La croyance en Dieu exclut-elle le raisonnement ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
et le savoir, il existe une différence radicale : elle ne cherche pas à poser une thèse comme vraie ; subjectivementsuffisante, elle n'a pas besoin de se rapporter à l'objectivité pour se déclarer valide.
Dès lors, la religion n'exigeaucun savoir quant à l'existence objective de ce dont elle parle, — même s'il s'agit de l'existence objective de Dieu.
[La foi doit primer sur la raison.]
Dans une perspective fidéiste , au contraire, on ne peut accéder à une vérité religieuse que par la seule foi sans aucun recours à la raison : celle-ci éloigne de Dieu .
Aussi , le croyant doit totalement s'abandonner aux seules principes de la Révélation [1].
« La foi est différente de la preuve : l'un est humaine, l'autre est un don de Dieu » (Pascal ).
Je crois parce quec'est absurde.
SaintAugustin
Cette phrase définit la foi.
Nous n'avons nulle preuve del'existence de Dieu.
Croire en Dieu (ou n'y pas croire) relèved'un choix d'existence mais qui reste infondable en raison.
« C'est donc sur la foi objective qu'on spécule.
Qu'est-ce que cela veut dire la foi objective ? Cela veut dire unesomme de propositions [...] La foi objective, c'est comme si le christianisme était annoncé comme un petit système,pas si bon naturellement que celui de Hegel, c'est comme si le Christ [...] avait été professeur et que les Apôtresaient constitué une petite société savante.
»
C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien en dehors d'elle, elle est réponse à tout («Tout le réel est rationnel et tout le rationnel est réel »).
A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nier qu'ens'affirmant.
Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croire serait s'engager dans un processus de régression àl'infini, dont on ne peut sortir que par un saut hors de la raison...
un acte de foi dans la raison...
tout à faitirrationnel.
Il n'y a pas de raison de la raison.
Et si la raison trouve sa limite dans une réflexion sur son fondement,elle en rencontre une autre en se heurtant à l'existence.
Kant avait bien montré que l'existence, absolue positiond'une chose, échappe à toute démonstration, mais il persistait à aligner l'existence du sujet éthique sousl'universalité de la raison pratique (le devoir).
Le sujet, de Descartes à Hegel, n'est qu'une abstraction qui ôte àl'existence son existence : tel est le point de départ de la révolte de Kierkegaard contre le rationalisme.
La conversion à l'existence est l'acte par lequel le peseur subjectif se détournede l'universalité des règles de la raison uniformisant les règles de vie, pour sepenser comme individu, « être particulier existant, qui prend la décisionabsolue sur le plan de l'existence » (« Post-Scriptum...
»).
La vérité del'existence humaine est toute entière dans le sens que lui assigne le choixsubjectif de l'individu.
Si chez l'animal, l'espèce est plus importante quel'individu, car celle-ci impose en quelque sorte à celui-là ses règles.
Chezl'être humain, l'individu prévaut sur l'espèce qui ne décide pas pour lui.L'individu doit choisir pour son propre compte sans pouvoir se dérober.
L‘homme n'a donc pas un existence spéculative mais concrète et c'est dans etpar cette confrontation concrète aux « possibles » que l'homme donne formeà sa singularité et devient par là même un « individu ».
Mais l'individu paiecette liberté du choix par l' « angoisse » qui est sentiment de malaise devantl'inconnue de la possibilité.
L'existence est possibilité cad « angoisse ».
Etc'est cette vérité subjective que recherche Kierkegaard dans les « Etapes surle chemin de la vie ».
Or la leçon que donne l'existence de la raison est qu'ellene se plie pas à ses exigences.
Elle est par essence paradoxale, car chaquevérité existentielle a sa contrevérité, non moins vraie qu'elle .
Ainsi, l'hommeesthétique qui a choisi l'aventure, la jouissance instantanée fera l'amèreexpérience de l'insatisfaction.
Pour avoir placé le définitif dans l'instant, sa viene sera qu'un temps vide, car il faut que l'instant meure pour que l'instantnaisse.
Avec le juif errant et Faust, Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir.
Pour avoir choisi de ne pas s'attacher, Don Juan, deconquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, sa victime se dérobe au moment même où elle s'abandonne etla femme en soi n'est jamais possédée.
Pour lui, chaque femme représente une possibilité d'existence.
Mais il choisitde ne pas choisir et reste suspendu entre toutes les possibilités qu'offrent ses conquêtes.
A les vouloir toutes, Don.
»
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