans un autre imaginaire, car noussonnes insatisfaits de nos limites.
Marx en conclura que ce sont les frustrations sociales, la misère qui nous pousseà croire en une religion qui nous promet le bonheur et nous apporte la consolation.
Croire n'est donc pas irrationneldans la mesure où on peut trouver des raisons de la croyance religieuse.
Mais ces auteurs montrent en même tempsque cette croyance est une illusion, c'est-à-dire une vision fausse du monde, difficile à vaincre car enracinée dansdes désirs puissants (réconfort...).
On peut reconstituer les raisons qui poussent â croire, mais il n'est pasraisonnable de croire selon ces auteurs, dans la mesure où croire ne résout pas les problèmes de l 'homme (rapport au père selon Freud, misère sociale selon Marx...).
De plus, cet usage de la raison n 'est pas l'usage de la raison du croyant, mais de personnes extérieures observant et cherchant à comprendre le phénomène religieux ; le croyant nereconnaît pas, n'est pas conscient de croire pour les raisons indiquées ci-dessus.
Ainsi c'est davantage l'imaginairedu croyant qui forme, selon ces auteurs, les images et les personnages en lesquels il croit ; en ce sens les dogmesreligieux ne sont pas issus de la raison, qui s 'oppose à l 'imagination.
Il faut donc se demander si la raison peut avoir sa place au cœur de l'acte de foi, si le croyant lui-même use de la raison pour croire.
B) DES RAISONS DE CROIRE PROPRES AU CROYANT
La croyance religieuse ne se fonde pas nécessairement sur un élan mystique extérieur à la raison.
S'il est possible de penser des croyances irréfléchies, qui ne cherchent pas â se donner de justifications par la raison, enrevanche certains croyants montrent que l 'on peut "croire selon la raison ".
L'exemple le plus flagrant de ce type de croyance réfléchie est Descartes, qui propose une démonstration de l 'existence de Dieu.
Descartes utilise une démonstration, c'est-à-dire qu'il utilise les règles du raisonnement et de la déduction pour tirer d 'une idée de départ "l'idée de Dieu est celle d'un être parfait " une conclusion logique "un être parfait est un être qui existe ".
Même si Kant a réfuté cet argument, en montrant que l 'existence n 'est pas quelque chose que l 'on détermine par un raisonnement niais que l'on perçoit à l'aide des sens (la chaise imaginaire et la chaise réelle ont la même définition,relèvent de la même idée, et pourtant je peux m'asseoir sur l 'une et pas sur l 'autre), la tentative de Descartes montre que la raison peut être un appui pour la religion.
[Attention, pour Kant, l'idée de Dieu est une idée de laraison, mais n'est pas un savoir, car elle n 'est pas validée par une preuve sensible].
En effet la raison produit des discours destinés à convaincre ceux qui les écoutent.
Convaincre , c'est pousser l'interlocuteur à adhérer à nos idées en utilisant des arguments qui s 'adressent à la raison ; on est convaincu par une démonstration mathématique, lorsqu 'on l'a comprise.
Il s'agit donc de justifier une idée, d'en exposer les raisons d'être.
On est ici proche de ce que l'on avait appelé "savoir " (donner les justifications rationnelles de ce que l 'on pense), par opposition à l '"opinion ".
Si Descartes n'a pas convaincu Kant, il pose cependant la possibilité d 'un usage de l'argumentation dans les questions religieuses.
Les débats théologiques sont-ils d'ailleurs autre chose que l'échange d'argumentaires à propos de tel outel point de foi, de telle ou telle interprétation des textes (religions monothéistes)? La religion n'est pas exempte dedébats faisant appel à la raison et à la logique.
Cependant, convaincre quelqu'un, est-ce le faire croire? Si l'on obtient un savoir rationnel sur les phénomènes religieux, peut-on encore parler de foi? A-t-on encore besoin de parler de "foi"? Il semble que l'apparition de la raisondans la foi supprime celle-ci : si je connais, je n'ai plus besoin de croire.
Qu'y a-t-il dans la croyance religieuse quiimplique que l'on renonce à sa raison?
III) LE CŒUR ET LA RAISON
La raison peut être un appui pour la croyance religieuse ; mais ce n 'est pas elle qui fait croire : elle n 'est pas l'essence de la croyance.
Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer absolument à l'usage de la raison lorsque l'on croit,.
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