LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE : LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE
Publié le 26/03/2015
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Mais la catégorie, ou concept pur, n'est pas le point de départ absolument originaire de la connaissance : elle est une liaison ; or, cette liaison suppose antérieurement à elle-même une unité. C'est en deçà du pouvoir de liaison de l'entendement que se trouve le point originaire: l'acte de spontanéité lui-même de mon esprit qui va lier mes représentations, autrement dit le «Je pense «. Ce «Je pense«, écrit Kant, «doit donc pouvoir accompagner toutes mes représentations ; autrement il y aurait en moi quelque chose de représenté qui ne serait pas pensé, autant dire, dont la représentation serait impossible ou du moins ne serait rien pour moi «. Voici un trait particulièrement difficile et significatif du kantisme : il n'y a pas d'unité possible de la conscience (le «Je pense«) sans l'unité de son objet (ce que je pense). Autrement dit, l'unité du «Je pense« entraîne nécessairement la construction de la réalité objective. Le «Je pense« kantien
«
perception empirique? Mais, aspect «négatif», l'intuition sensible
ne peut me procurer qu'une représentation singulière: c'est l'envers
de la médaille! Car
si voir, toucher ce livre que j'ai dans les mains,
semble bien pouvoir m'assurer indubitablement de son existence, en
revanche, cette stricte information sensible
ne me fournit qu'une
représentation à jamais singulière qui, en tant que telle,
ne peut
même être exprimée dans
le concept de «livre» que je viens d'em
ployer (le livre est une catégorie d'objet et son concept
ne provient
pas de l'expérience sensible).
Bref, l'intuition est
«aveugle» dira
Kant.
Il me faudra unifier le divers sensible qui m'est donné dans
l'intuition au moyen d'une autre faculté de connaissance : ce sera
le
rôle de !'entendement.
L'intuition est donc un mouvement de
connaissance inachevé, et pourtant ici premier.
Car elle porte en elle
un enjeu majeur : elle indique fortement que dans ce moment de pas
sivité ou, comme dit Kant, de
«réceptivité», mon esprit connaissant
est second par rapport au monde.
Ce dernier est toujours déjà
là: ce
n
·est pas ma conscience qui produit les objets du monde que je per
çois, puisqu'elle les reçoit.
L'existence réelle, la présence du monde,
n'est donc pas déductible d'un concept, assimilable
à un processus
logique.
Cette existence précède et excède tout concept : elle est irré
ductiblement extérieureà la pensée conceptuelle.
Chez Kant, le réel
ne sera pas rationnel au sens de la fameuse formule de Hegel.
Cette
donation entraîne une contrainte: celle de la
représentation.
L'objet
réellement présent dans
le monde, le sujet connaissant le reçoit et se
le re-présente.
On pourrait dire de façon triviale que ce n'est certai
nement pas l'arbre réel que
je vois qui «pénètre» dans mon esprit : je
m'en fais nécessairement une représentation singulière.
Or, celle-ci va,
dans l'intuition sensible, passer par deux «prismes» qui la préfor
ment: l'espace et
le temps.
Cela se comprend aisément: une intuition
sensible est nécessairement l'expérience de
la donation aux sens d'un
objet particulier
ici et maintenant.
C'est en cela aussi qu'elle ne pro
cure qu'une représentation à jamais singulière.
L'espace et
le temps
sont donc, dit Kant, les
formes pures de l'intuition.
Ces formes sont
des cadres qui précèdent toute donation sensible, toute donation
d'existence.
Il est regrettable, à cet égard, que Kant parle dans cette
section des
concepts d'espace et de temps en utilisant ce terme au
sens simple de
«notions» : car ce ne sont pas des concepts au sens
précis qui sera défini dans la
«Logique transcendantale».
Il faut, au
contraire, prêter attention
au caractère non conceptuel, donc sensible,
de l'espace et du temps.
Schématiquement,
un concept sera composé
Lli critique de Ill raison spérnlati\'e • 33.
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