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La création artistique a-t-elle quelque chose à attendre ou à redouter de la production industrielle ?

Publié le 17/01/2022

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VOCABULAIRE: CRÉER / CRÉATION (n. f.) 1. - (Lato) Toute production, avec l'idée d'une nouveauté de son objet (création du monde, d'une route, d'une oeuvre d'art). 2. - Dans la tradition judéo-chrétienne, acte par lequel Dieu donne naissance au monde : en ce sens, la Création est création à partir de rien (creatio ex nihilo). 3. - Apparition de quelque chose qui ne résulte pas des données : en ce sens, on a tendance à faire de toute création une création ex nihilo, quelque chose de mystérieux ; c'est pourquoi les matérialistes préfèrent employer le terme de production qui implique un processus matériel (ainsi dit-on production littéraire pour création littéraire). 4. - Invention.

On sépara souvent production industrielle et production artistique, la première étant l’exact contraire de l’autre. La production industrielle est caractérisée par la production en série et à la chaîne d’objets purement utilitaires, production purement mécanique où l’originalité n’a pas place. De l’autre, la production artistique se caractérise souvent par la production d’objets à exemplaire unique dans des matériaux nobles, fabriqués à la main, ces objets sont l’œuvre d’une création originale, et sans pléonasme sont fabriqués par des artistes, c’est-à-dire par des personnes issus du milieu artistique, dont les œuvres sont reconnues par le milieu de l’art comme telle et sont exposés dans des musées ou autres lieux culturels, ces objets d’art ont donc une grande valeur. Aussi, la domination de l’industrie dans le mode de production des objets peut-il nuire à la création artistique que l’on pourrait rapprocher de la production artisanale, qui semble ne peut avoir de raison d’être à l’heure de l’industrie. N’est-ce pas une vision simpliste ? L’industrie au contraire peut inspirer, par ses procédés de fabrication l’art, lui donner de nouveaux matériaux.

« ce qui est, Kant a construit progressivement dans la Critique de la faculté de juger des définitions du beau en les affinant au fur et est à mesure pour arriver à cette définition : « Est beau ce qui est reconnu sans concept commeobjet d'une satisfaction nécessaire.

» Par cette définition que Kant a produit il faut voir alors que le beau est l'objetd'une satisfaction désintéressée et jugée comme universelle.

Le beau n'est donc pas l'utile, le bon, l'agréable, nimême nécessairement le parfait.

Or seul ce sentiment de désintéressement permet de comprendre cette exigenced'universalité.

Le beau proprement dit nous éloigne de nos désirs.

Il est lié à une satisfaction désintéressée : « legoût est la faculté de juger un objet ou un mode de représentation par la satisfaction ou le déplaisir d'une façontoute désintéressée.

On appelle beau l'objet de cette satisfaction.

» En ce sens alors l'universalité esthétique estuniversalité sans concept.

Quand je juge un objet beau, j'attribue à chacun le sentiment que j'éprouve devantl'objet.

Cette universalité est de droit et non de fait.

Cette universalité n'est pas logique : « Est beau ce qui plaîtuniversellement et sans concept » ; de même : « La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle yest perçue sans la représentation d'une fin.

» La création artistique en tant que faisant référence au beau ne peutdonc pas entretenir de lien avec la production industrielle. Transition : Ainsi la création artistique et la production industrielle n'entretiennent-elles pas de rapport.

Leurs objets n'ont rien àvoir ni même leurs modes de production et leurs buts et cela notamment parce que l'art vise le beau ce qui n'est pasle cas de l'industrie qui vise l'utile ou le gain.

Pourtant n'y a-t-il pas tout de même un rapport dans le mouvementmême de l'histoire de l'art et de son marché notamment par le cas de la reproductibilité industrielle de l'œuvre d'art ?Dès lors faut-il reprendre au sérieux cette possible implication.

Mais au lieu d'opposer simplement une attente et unecrainte faut-il les tenir ensemble.

C'est ce que nous allons essayer de faire. II – Implication historique : horizon d'attente et crainte a) La question du rapport entre la question de la création artistique et de la production industrielle se comprendeffectivement à l'aune de la reproductibilité d'une œuvre, d'un original à grande échelle.

