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La conscience peut-elle se connaître elle-même ?

Publié le 14/11/2009

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conscience

1) Dire "je suis un breton", c'est se donner une identité par une définition culturelle. C'est marquer l'individualité qui me caractérise et m'identifier à une culture dont je suis fier, tout en m'opposant à d'autres. L'ennui, c'est que c'est une réponse très vague. Elle convient à des milliers d'autres êtres humains bretons comme moi. Elle définit seulement une appartenance de l'ego, une appartenance qu'il est à même de revendiquer. Ce n'est qu'une étiquette commode pour me faire valoir en me distinguant des autres peuples : les basques, les espagnols, les corses ou tout ce que vous voulez. C'est une identité qui n'est pas personnelle, mais collective. C'est aussi une figure de l'identité qui est fondée sur une fragmentation passablement conflictuelle.

2) Dire "je suis un élève de terminale", ou "je suis un étudiant", c'est aussi se donner une définition par le rôle auquel nous nous identifions. C'est une manière de mettre en avant mes droits, de me présenter devant un autre, de me distinguer de lui d'arborer une certaine identité. L'agent de police qui vous questionne vous demande vos « papiers d'identité « : "Et vous à l'arrière, vous êtes qui?" La réponse qui nous vient est de décliner notre nom et prénom. Je suis Anatole Dupuis. Mais le nom ne dit pas grand chose. C'est une étiquette posée pour identifier une personne. Il ne suffit pas de connaître son nom pour savoir qui on est ! Dire je suis "garçon de café", "joueur de tennis", musicien" ne m'en apprend rien. C'est une définition qui ne fait que préciser ce qui constitue mon travail, une de mes passions ou un de mes divertissements. Mais mon travail, mes passions, mes divertissements, ce n'est pas moi. Le travail me donne une identité, mais qui est aussi relative que mon appartenance à un peuple. Je peux m'identifier à ce que je fais, mais il reste que je ne suis pas ce que je fais. J'ai un travail, je ne suis pas mon travail. Je suis différent du personnage que les autres voient en moi et qui n'est pas moi. Le rôle m'appartient en tant qu'individu sur la scène du Monde. J'ai un rôle comme chacun en ce monde, mais je suis pas le rôle. Je joue un rôle, je ne suis pas le rôle. Je ne suis pas le personnage, mais par contre, se connaître soi-même, c'est sûrement être capable de regarder en face ce petit jeu par lequel je me prends pour un personnage. Ce jeu de l'identification de l'ego doit être vu et compris, car il permet de cerner l'activité du moi.

conscience

« corps.

La midinette qui passe une heure devant le miroir de la salle de bain à se regarder implicitement partagecette opinion.

Ce qui lui importe, c'est de soigner son apparence : regardez moi, "moi"! Ce qui veut dire mon corpssplendide, mon visage charmeur, ma démarche chaloupée ! Ne rions pas.

Nous traversons cette crise de l'identitéqui nous confronte avec l'image du corps.

La plupart des adolescents se sentent complexés et vivent mal cetterelation au corps.

Si en effet je crois que je suis mon corps et que dans la glace je vois la disgrâce ou la difformité,je me dis "je suis laid" et je souffre dans mon coeur d'être un individu laid.

Me comparant à d'autres j'ai honte demon corps et j'envie ceux qui ont été mieux avantagés par la nature.

S'identifier au corps, c'est constituer uneimage de soi par laquelle nous risquons de tomber dans le narcissisme (Narcisse tombant amoureux de son refletdans le miroir de l'eau), la flatterie qui consume de prétention, ou à l'inverse tomber dans l'auto-négation, la hontede soi.L'image du corps n'est rien qu'une pensée qui enveloppe une représentation de ce que je suis.

Elle ne tient que dansune attitude de conscience par l'identification à un objet, mon corps.

Mais le sujet lui ? Qui est-il ? De même, toutce qui relève des tests que l'on fait dans le sport ne concerne que l'évaluation de soi et non pas la connaissance desoi.

Chercher la performance physique, c'est chercher une évaluation, ce n'est pas se connaître.

Se connaîtrevoudrait plutôt dire discerner exactement quel est l'équilibre que le moi entretient avec l'image du corps. 4) Dire je suis « moi », avec ce fichu "caractère", ce "tempérament" de cochon qui me caractérise par rapport auxautres, semble en apparence plus pertinent.

Un individu actif et primaire se distingue nettement d'un individu passifet secondaire.

Nous sommes psychologiquement très différents les uns des autres et c'est pourquoi il est vain dechercher un modèle universel de ce que nous devrions être ou pire de ce que les autres devraient être.

