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La conviction d'avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ?

Publié le 10/01/2004

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., la force.Dans ces "pseudo-dialogues" ce qui importe, c'est de ne pas "perdre la face". La qualité des arguments compte peu, ce qui compte c'est la victoire, cad le silence de l'interlocuteur.On opposera ici rhétorique et sophistique:■ La rhétorique est la maîtrise du discours persuasif, qui ne se soucie guère de connaître ce dont elle parle. Elle rend l'orateur plus convaincant sur un sujet que celui qui connaît à fond ce sujet, et ferait presque prendre l'âne pour un cheval. En ce sens, la rhétorique se confond avec la sophistique. Le sophiste prétend à un savoir universel ; expert en l'art de rendre habile à parler sur tout, il ne rend pas véritablement savant sur tout, mais en donne l'apparence.■ La sophistique, comme la rhétorique, est une flatterie, imitation néfaste d'arts utiles fondés sur un véritable savoir : législation, justice. La sophistique, comme la rhétorique, veut, sans souci de justice, montrer parla parole et par l'action le plus d'efficacité dans les affaires de l'État. Tel est le paradoxe dont la dernière partie du devoir doit tenter de nous faire sortir: La conviction d'avoir raison sape tout dialogue du fait de l'intolérance et/ou de l'aveuglement qui ne permet pas de prendre en ligne de compte le point de vue d'autrui.

«Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. « Voici ce que Socrate, le maître de l’entretien dialectique, répondait a tous ceux qui lui manifestaient leur admiration pour son immense savoir et sa capacité de réflexion. Ainsi, le dialogue, du moins au sens grec et socratique du terme, ne serait possible que si les interlocuteurs acceptent de se vider de tout préjugé et certitude, de toute conviction de leur savoir. On en vient à l’interrogation [suivante] la conviction d’avoir raison fait-elle obstacle au dialogue ? Il semblerait que oui, puisqu’être convaincu entraîne la fermeture aux alternatives extérieures. Cependant, le dialogue est-il possible si l’on n’a absolument rien de sûr, aucune base de départ? Tout dépend en fait du sens que l’on donne au mot conviction [excellente précision] on peut le restreindre à une certitude universelle, qui est alors nécessaire en tant que point d’accord d’où part l’échange et qui permet la communication. Mais si la conviction d’avoir raison est prise comme une certitude absolue de détenir la vérité, elle est génératrice de conflits et empêche généralement le dialogue. Un dialogue ne peut se faire qu’entre deux êtres humains ouverts, et surtout qui se reconnaissent l’un et l’autre en tant que tels. Mais ne pourrait-on pas oser se demander à quoi cela sert que des hommes qui déjà sont conscients de leurs limites et confèrent aux autres leur dignité et leur liberté ne restent à parler qu’entre-eux ? Faudrait-il mettre le dialogue au service de la lutte contre la « conviction«? Demandons-nous, pour commencer, qu’est-ce que la «conviction d’avoir raison«? Est-ce, par exemple, la conviction d’avoir raison d’affirmer que deux et deux font quatre quand l’autre prétend que cela fait cinq ?

« Cet accès à la vérité doit passer par la dialectique: La dialectique est un art poussé de l'examen des raisons par le dialogue.

S'appliquant aux fondements de toutescience, elle est une science première et universelle.

Elle nous délie de l'ignorance, puis de l'opinion, pour nousdonner la science, nous faisant passer de l'ombre à la lumière sur ce qu'est chaque chose en elle-même.

Le dialecticien connaît chaque chose, parce qu'il sait ce qui lui est nécessaire pour être elle-même.

Son savoird'une chose ne repose donc plus sur une définition postulée, comme en mathématique : sa connaissance neprésuppose aucun acquis préalable ; elle est inconditionnelle.

Sa méthode est donc anhypothétique (sanshypothèse, sans présupposé), et son savoir absolu.

Le dialecticien aperçoit en même temps ce que les choses d'une même espèce ont en commun et ce qui distingueles espèces entre elles.

La dialectique consiste en un double mouvement de rassemblement et de division del'essence des choses.

Manipulant les notions des choses, la dialectique est ainsi la science des idées. Textes à étudier: « Excellent ami! tu essaies de me réfuter par des procédés rhétoriques, semblables à ceux qu'on utilise dans lesassemblées.

Là un orateur croit réfuter son adversaire lorsqu'il peut produire contre lui en faveur de sa thèse destémoins nombreux et considérés, tandis que l'autre n'en a qu'un seul ou aucun.

Mais ce genre de démonstration n'aaucune valeur relativement à la vérité.

Il peut arriver en effet qu'un juste succombe sous des faux témoignagesnombreux et apparemment autorisés.

Et sur la question dont tu parles, à peu d'exceptions près, tu obtiendrasl'accord de tous les Athéniens et de tous les étrangers si tu les appelles à témoigner que je ne dis pas la vérité ( ..

)Mais moi, même tout seul, je ne me rends pas, car toi tu ne fais rien qui m'y oblige.

Tu produis seulement contre moides faux témoins nombreux pour tâcher de m'arracher ce que je pense et qui est vrai.

Moi au contraire, si jen'obtiens pas ton témoignage à toi et lui seul en faveur de ce que j'affirme, je reconnais n'avoir pas apporté desolution à notre débat; et toi tu n'as rien obtenu non plus si tu n'obtiens pas mon seul acquiescement au lieu decelui de tous tes autres témoins.

Il y a donc deux sortes de démonstration; l'une de laquelle tu te satisfais, toi etbeaucoup d'autres, la seconde qui est la mienne.

» Platon, « Gorgias », 47le-472c « Socrate : L'écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture.

Les produits de la peinture sontcomme s'ils étaient vivants ; mais pose-leur une question, ils gardent gravement le silence.

IL en est de même desdiscours écrits.

On pourrait croire qu'ils parlent en personnes intelligentes mais demande-leur de t'expliquer ce qu'ilsdisent, ils ne répondront qu'une chose, toujours la même..

Une fois écrit, le discours roule partout et passeindifféremment dans les mains des connaisseurs et dans celles des profanes, et il ne sait pas distinguer à qui il faut,à qui il ne faut pas parler.

S'il se voit méprisé ou injurié injustement, il a toujours besoin du secours de son père ;car il n'est pas capable de repousser une attaque et de se défendre lui-même.Phèdre : C'est également très juste.Socrate : Mais si nous considérions un autre genre de discours, frère germain de l'autre, et si nous examinionscomment il naît et combien il est meilleur et plus efficace que lui ?Phèdre : Quel discours ? Et comment naît-il ?Socrate : Celui qui s'écrit avec la science dans l'âme de celui qui étudie, qui est capable de se défendre lui-même,qui sait parler et se taire suivant les personnes.Phèdre : Tu veux parler du discours de celui qui sait, du discours vivant et animé, dont le discours écrit n'est àproprement parler que l'image ? » Platon.. »

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