Or toute la question qui sejoue ici est bien dans ce horizon d'attente et de crainte celui que met en exergue Walter Benjamin dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée , c'est-à-dire celui de la valeur rituelle et le caractère d'exposabilité de l'œuvre en elle-même : « Avec les différentes méthodes de reproduction de l'œuvre d'art, son caractèred'exposabilité s'est accru dans de telles proportions que le déplacement quantitatif entre les deux pôles se renverse, comme aux âges préhistoriques, en transformation qualitative de son essence.

De même qu'aux âges préhistoriques,l'œuvre d'art, par le poids absolu de sa valeur rituelle, fut en premier un instrument de magie dont on n'admit queplus le caractère artistique, de même de nos jours, par le poids absolu de sa valeur d'exposition, elle devient unecréation à fonctions entièrement nouvelles – parmi lesquelles la fonction pour nous la plus familière, la fonctionartistique, se distingue en ce qu'elle sera sans doute reconnue plus tard accessoire.

» Et cette valeur rituelle quasimystique, se retrouve dans le fétichisme de l'original ou de l'authenticité. b) La question en effet de l'exposabilité est à la fois une attente et une crainte possible pour le rapport que l'onpeut avoir à l'art.

Comme le note Walter Benjamin dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée la reproduction offre à l'art la possibilité de toucher un plus large public, donc s'offre à la masse, et en un certain sensc'est dire que l'art à travers ses œuvres se démocratises et il s'agit bien là d'un moindre mal.

Mais ce que nedéveloppe pas Benjamin c'est bien que cette production industrielle n'est pas possible ou équivalente pour untableau ou un cliché photographique.

En effet, si dans le premier la reproduction exacte est impossibleindustriellement, il apparaît que la photo tout comme pour le film a pour vocation a être reproduit à grande échelle.Et c'est dire qu'il se serait de le photo ou du film comme d'un paradigme ce qui ne va pas de soi.

Qu'est-ce à dire ?Que l'exposabilité provoque une rupture dans la contemplation esthétique.

La Joconde au Louvre hic & nunc et la Joconde de Vinci dans le catalogue n'ont pas le même rapport à la contemplation esthétique.

Ce n'est que face à l'original que se produit se mouvement esthétique, ce « dialogue intime sans parole » pour reprendre une expressiond'Alain.

L'image en tant que reproduction industrielle ne peut donc tout reproduire, toute l'histoire, tout le passé dutableau ou de la sculpture ni sa majesté.

Dès lors on pourrait dire que cette exposabilité se fait au prix de la valeuresthétique et contemplative de l'original. c) Mais ce rapport à l'original à l'authentique est-il à redouter ? N'est-ce pas mettre fin à ce culte de l'original ? Eneffet, Walter Benjamin dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée nous dit bien : « Le hic & nunc de l'original forme le contenu de la notion de l'authenticité, et sur cette dernière repose la représentation d'unetradition qui a transmis jusqu'à nos jours cet objet comme étant resté identique à lui-même.

Les composantes de l'authenticité se refusent à toute reproduction, non pas seulement à la reproduction mécanisé ».

En effet, il semble que la valeur de l'original reste pourtant quelques plus long il nous montre bien que « l'original, en regard de lareproduction manuelle, dont il faisait aisément apparaître le produit comme faux, conservait toute son autorité ; or,cette situation privilégiée change en regard de la reproduction mécanisée.

» En somme ce qui est mis en exerguec'est le fait que c'est la « notion d'aura » qui dépérit selon Benjamin, c'est-à-dire nous éloigne de la tradition c'est-à-dire de ce culte, de ce mysticisme de l'authenticité : « La technique de reproduction – telle pourrait être la formule générale – détache la chose reproduite du domaine de la tradition.

En multipliant sa reproduction des'offrir en n'importe quelle situation au spectateur ou à l'auditeur, elle actualise la chose reproduite .

» Et pour Benjamin il s'agit de la liquidation de valeur traditionnelle de l'héritage culturel, c'est-à-dire d'un bouleversement dela tradition qui n'est que le revers de la crise et du renouvellement actuels de l'humanité.

Mais est-ce véritablement. »

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