C'est vouloirs'imposer une norme idéale et vouloir en imposer aux autres.

Je suis ce que je suis.

J'ai ma nature.

Il est exact quela nature de chacun a une certaine constance dans la durée.

On ne change pas facilement de caractère et encoremoins de tempérament.

Le tempérament est lié à la constitution physique, tandis que le caractère est un typepsychologique.

Cependant, si j'ai une constitution physique, puis-je dire que je suis une constitution physique ? Sij'ai un caractère, est ce que je suis le caractère ? D'autres que moi partagent les mêmes traits.

Dire j'ai uncaractère, c'est trahir le fait que le caractère est du côté de l'avoir, pas de l'être.

Le caractère n'est pas moi, c'estle concept de caractère qui est seulement une classification commode pour m'appréhender moi sous quelquesaspects relatifs à ma nature. 5) Dire que je suis une personne est-ce répondre à la question de savoir qui je suis? Une personne est un sujetmoral qui possède une dignité éminente, dignité que ne possèdent pas les choses, qui elles ont seulement un prix.Être une personne, en avoir conscience, implique que j'exige des autres le respect qui m'est dû.

Je ne suis pas unobjet dont on peut faire ce que l'on veut, j'attends des autres qu'ils aient égard à ma dignité personnelle, qu'ils aientsouci de ma faiblesse, de ma sensibilité ; qu'ils me prennent pour ce que je suis, en ayant pour moi des attentions.Je suis prêt à respecter les autres s'ils me respectent aussi.

Être une personne me donne un statut responsable,être une personne me fait comprendre que je suis un être conscient, un être libre, autonome, indépendant, un êtrequi est redevable de ses actes devant lui-même.

Être une personne c'est plus qu'être un objet, c'est être un sujet àpart entière.

L'enfant qui comprend qu'il est une personne cesse de se considérer lui-même de façon impersonnelleen disant de lui-même "Paul veut cela".

Il dit "je".

A partir de ce moment là, il peut regarder les autres autrementque comme des outils à son service, de simple moyens de satisfaire ses désirs.

Il peut comprendre qu'il y a autourde lui une multiplicité d'êtres humains, des personnes comme lui, qui ont droit à autant d'égard qu'il en exige pourlui-même.

Se connaître comme une personne à part entière c'est donc progresser dans la connaissance de soi, c'estse considérer d'avantage que comme un simple individu.

Se définir comme une personne, c'est reconnaître la valeuruniverselle de l'identité qui est présente en chacun, et pas seulement une valeur particulière.

Cependant, cettedéfinition est somme toute assez formelle.

Tout être humain est une personne.

Cela ne me dit pas qui je suis ! Celame donne des droits et des devoirs vis-à-vis des autres.

Cela ne m'apprend pas encore ce que je suis en tant queconscience. 6) De même, dire "je suis un être humain", sans préciser ce que c'est que l'être humain, est aussi une réponse assezvague.

L'homme est cette totalité qui enveloppe l'esprit et le corps.

Si je dis "je suis un homme", je dois savoir cequ'est fondamentalement un être humain, ce que cela peut signifier concrètement.

Qu'est-ce que l'homme? Quellespotentialités résident en lui que je retrouve en moi? Quels sont les attributs que je partage avec tout les êtrehumains? Qu'est-ce qui me distingue des autres hommes, qu'est-ce qui fait que je suis un être humain semblable etdifférent des autres?Toutes ces questions nous ramènent invariablement vers le sujet conscient, au sujet qui dit "moi", "moi" en parlantde lui-même.

Le moi se pense sous une certaine forme parce qu'il est d'abord un esprit.

Je suis mes pensées, mespensées font ce que je suis.

C'est la raison pour laquelle la question de la connaissance de soi, si l'on met de côtéles réponses d'ordre général, ne peut-être ressaisi que dans une approche introspective.

L'introspection est ladémarche que l'on retrouve dans la littérature autobiographique, la littérature du Journal intime.

Elle est unetentative d'auto-analyse, de retour sur soi.

Pour découvrir qui je suis, il faut que je puis-je préciser qui suis-je "moi": a) avec mon histoire personnelle, avec la configuration de pensée qui m'est propre, avec mes opinions, l'imageque j'ai de moi, ce que je porte dans mon intimité, ce que représente mon intériorité.

Le sens du moi prend racinedans un passé et il tisse les souvenirs.

L'idée que j'ai de moi n'est pas séparable de la mémoire.

b) Il faut aussi queje parvienne à comprendre ce qu'est le moi et quel rôle il joue dans ma vie subjective.

Tout cela est donné dans laconscience actuelle, puisque dès l'entrée dans la vigilance, le sens du moi apparaît.. »

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